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lit, eft proche de fa fin. Il falloit donc que Sara CHAP. XV. fut toujours belle, toujours jeune, toujours eftimée vierge; parce que l'Eglife qu'elle repréfentoit, a tous ces caracteres.

An du 'mon

de 2108.

CHAPITRE XV

***

Naissance d'Isaac. Ifmael chaffe par l'ordre
de Dieu. Agar confolée par un Ange.
Alliance d'Abraham avec Abimélech.
Gen 21.2

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E Seigneur vifita Sara felon fa promeffe. Toute stérile qu'elle étoit Hab, 11.11 & hors d'âge d'avoir, des enfants, ellereçut la vertu de concevoir, parcequ'elle crut fidelle & véritable celui qui le lui avoit promis: & elle mit au mon-t de un fils au temps que Dieu lui avoit marqué. Abraham-avoit cent ans, lorfque ce fils vint au monde. Il le nomma Ifaac, & le circoncit le huițiéme jour. Sara le nourrit, elle-même ; &; elle difoit: Qui auroit jamais dit à Abrahám, que Sara nourriroit de fon lait un fils qu'elle lui auroit enfanté lorsqu'il feroit déja vieux ?,- -

L'enfant crût., & on le fevra; & Abraham fit un grand feftin le jour qu'il fut fevré. Or Sara ayant vû le fils d'A-.

Cal 4.-29, gar qui makraitoit fon fils Ifaac en

otant avec lui, elle dit à `Abraham : Chaffez cette efclave avec fon fils: car CHAP. XV le fils de l'esclave ne fera point héritier avec mon fils Ifaac. Cela paroilloit bien dur à Abraham à cause de fon fils: mais Bicudai dit : N'en ayez aucune peine,& faites tout ce que Sara vous dira › parce que c'eft d'Ifaac que fortira la race qui doit porter votre nom. Je ne laifferai pas néanmoins de rendre le fils de l'esclave chef d'un grand peuple, parce qu'il eft forti de vous. Abraham s'étant donc levé dès le grand matin, prit du pain, & un vaiffeau plein deau, le mit fur l'épaule d'Agar, lui donna fon fils, & la renvoya.

Agar étant fortie de la maïfon d'Abraham, erroit dans un désert : & l'eau qui étoit dans le vaiffeau ayant manqué, elle laiffa fon fils couché fous un arbre, & s'éloigna de lui, pour ne pas le voir mourir. Elle étoit là, accablée de douleur, & pleurant amérement, lorsqu'un Ange l'appella du ciel, & lui commanda de prendre foin d'élever fon fils, parce qu'il devoit être le chef d'un grand peuple. En même temps Dieu lui ouvrit les yeux: elle apperçut un puits plein d'eau: elle y alla remplir fon vaiffeau, & donna à boire à fon fils. Dieu fut avec l'enfant, qui fe fortifia, & de

meura dans les déferts, où il devine CHAP. XV. adroit à tirer de l'arc.

Vers ce temps-là Abimélech accompagné de Phicol, qui commandoit fon armée, vint trouver Abraham, & lui dit: Dieu eft avec vous dans tout ce que vous faites. Jurez moi donc par le nom de Dieu, que vous ne me ferez point de mal, ni à moi, ni à mes defcendants; mais que vous uferez envers moi & envers ce pays où vous avez demeuré comme étranger, de la même bonté dont j'ai ufé envers vous. Abraham dit : Oui, je le jurerai. Et il fit ses plaintes à Abimélech au fujet du puits que les ferviteurs de ce roi lui avoient ôté de force. Je n'ai point fçû, répondit Abimélech, qui eft celui qui a fait ce que vous dites: vous ne m'en avez point averti; & c'est aujourd'hui pour la première fois que j'en entends parler. Abraham donna à Abimélech des brebis & des bœufs; & ils firent alliance auprès du puits avec ferment. Enfuite Abraham mit à part fept jeunes, brebis, & dit à Abimélech: Vous recevrez ces fept jeunes brebis de ma main, afin qu'elles me fervent de témoignage que c'est moi qui ai creusé ce puits. Et ce lieu fut appellé Berfabée, c'est-à-dire Puits du jurement, parce

qu'ils avoient juré là tous deux. Abimélech s'en retourna au pays des Phi- CHAP. XV. liftins. Abraham ayant planté un bois à Berfabée, il y invoqua le nom du Seigneur, le Dieu éternel; & il fit un long séjour dans ce pays-là.

ECLAIRCISSEMENTS ET REFLEXIONS.

[Sara le nourrit elle-même, ] Excmple qui: confondra au jugement de Dieu toutes les méres, qui fans autre raison que de fuivre une coutume que les fages mêmes du Paganisme ont blâmée, ou de fe délivrer d'une affiduité qui les gêne, pervertiffent l'ordre du Créateur, en refufant à leurs enfants un lait dont il ne remplit leurs mammelles, qu'afin qu'elles les en nourriffent.

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[Sara ayant vu le fils d' Agar, & tout ce qui, fuit jufqu'à ces paroles, Agar étant fortie,] Tout eft furprenant dans cette hiftoire; la rigueur de Sara envers Agar & fon fils l'ordre que, Dieu donne à Abraham de faire ce qu'elle lui dit; la maniére dont Abraham l'exécute; l'abandon où il laiffe une mére & fon fils, qu'il chaffe pour toujours de fa maison; tout y paroît contraire à l'humanité, à la juftice, à tout ce que nous connoiffons du caractère d'Abraham & de Sara. Mais cela même nous avertit que la lettre de cette hiftoire n'eft qu'un voile, qui cache quelque grand myftére: & nous ne pouvons en douter, après que S. Paul a luimême levé ce voile mystérieux, & nous a découvert fous des dehors fi choquants, les diffé rents caractéres de l'ancienne & de la nouvelle,

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alliance, de la fynagogue & de l'Eglife, CHAP. XV. de ceux qui appartiennent à l'une & à l'autre. Cal. 4. 22.

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Il est écrit, dit l'Apôtre, qu'Abraham eut deux fils, l'un de l'esclâve, & l'autre de la fem̃me libre. Mais celui qui`vint de l'esclave, naquit felon la chair ; & celui qui vint de la fèmme libre, naquit en vertu de la promasse. Tout ceci eft une allégorie, c'eft-à dire une figure de ce qui devoit arriver; & c'eft Dieu même qui a arrangé tous ces événements & leurs circonftances, dans le deffein de nous y proposer un tableau vivant du myftére que S. Paul va nous développer. Agar eft efctave: l'enfant qu'elle à mis au monde est né felon la chair, c'est-à-dire d'the maniére toute naturelle: il eft efclave comme fa mére & formellement exclus des promeffes faites à Abraham. Sara qui eft la femme libre, a un fils qui eft né felon l'efprit, c'eft-à-dire d'une maniére miraculeufe, & en vertu de la promeffe: & ce fils eft le véritable & le feul héritier d'Abraham. L'efclave transporté d'envie contre lui, le perfécute & le maltraite : mais il eft chaffé avec la mére; tandis qu'Ifaac demeure pour toujours dans la maffon páternelle, comme le fils unique & bien-aimé, & le feul fur qui doivent tomber les bénédictions promises à Abraham. Voilà l'allégorie ; & voi24. ci la vérité. Ces deux femme;, dit S. Paul, font les deux alliances, dont la premiére, qui'a été établie fur le mont de Sina,& qui n'enfante que des efclaves, eft figurée par Agar. Ces efclávés, enfants de l'ancienne alliance, & figurez, par Ifmael, font les Juifs. Ils font enfants d'Abraham felon la chair : mais ils ne font point animez, comme lui, de l'efprit de foi & de charité. Leur cœur eft un coeur d'efclaves, tout occupé des biens terreftres, & qui n'obéit à

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