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connus les uns aux autres. Elle a des juftes, què CH.XVIII, le font pendant un certain temps, & dont la vertu eft quelquefois très-éclatante; mais qui dégénérent avant la fin du jour & du combat & qui tombent dans le fchifme ou l'héréfie en perdant la foi ; ou dans d'autres crimes, perdant la crainte & l'amour de Dieu. Le ca¬ ractére de ces derniers eft d'avoir, comme les fils de Cethura, tout ce qu'ont les feconds figurez par Ifaac, excepté la persévérance; mê◄ me pére, même naiffance, même maison mêmes biens. Il leur manque feulement d'être héritiers, & de conferver toujours ce qu'ils ont eu quelques années.

Genef. to. 3.

[Ifaac fut fon unique héritier. ] Il demeura toujours dans la maifon de fon pére; & per→ fonne ne partagea avec lui la fucceffion d'Abra¬ ham. Mais fi nous nous en tenons là & fi nous ne confidérons dans l'héritage d'Abraham que fes meubles, fes troupeaux, & fes ferviteurs ; quel avantage fi confidérable Ifaac a-t-il à eu furfes frères, à qui Abraham en a fait part de fön vivant? Eft-il digne du défintéreffement d'Abraham par rapport aux biens de cet te vie, & de l'efpérance ferme qu'il avoit des biens futurs, d'avoir fait confifter le privi lége d'Ifaac dans une portion plus grande des biens temporels, qu'Ifaac méprifoit auffi fincérement que lui? L'héritage qu'il lui laiffa fut donc celui de fa foi & de fon espérance l'attente. des biens promis; la qualité de voyageur & d'exilé; la préparation à tout quitter & à tout facrifier pour fuivre Dieu, mais fur tout un défir ardent pour le jour de JefusChrift, dont ils avoient vû fi clairement les myftéres, & une pleine perfuafion qu'il n'y avoit de véritable juftice que par lui, feul mé

diateur, feul pontife, feule hoftie pour le péché.

[Il mourut dans une heureuse vieilleffe. ] Le bonheur de la vieillesse d'Abraham n'est pas. d'avoir vû fes enfants établis, ni d'avoir confervé jufqu'à la fin la vigueur du corps & de l'efprit. Seroit-il digne de celui qui eft auteur, des Ecritures, de relever dans la vieilleffe d'un jufte des avantages qui lui font communs avec tant d'infidelles? Le feul & véritable bonheur d'Abraham eft d'avoir, perfévéré-jufqu'à la

CH.XVIII

mort dans la crainte & dans l'amour de Dieu. Craignez Dieu,& obfervez fes commandements: Eccle. 12.36. c'est là tout le bonheur de l'homme.

[ Après être parvenu à la plénitude de fes jours.] Ce n'eft point parce qu'il avoit vécu auffi long-temps qu'un homme pouvoit vivre, alors mais parce que tous les jours de fa vie avoient été remplis par de bonnes œuvres.. Heureux celui dont les jours font pleins aux yeux de Dieu! Car il ne compte dans la vie des hommes que les jours qui font employez à faire fa volonté. Tous les autres font per dus pour eux, parce qu'ils font vuides. Ainfi quelque longue qu'ait été la vie des méchants on ne peut pas dire d'eux qu'ils font morts dans la plénitude de leurs jours. Le jufte au con- Sag. 4. 13. traire, quoiqu'il ait peu véou, a rempli la cour◄ Le d'une longue vie.

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L'Hebreu porte, étant raffafié de jours ; c'està-dire, rassasié de la vie, dont il fortoit comme d'une courfe qui l'avoit laffé, ou d'un repas qui avoit plus duré que. fon appétit. Les vieillards & ceux furtout qui jouiffent des. commodirez de la vie, loin d'en être raffafiez, la trouvent prefque toujours trop courte. Plus: ➜n a vécu, & plus l'on veut vivre, Mais, les

,

CH.XVIII. juftes comme Abraham, qui vivent de la foi,. & de l'attente des biens futurs, fouffrent la vie avec patience, & reçoivent la mort avec plaifir.

[Il fut réuni à fon peuple.] Selon quelquesuns, cela fignifie qu'il mourut comme fes-ancêtres étoient morts. D'autres l'expliquent de la fépulture. Mais qu'on obferve que cette expreffion remarquable fe trouve entre la mort & la fépulture: Il mourut: il fut réuni à fon peuple: Ifaac & Ifmael l'enterrérent. Elle ne fignifie donc ni la mort, ni la fépulture. Et comme l'Ecriture l'emploie également à la mort des juftes, & à celle des pécheurs; elle nous apprend qu'il y a dans l'autre vie un peuple d'Elûs, & un peuple de Réprouvez; & que les efprits féparez des corps, vont fe rejoindre à celui des deux peuples auquel ils appartenoient durant cette vie. Ici les juftes & les injuftes font mêlez & fouvent confondus: mais la mort démêlé cette confufion : le jufte Juge place les hommes felon leurs mérites; & tous font envoyez à la cité dont ils ont voulu être citoyens, & au peuple dont ils ont fait partie.

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[Le Seigneur exauça les priéres qu'Ifaac lui faifoit pour la femme. ] Ifaac étoit bien affuré que Dieu lui donneroit des enfants; puifque c'étoit par lui & dans fa poftérité que devoient s'accomplir les promeffes. Mais il fçavoit que c'étoit par la prière qu'il devoit obtenir ce que Dieu avoit réfolu de lui donner. Sa foi fut exercée par un délai de vingt années. Mais il perfévéra à prier; & ce long retardement redoublant fes défirs, rendit fa prière plus humbie & plus fervente. Voilà notre modéle. Dieu nous a promis fon fecours: mais il veut que es foient nos priéres qui l'obtiennent. S'il dif

nous

Genef. to.

fére de nous l'accorder; c'est pour enflammer de plus en plus notre défir, & nous faire efti- CH.XVIII. mer davantage les dons qu'ils nous prépare. Notre devoir eft de prier jufqu'à ce que foyons exaucez; & d'avoir une perfévérance qui aille plus loin que les retardements & fes délais de Dieu, & qui fe fortifie par les obftacles mêmes,& par le peu d'apparence du fuccès,.. qui n'eft jamais fi près, que lorfqu'il paroît dé felpéré.

[lly a deux nations dans votre fein, & il en fortirà deux peuples, qui feront divisez l'un contre l'autre. L'un des deux aura l'avantage. } Vous portez dans votre fein deux enfants, dont chacun fera chef d'un grand peuple: Efaii des Iduméens, & Jacob des Ifraélites. Ils feront ennemis l'un de l'autres & l'aîné fera affujetti au plus jeune. Jamais Efau n'a été affujetti à Jacob. La fuite fera voir le contraire. Cette. prophétie donc, entant qu'elle regarde les avan tages de la vie préfente, s'entend néceffaire. ment des deux peuples; & elle a eu une forte d'accompliffement du temps de David, & d'Hircan fils de Simon Machabée, qui affujettirent les Iduméens aux Juifs. Mais il s'en faut de beaucoup que ce double affujettiffement ne rempliffe l'idée que nous donnent les paroles de Dieu. Les Iduméens furent libres & indépen-dants depuis le temps d'Efau jufqu'à David c'eft-à-dire plus de 65o. ans. Ils fecouérent le joug au temps de Joram roi de Juda, après»: 155 ans de fervitude, & confervérent leur li berté durant 760. ans, à peu près égaux en for-: ces aux Juifs leurs ennemis, tantôt vainqueurs; & tantôt vincus: & depuis qu'ils eurent été fubjuguez par Hircan, ils ne firent plus en quelque maniére qu'un peuple avec les Juifs

avec qui ils partagérent les profpéritez & les CH.XVIII, malheurs, la liberté & la fervitude. Ils donné rent même aux Juifs un Roi de leur nation, qui fut le grand Herode.

Il est donc néceffaire, pour trouver l'accom pliffement de la prédiction, de le chercher dans an fens plus fublime, que la fuite de l'hiftoire ne fera qu'éclaircir & confirmer. Selon ce fens, les deux peuples font. premiérement les Juifs & les Chrétiens, fecondement les pé cheurs & les juftes.

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I. Les Juifs font comme les aînéz dans l'ors dre du temps, & les chrétiens les puînez. Les Juifs fe font oppofez avec une opiniâtreté invincible à la naiffance & aux progrès du Chriftianifme; & tant de fiécles écoulez depuis fon établiffement n'ont pû éteindre leur haine con tre les chrétiens, qui de fèur côté ont toujours combattu contre eux avec avantage & les ent vaincus par leurs propres armes, je veux dire, par les Ecritures: Les Juifs font jufqu'ici nos efclaves, porteurs des titres où tous nos biens, tous nos priviléges toutes nos espé rances font renfermées: mais ils n'en ont au cune connoiffance: tout eft pour eux fous le fceau; & l'héritage éternel promis aux enfants ne les regarde pas. C'eft pour fervir l'Eglife chrétienne qu'ils font difperfez par toute la terre, où ils rendent malgré eux à toutes les nations un témoignage non fufpect de la certitude des prophéties, qui convainquent leur incrédulité, & qui établissent la vérité de notre foi.

II. Les bons & les méchants font deux peu ples renfermez dans le fein de l'Eglife leur mére, comme Jacob & Efau dans le fein de Re becca. Les méchants figurez, par Efau, font les.

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