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fils; & elle dit: Dieu m'a délivrée de CH. XXII. l'opprobre où j'étois. Et elle nomma ce fils Jofeph, difant Dieu veuille me donner encore un fecond fils.

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Après la naiffance de Jofeph, Jacob dit à Laban: Permettez-moi de retourner dans mon pays. Donnez-moi mes femmes & mes enfants pour lefquels je vous ai fervi, afin qe je m'en aille: car vous fçavez de quelle maniére je vous ai fervi. Laban lui répondit: Je vous prie que je trouve grace devant vous. J'ai reconnu par expérience que Dieu m'a beni à caufe de vous. Ditesmoi quel falaire vous demandez ;, & je vous le donnerai. Vous fçavez, repartit Jacob, quels fervices je vous ai rendus, & combien vos troupeaux ont profité, depuis que j'en ai pris foin. Vous aviez peu de chose avant mon arrivée; & maintenant vous voilà devenu riche. Le Seigneur vous a beni, dès que j'ai eu mis le pied chez vous. Il eft temps que je travaille auffi pour ma maison Laban lui dit: Que voulez-vous done que je vous donne ? Vous ne me donnerez rien, répondit Jacob: mais G vous acceptez ce que je vais vous propofer, je continuerai de prendre foin de vos beftiaux. [ (a) Faites la revue des

ta) Ce qui eft enfermé en dans le texte, & beaucoup me deux étant obfeur plus encore dans la verfion

troupeaux: mettez à part les brebis &

·les béliers de deux couleurs, ou tout CH. XXIĻ noirs, avec les chèvres marquées de noir & de blanc ; & ne laissez à ma garde que les brebis blanches, & les chévres d'une feule couleur. Tous les agneaux blancs qui naîtront à l'avenir, & les chevreaux d'une feule couleur, feront à vous; & ceux de différentes couleurs, auffi bien que les agneaux noirs, feront pour moi. ] Laban dit: Je confents très-volontiers à ce que vous dites. Et dès ce jour-là même il fit la féparation propofée par Jacob; & ayant donné à fes enfants la garde des chèvres marquées de noir & de blanc, & des brebis de deux couleurs, ou toutes noires; il mit l'efpace de trois journées de chemin entre lui & Jacob, qui conduifoit les autres troupeaux.

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Les chofes ainfi réglées, Jacob prit des branches vertes de peuplier & d'a mandier, dont il levoit l'écorce en certains endroits, & la laiffoit dans d'autres; ce qui faifoit une bigarrure de blanc & de verd. Au printemps il mettoit ces baguettes le long des auges où Fon abbreuvoit les beftiaux; de forte

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Batine; on a cru devoir | fens, qu'à traduire litté plutôt s'attacher à en faire ralement les paroles. antendre clairement le

31.9.

que les brebis & les chèvres qui étoient CH. XXII. en chaleur, ayant ces baguettes devant les yeux quand elles venoient boire, faifoient des petits tachetez de noir & de blanc: mais en autonne il ne les mettoit point. Ainfi ce qui étoit conçû en autonne, fut pour Laban; & ce qui étoit conçu au printemps pour Jacob. Dieu ôtoit ainfi à Laban fon bien, & le transportoit à fon gendre. Laban en étoit au défefpoir; & ufant de fupercherie, il changea plufieurs fois le falaire de Jacob. Mais s'il lui difoit, Les chevreaux & les agneaux tachetez feront pour vous; alors toutes les brebis &: les chèvres faifoient des petits tachetez. Et lorfqu'il difoit, Vous n'aurez que ce qui fera blanc; tout ce qui naiffoit étoit blanc. Ainfi Jacob devint extrémement riche; & il eut de nombreux troupeaux de brebis & de chévres, des efclaves, des chameaux, & des ânes.

631.7.

Gen. to. 4.

ECLAIRCISSEMENTS ET REFLEXIONS..

[Faut-il que vous me ferviez gratuitement ?} Il est évident par ces paroles, que Jacob s'étoit regardé comme ferviteur, en entrant dans la maifon de Laban & qu'il étoit appliqué aux miniftéres les plus pénibles; repréfentant ain le Fils de Dieu, dont il étoit la figure dans tous

le refte, & dont il eft écrit qu'il s'eft abbaiffé jufqu'à l'état & à la condition d'efclave.

[Lia avoit les yeux foibles & tendres. ] Ils ne pouvoient foutenir une grande lumiére, ni le grand air, & rougiffoient aisément.

court,

CH. XXII

[Jacob fervit Jept ans pour Rachel & ce temps ne lui parut que fort peu de jours, tant Son amour pour elle étoit grand. ] Il y a ici plufieurs chofes qu'on a peine à comprendre. Pourquoi Jacob fe rend-il efclave pour devenir époux? Pourquoi fe réduit-il à acheter fi chérement une époufe, qu'il auroit pû obtenir dès la premiére demande, comme Eliezer avoit obtenu Rebecca pour Ifaac ? Pourquoi différe-t-il une allian- Régle 7. ce fi defirée par une fervitude de fept années ? Qui peut comprendre que cet efpace lui parût à caufe de l'excès de fon amour ? Avonsnous parmi les hommes quelque exemple d'un amour pareil? Eft-il naturel de trouver le délai de fept années trop court, parce qu'on aime beaucoup Tout cela doit nous furprendre, fi nous ne pensons qu'à Jacob. Mais dès que nous nous fouviendrons de celui dont il étoit l'image; nous ne ferons plus étonnez de ces contradictions apparentes: car elles font toutes éclaircies & diffipées par Jesus. Christ. Nous le ferons avec bien plus de justice de la miféricorde infinie qui l'a porté à nous chercher en perfonne, pour devenir l'époux de nos ames; & à nous acheter par fes travaux, fes humiliations, & fes fouffrances.

Jacob qui fçavoit de qui il tenoit la place, & par combien de fueurs & de peines Jefus-Chrift acheteroit fon épouse, s'uniffoit à fon zéle & à fon amour. Il mettoit fa complaifance à lui reffembler dans fa qualité de ferviteur, comme il trouvoit fa gloire à figures fa qualité d'é

Ibid.

poux & il comprenoit que fept années d'hu CH. XXII. miliation & de fervitude, n'étoient rien en comparaifon du prodigieux anéantiffement d'un Dieu pour l'Eglife, & de la vie obfcure & laborieufe par laquelle il fe prépareroit à fes nôces, pour les confommer fur une croix.

[Le foir il fit entrer Lia dans la chambre de Jacob &c. jufqu'à ces mots ces mots, lui fit épouser Rachel.] Tout ce que l'Ecriture rapporte ici & dans la fuite, des procédez de Laban, porte le caractére d'un homme dur, artificieux, fans affection, fans paroles, & qui ne connoît point d'autre loi que l'intérêt. Il ne craint pas d'ufer de la plus infigne mauvaise foi, fous un prétexte évidemment faux, ne penfant qu'à retirer tout l'avantage qu'il pourra de l'amour de Jacob Four Rachel; comptant pour rien la droiture & l'équité, comme des noms fpécieux, maís fans fruit; & leur préférant un gain présent quoiqu'injufte & honteux. C'eft l'image des hommes du fiécle; & il eft fi aifé de les y reconnoître, qu'on n'a pas befoin d'en être

averti.

Jacob au contraire repréfente admirablement la prudente fimplicité, la douceur & la patience des enfants de Dieu. Toute fa fineffe eft de n'en avoir point. Il ne penfe rien que de vrai: il ne veut rien que de jufte. Il eft trompé indignement par Laban dans une chofe qui eft pour lui de la derniére conféquence; & il s'en plaint mais avec quel modération! Rien n'eft plus étonnant que la condition de fept autres années de fervices pour avoir Rachel; & Jacob devoit être également furpris & mécontent d'une telle propofition. Cependant il l'aecepte & s'y foumet fans peine. S'il fe fut conduit par la feule raison, & par des vûës humai

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