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n'ésant plus deux, mais une feule chair, thom

me ne doit pas entreprendre de féparer ce que CHAP. I. Dieu a joint.

[Croiffez & multipliez. ] Ces paroles font la fource de la fécondité, & de la multiplication du genre humain. Il étoit libre à Dieu de rendre tous les hommes indépendants les uns des autres, & de leur donner la vie comme il l'avoit donnée au premier d'entre eux. Il pouvoit faire à l'égard du corps ce qu'il fait à l'égard de l'ame, dont il eft feul le principe. Mais après avoir paru feul dans la formation de l'Univers il lui plaît de couvrir le refte de fes opérations fous le voile du miniftére des créatures. Il les fubftitue à fa place; & il difparoît lui-même, pour ne laiffer plus voir que les inftruments dont il fe fert, en cachant la main qui les fait agir. C'eft par une fuite de cet ordre établi, qu'il fait dépendre la propagation de chaque efpéce d'animaux, de l'union des fexes; quoique ce foit lui feul qui forme les organes de leurs corps, & qui leur donne la vie. Je ne fçai, 2. Mach. 7. difoit la mére des Machabées à ses enfants, 22. & 23. comment vous avez été formez dans mon sein : car ce n'eft pas moi qui vous ai donné l'a l'efprit & la vie, ni qui ai affemblé tous vos membres: c'est le Créateur du monde qui a formé l'homme dans fa naissance, & qui a donné l'être à toutes chofes. C'est donc Dieu qui eft notre pére; & il l'eft dans un fens plus propre que ceux de qui nous tirons notre origine felon ces paroles de Jefus-Chrift, N'appellez Mat. 23.9. perfonne fur la terre votre pére: car vous n'avez qu'un pére, qui eft dans le ciel. Les hommes que nous appellons nos péres & méres, ne portent ce nom, que parce que Dieu notre pére les a rendu les inftruments de fa puif

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ame ?

CHAP. I.

fance pour nous donner la vie du corps, & de
fa Providence pour nous nourrir: ils ne font
que les canaux de l'amour tendre
que Dieu
créateur & pére a pour nous. C'eft lui qui nous
protége dans le fein de nos méres comme
c'eft lui qui nous foutient parleurs mains dans
les foibleffes de l'enfance.

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[Je vous donne toutes les herbes, &c.] Ces paroles font comme le titre qui donne droit à l'homme fur les plantes & les fruits de la terre. Mais comme ce titre n'eft fondé que fur la libéralité toute gratuite du Créateur; l'homme ne doit jamais en faire ufage qu'avec action de graces, & felon les régles d'une exacte fobriété. Il fe rend indigne des dons de Dicu par la diffipation & l'ingratitude.

2

[Et à tous les animaux de la terre.] Dieu en fourniffant à l'homme de. quoi le nourrir n'a pas oublié le refte des animaux. La terre produit par fon ordre tout ce qui doit servir à feur fubfiftance; & la vertu toute-puiffante de fa parole a mis pour toujours une admirable proportion entre la nourriture de chaque animal & fon eftomac, donnant au bled la force de nourrir l'homme, & au foin celle de nour-rir le cheval & l'éléphant, enforte qu'une botte de foin, dont on ne pourroit jamais tirer le fuc néceffaire pour nourrir un enfant fuffit pour nourrir les animaux les plus gros & les plus robuftes. Tout ce qui refpire a les yeux tournez ver vous, Seigneur; & ils attendent de vous que vous leur donniez leur nourriture dans le temps propre. Vous ouvrez votre main, & Mat, 6, 26: vous les remplissez des effets de votre bonté. Les foins de votre Providence s'étendent jusque fur les plus petits oifeaux, jufque fur les plus vils infectes dont la vie eft fi courte : & nous qui

Pf. 144.

Pf. 103,

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H

C

fommes créez à votre image, & dont vous êtes
le pére, aurions-nous affez peu de foi pour CHAP. I.
craindre que cette Providence ne nous man-
quân ở

[ Elles étoient très bonnes, parce qu'il les:
avoit fait toutes avec une fouveraine fageffe. ].
Cette fageffe, avec laquelle & par laquelle
Dieu a créé toutes chofes, eft fon Verbe, fa
penfée, for Fils unique, égal à lui, & de
même fubftance que lui. Toutes chofes ont été lean. 1. 3.
faites par le Verbes & rien de ce qui a été fait,

ce

2

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n'a été fait fans lui. « Le Seigneur, dit la Sa- Prov. 8. 22,
geffe éternelle, » m'a poffedée au commence-
ment de fes voies, avant qu'il créât aucune
chofe: j'étois dès-lors. J'ai été établie dès
l'éternité. .. . avant que la terré fût créée. Les
» abîmes n'étoient point encore ; & j'étois déja
conçue. Les fontaines n'étoient point encore
forties de la terre: la pefante maffe des mon-
tagnes n'étoit pas encore formée : j'étois en-
fanté avant les collines. Il n'avoit point en
coré créé la terre ni les fleuves, ni affermi le
5 monde fur fes poles. J'étois présente lorf-
qu'il préparoit les cieux; lorfqu'il environ-
noit les abîmes de leurs bornès, & qu'il leur
» prescrivoit une loi inviolable; lotfqu'il affer
miffoit l'air au-deffus de la terre, & qu'il dif-
30 penfoit dans leur équilibre les eaux des fon-
»taines; lorfqu'il renfermoit la mer dans
» fes limites', & qu'il impofoit une loi aux
» eaux, afin qu'elles ne paffaffent point leurs
bornes; lorfqu'il pofoit les fondements de la
» terre. J'étois avec lui, & je réglois toutes
» choses: j'étois fes délices, & je trouvois ma
»jole à être toujours en fa préfence: l'Univers
» est le jeu de mes mains. „

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[Le ciel la terre avec tous lents ornements
By

CHAP. I.

furent créez en fix jours. ] Dieu pouvoit, sit
eût voulu, donner en un moment la perfection
à fon ouvrage : mais il a voulu le faire à plu-
fieurs reprifes, & créer l'Univers en fix jours
pour montrer qu'il n'agit pas avec une néceffi-
té, ou par une impétuofité aveugle. Le foleil
jette d'un feul coup tout ce qu'il a de rayons:
mais Dieu, qui agit par intelligence & avec
une fouveraine liberté, applique fa vertu où il!
lui plaît, & autant qu'il lui plaît: & comme en
failant le monde par fa parole, il montre que
rien ne le peine; en le faifant à plufieurs re-
prifes, il fait voir qu'il eft le maître de fa ma--
tiére, de fon action, de toute fon entreprise
& qu'en agiffant il n'a d'autre régle que fa vo
lonté toujours droite par elle-même.

[ Dieu, après avoir achevé son ouvrage, se repofa le feptiéme jour. ] Cette expreffion, Dieu fe repofa, ne veut pas dire qu'il ait ceffé d'agir puifqu'il crée tous les jours de nouveaux efprits, & que depuis le commencement du monde il ne ceffe point de conserver par fa puiffance, &

de

gouverner par fa Providence tout ce qu'il a Jean. 5. 17, créé. Mon pére, dit, Jefus-Chrift, ne ceffe point d'agir jufqu'à préfent ; & j'agis auffi inceffam ment. L'Univers n'eft point à l'égard de Dieu comme un palais à l'égard de l'architecte qui l'as bâti. Le palais une fois achevé fubfiste sans le secours de l'architecte, & lui furvit même de beaucoup. Mais les ouvrages de Dieu ne peuvent continuer d'être, fi la même vololonté qui les a produits ne les conferve, en les créant pour ainfi dire, tout de nouveau à chaque inJag, 19. 26. ftant. Y a-t'il rien dit le Sage parlant à Dieu,qui put fubfifter, fi vous ne le vouliez pas

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ou qui pu: fe conferver fans votre ordre ? Le de Dieu n'eft donc pas une ceffation d'a

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gir. C'est encore moins un délaffement fem-
blable à celui qu'on prend après s'être fatigué à
travailler. Une puissance infinie ne s'épuife &
ne fe laffe point. Ainfi, il faut reftraindre l'ex-
preffion de l'Ecriture à ce fens, qu'après l'ou-
vrage du fixiéme jour Dieu ceffa de produire de
nouvelles efpéces de créatures. Il étoit en quel-
que
maniére forti de lui-même & de fon
éternel, pour créer l'Univers: il y rentra en ce
qu'après les fix jours fa toute-puissance ceffa de
fe rendre vifible par de nouveaux ouvrages.

repos

[C'est pourquoi il bénit le feptiéme jour, & il le janctifia. En mémoire de ce repos où Dieu étoit entré, il deftina particuliérement le feptiéme jour de la femaine à fon culte; & il voulut que ce jour fût pour l'homme un jour de repos & de bénédiction, où libre des travaux corporels, & des occupations extérieures qui le diffipent pendant la femaine, & qui ne lui laiffent que quelques moments pour penfer à Dieu, il pût, à la faveur de ce faint loifir, rappeller à lui fon efprit & fon cœur, méditer fes merveilles, lui rendre graces de fes bienfaits, lui expofer fes befoins étudier fa loi, & s'occuper furtout du repos éternel, auquel il eft appellé, & où doivent tendre toures fes pensées & fes défirs.

CHAP. I.

Après avoir confidéré la création de ce monde vifible & matériel, où brille avec tant d'éclat la puiffance & la fageffe infinie de Dieu; élevons-nous à une autre création plus admirable encore que la premiére, & digne d'une plus vive reconnoiffance : c'eft celle de ce qu'on peut appeller le monde fpirituel & invifible, c'est-à-dire le renouvellement & la réformation intérieure de l'homme par le don de la juftice. Nous étions ténébres par notre Fph. 5. 8

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