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17.

eft

gnent Dieu. La montagne où Elifée paroiffer CH.XXIV. être feul & fans deffenfe, étoit pleine de che4. Rois. 6. vaux & de chariots de feu. Le Jufte n'est jamais fel, lors même qu'il paroît le plus délaiffé, Efau à la tête de quatre cents hommes moins bien accompagné que Jacob, qui n'à Prov.18. 10. avec lui que des enfants & des bergers. Le nom du Seigneur est une fortereffe invincible: le fufte y a recours, y trouve fa fureté.

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[Jacob faifi de crainte,&c.] Jacob étoit plein de foi: mais la foi eft moins agiffante que les fens; & les juftes mêmes dont le cœur eft le mieux affermi dans la confiance au fecours de Dieu, ont peine à fe deffendre des vives im preffions que fait fur leurs fens le péril préfent. Mais par un effet de la bonté de Dieu, qui fait tout fervir au bien de ceux qui l'aiment, cette foibleffe contribue à les rendre plus humbles & plus perfévérants dans la priére. Leur confiance pourroit dégénérer en une oifive fécurité, s'ils yoyoient le fecours que Dieu leur prépare, comme ils voient le danger qui les menace.

[ Il fit à Dieu cette priére, &c.] Priére touchante, & pleine de fentiments-admirables de confiance, d'humilité, & de reconnoiffance.. Dieu d'Abraham mon pére, Dieu de mon pére Ifaac. Ce Dieu eft le Tout-puiffant, l'Eternel, le Saint, le Jufte mais il femble que Jacob oublie dans ce moment tout ce que l'idée de Dieu préfente de plus grand, pour ne voir en lui que la qualité aimable & confolante d'ami & de protecteur de fes péres. Seigneur, qui m'avez dit, Retournez au pays de votre naissance. Il lui repréfente qu'il eft, comme fes péres, fous fa main, qu'il s'eft toujours abandomé à fa co duite; & qu'il n'a fait aucun mouvement que par fes ordres. Quel motif plus puiffant

pour engager Dieu à ne nous point abandonner, que de pouvoir lui dire qu'on n'eft expofé CH.XXIV. au danger, que parce qu'on a été fidélle à lui obéir? Et je vous comblerai de biens. J'ai fait, Seigneur 2 ce que vous m'avez commandé. N'ai-je pas quelque droit d'efpérer que vous exécuterez ce que vous m'avez promis? Je fuis, il eft vrai, indigne de toutes vos miféricordes. Je ne mérite rien, parce que je fuis pécheur; & vous pouvez me refufertout fans que j'aie droit' de me plaindre. Auffi ma confiance n'eft- elle point fondée fur mes mérites, mais uniquement fur vos promeffes. Vous pouviez me ra mener ici auffi dénué & auffi pauvre que j'en étois parti. Mais vous m'aviez promis que vous feriez avec moi; & je reviens comblé de vos dons, avec une nombreufe famille, & de grandes richeffes. La fidélité avec laquelle vous avez jufqu'ici accompli vos promeffes, me répond de ce que je dois attendre pour la fuite. Confervez-moi donc, Seigneur ce que je tiens de votre libéralité. Ne fouffrez pas qu'un frère irrité me raviffe vos dons, ni qu'il anéantiffe la vérité de vos paroles, en faifant périr une fa mille, dont vous vous êtes déclaré le protecteur, que vous devez multiplier à l'infini, & qui ren ferme l'efpérance de l'Univers.

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[Il fit partir les troupeaux, &c. jufqu'à ce mot, favorablement. ] Jacob unit deux devoirs également néceffaires. Il prie Dieu d'arrêter les effets de la colére d'Efaii ; & il emploie en mê me temps tous les moyens imaginables pour l'appaifer. Les vrais ferviteurs de Dieu, dans les difficultez & les périls où ils fe trouvent 2 n'attendent rien ni d'eux-mêmes, ni de quelque créature que ce foit. Toute leur reffource est dans la bonté & la puissance de Dieu. Ils

l'appellent à leur fecours, & le mettent dans

CH.XXIV, leurs intérêts par la priéré: & fi la prudence ne leur offre aucun autre moyen, ils s'en tiennent là, & attendent en paix que Dieu agiffe. Mais fi elle leur fuggére des expédients légitimes & permis, ils les ménagent avec foin, perfuadez que c'eft Dieu même qui les leur préfente, & qui leur commande d'en faire ufage. Ils ont confiance qu'il benira ce qui eft dans fon ordre, & ils croiroient le tenter, s'ils négligcoient ce fecours, pour en attendre un autre qu'il n'a pas promis, parce qu'il n'est pas néceffaire.

Jacob fe conduit felon ces régles; Il n'oublie rien de ce qui peut adoucir l'efprit de fon frére. Il le prévient par des honnêtetez : il lui envoie de grands préfents, diftribuez dans un ordre très-propre à le toucher: il l'aborde & lui parle de la maniére la plus refpectueufe & la plus foumife. Mais il n'attend le fuccès que de celui qui feul peut changer le cœur d'Efai. It agit & donne ordre à tout, comme fi tout dépendoit des mesures qu'il prend : & il prie avec les plus vives inftances, parce qu'il fçait que tout dépend de Dieu feul, & que rien n'est efficace que fa parole.

[li paffa le gué de Faboc. J Jaboc étoit un torrent, c'est-à-dire une petite riviére, qui tomboit dans le Jourdain."

[Comme il étoit demeuré foul.] Soiten deça, foit au delà du torrent. C'étoit fans doute pour prier de nouveau avec plus de liberté & de ferLe confoler lui-même en excitant fa foi, attirer fur des perfonnes foibles & tremblantes la protection de Dieu.

veur,

[ It parut un homme qui lutta contre lui jufqu'au grand jour.] La lutte étoit une efpéce de

combat, où deux athlétes fe prenoient au corps, & tâchoient de fe renverser l'un l'autre par CH.XXIV. rerre. La victoire étoit à celui qui, par force ou par adreffe, venoit à bout de terraffer fon adverfaire. Cet homme qui lutta contre Jacob, étoit un Ange, felon le prophéte Ofée ; Of: 12. 3 & cet Ange repréfentoit Dieu même, comme la fuite le fait voir.

I. Il est visible d'abord que cette lutte étoit un fymbole mystérieux, par lequel Dieu vouloit faire entendre à Jacob quelque chofe qui avoit rapport à fa fituation préfente. Ce faint homme étoit prêt de foutenir un combat contre Efau. Ses honnêtetez, fes préfents, & les humbles foumiffions qu'il étoit réfolu de lui faire, étoient autant d'attaques qu'il livroit à ce cœur féroce & ulcéré. Mais quoiqu'il efpérât la victoire du fecours de Dieu, parce qu'il étoit ferme dans la foi; il ne hiffoit pas, com me on l'a vû, de craindre le danger, parce qu'il étoit homme. Dieu donc voulant diffiper toutes les craintes, & calmer fes inquiétudes, Pengagea, dit l'Ecriture, dans un rude combat, Sag. 10. 11. afin qu'il demeurât victorieux, & qu'il (çût que tout céde à la puiffance de la Sageffe. Il fe trouva tout d'un coup faifi par un fort athléte revétu du nom & de la majesté de Dieu, qui l'exerça par une longue & preffante lutte: mais en même temps Dieu lui donna affez de forces pour ne pas fuccomber dans un combat fi inégal; afin qu'il apprît qu'il ne devoit pas craindre les hommes, lui qui avoit bien pû. combattre avec avantage contre Dieu-même.

{Cet homme voyant qu'il ne pouvoit pas le furmonter, lui toucha la cuiffe. Il relâcha quel qu'un des muscles qui fervent aux mouvements de cette partie ou.. comme le texte Hebrew le

dit affez clairement, il lui démit la cuiffe par CH.XXIV, le relâchement du nerf qui tient l'os rond de la cuiffe emboité dans la concavité de la hanche. L'Ange le bleffa ainfi, ou pour l'affurer que ce qui s'étoit paffé entre eux étoit un combat véritable, & non imaginaire; ou pour lut faire comprendre avec quelle facilité il l'auroir vaincu, s'il avoit ufé envers lui de fa force. puifqu'en lui touchant fimplement un nerf il Favoit rendu boiteux : ce qui devoit perfuader à Jacob que c'étoit Dieu feul qui l'avoit fou tenu, & l'avoit fait vaincre.

[Laiffez moi aller car l'aurore commence à paroître. ] C'eft le temps où les hommes fortént dans la campagne pour leurs travaux. Dieu ne vouloit pas que ce qui fe paffoit entre lui & Jacob fut expolé à des yeux profanes.

[Je ne vous laifferai point aller, que vous ne m'ayez beni. ] Jaob, tout affoibli qu'il étoit dans une partie de fon corps néceffaire à la lutte, confervoit toujours fon avantage, & paroiffoit le plus fort. Enfin l'Ange s'avouant vaincu, demanda quartier. Mais Jacob qui comprit par l'effet fubit & extraordinaire d'un

fimple attouchement , que cet athléte n'étois pas un homme, mais un Ange, le ferra encore plus étroitement, & lui déclara qu'il ne le laifferoit point aller, qu'il ne l'eût beni ; & regar dant cette bénédiction comme le fruit du com bat mystérieux qu'il venoit de foutenir, & comme un gage affuré du fecours qu'il attendoit de Dieu pour fa famille, il l'en conjura jufqu répandre des larmes

[Car fi vous avez été fort contre Dien ( c'est ce que fignifie le nom d'Ifrael) combien plus le ferez-vous contre les hommes. ] Jacob de mandoit à Dieu fa protection coptre Efau, lor

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