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CH. XXV.

jours après, qui eft le temps où la douleur de la plaie eft la plus violente, Simeon &. Levi fréres de Dina, entrérent hardiment dans la ville l'épée à la main, tuérent tous les mâles, entre autres Hemor & Sichem, & emmenérent leur four. Après cet horrible maffacre, les autres enfants de Jacob pillérent la ville pour venger l'outrage fait à leur four; enlevérent les beftiaux, & tout ce qui étoit dans les maifons; & emmenérent prifonniers les petits enfants & les femmes. Jacob affligé de ce qui venoit d'arriver, dit à Simeon & à Levi: Vous m'avez jetté dans le trouble, en me rendant odieux aux habitants du pays. Nous fommes peu de monde : ils fe ligueront contre moi, & viendront m'attaquer ; & je périrai avec toute ma famille. Ses enfants lui répondirent: Sera-t-il dit qu'on traiterà notre four comme une prostituée? Il en garda le fouvenir jufVoyez ch. qu'à la mort; & le temps ne put effa- 36. ce qu'il cer de fon efprit l'horreur d'une telle dit à Simcon barbarie.

Dieu lui dit enfuite: Partez d'ici, & allez à Béthel. Vous y demeurerez, & vous y drefferez un autel au Seigneur qui vous apparut, lorfque vous fuyiez Efau votre frére. Jacob dit donc

& à Levi.

à tous ceux de fa maison: Otez du mi

CH. XXV. lieu de vous les dieux des étrangers; purifiez vous, & changez d'habits; & nous irons à Béthel, où j'éleverai un -autel à Dieu qui m'a exaucé au jour demon affliction, & qui m'a accompagné dans mon voyage. Ils lui donnérent donc toutes les idoles qu'ils avoient; & Jacob les enterra fous un chêne près de Sichem. Puis ils fe mirent en chemin ; & Dieu répandit la terreur par toutes les villes voisines; en forte que perfonne n'ofa les pourfuivre. Ils arrivérent ainfi à Béthel, où Jacob dreffa un autel; & Dieu lui >apparoiffant en ce lieu pour la feconde fois, lui renouvella les promeffes qu'il avoit faites à Abraham & à Ifaac. Jacob éleva un monument de pierre au lieu même où Dieu lui avoit parlé; & il verfa deffus du vin & de l'huile.

de 2274.

L'année fuivante il partit de Béthel An du Mon- avec toute fa famille; & lorfqu'ils furent arrivez près d'Ephrata, apellée depuis Bethleem, Rachel fut furprise par les douleurs de l'enfantement. Comme elle avoit beaucoup de peine à accoucher, la fage-femme lui dit : Ayez bon courage car vous aurez encore un fils. Rachel qui fe fentoit mourir, nomma l'enfant Benoni, c'est-à

dire le fils de ma douleur; & le pérel'appella Benjamin, qui veut dire, le Cн. XXV. fils de la droite; ou plutôt, le fils de ma vieilleffe. Rachel mourut ainfi, & fut enterrée fur le chemin qui conduit à Ephrata, ou Bethléem; & Jacob éleva un monument au lieu de fa fépul

ture.

Voyez ch.

comme

Etant parti de là, il dreffa fes tentes au delà d'une tour appellée la Tour du troupeau. Pendant qu'il demeuroit en 36. ce lieu-là, Ruben déshonora Bala fem- il en punit me de fon pére; & cette action ne put être fi fecrette, qu'Ifrael n'en fut informé.

Ruben.

Jacob fe rendit enfin auprès d'Ifaac fon pére dans la vallée de Mambré, où ce vieillard, à l'exemple d'Abraham, demeuroit comme étranger. Il vécut encore vingt-trois ans depuis le retour de fon fils dans la terre de Chanaan; & étant parvenu à l'âge de cent quatre-vingts ans, il mourut dans la plénitude de fes jours, & fut réuni à fon -An du mon peuple. Ses deux fils Efau & Jacob lui de 2288. rendirent le devoir de la fépulture: Après la mort, Efau qui avoit déja choifi fa demeure les montagnes pour de Seïr, fe fixa pour toujours dans ce pays-là & y tranfporta fa famille & tous fes biens, pour s'éloigner de Ja

cob fon frére. Car ils étoient l'un &

CH. XXV. l'autre trop riches, pour pouvoir demeurer ensemble ; & le pays où ils habitoient comme étrangers, ne pouvoit fuffire à la nourriture de leurs troupeaux. Il paffa donc dans le pays qui prit de lui le nom d'Edom ou Idumée, (Car Efau s'appelloit auffi Edom) & Jacob demeura dans le pays de Chanaan, où son pére avoit été étranger.

Gen. 63. 1.

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[ Dina fa fille fortit pour voir les femmes de se pays-là... Sichem fils d'Hemor l'ayant vûe &c. ] Cette fille pouvoit avoir alors seize ans. EHe fuivit le mouvement d'une curiofité fort ordinaire à fon âge & à fon féxe. Elle voulut voir les filles du pays, étudier leurs airs, leurs manieres, leurs ajustements. Elle fit ce qu'une infinité de gens croient aujourd'hui non feulement très-permis, mais même néceffaire aux filles qu'on deftine au mariage: Elle fortit, & vit le monde. Mais fon exemple apprend à tous les fiécles, à quels dangers on s'expose foi-me & les autres, quand on fe livre au defir de yoir & d'être vû. La pureté est un tréfor qui ne peut manquer d'être enlevé, s'il n'eft confié à la garde de la modeftie, de la retraite & du filence. C'eft ce que le monde ne comprend pas.. Il croit qu'on eft innocent, pourvû qu'on évite aux yeux des hommes le crime de Sichem, & le malheur de Dina. `Mais le fiége de la chasteré

Mat. 5. 28

eft le cœur. On n'est point chafte, quand le cœur n'eft pas pur. Un feul defir confenti le CH. XII. rend criminel aux yeux de Dieu. Je vous dis que quiconque regarde une femme avec un mauvais defir pour elle a déja commis l'adultére dans fon cœur. Et qui d'entre les personnes de l'un & de l'autre fexe, qui fe jettent volontairement dans la diffipation du monde › peut dire qu'il a confervé fon cœur pur de tout mauvais defir; & qu'au milieu de ce brafier ardent` qui confume tout, il n'a point brûlé?

[Ils revinrent des champs, irritez.... ¿réfolus d'en tirer vengeance. ] Le récit d'une telle vengeance fait horreur. On la prépare avec une profonde diffimulation. On fait fervir une cérémonie de religion comme de moyen pour y réuffir. On l'exécute avec une perfidie & une cruauté inouie, contre des gens que leur bonne foi a mis hors de deffenfe. On y enveloppe une multitude d'innocents pour le crime d'un feul; & ces meurtriers auffi avares qu'inhumains n'ont pas honte de faire tourner la vengeance à leur profit par le pillage de la ville & l'enlévement des femmes & des enfants qu'ils réduifent en fervitude.

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Mais ce qui eft injufte & déteftable, quand on le regarde comme l'effet des paffions déréglées des hommes, eft jufte & faint, lorsqu'on remonte jufqu'à la premiére cause, je veux dire à la volonté de Dieu toujours adorable, qui le permet & le dirige. Les Sichimites étoient tous criminels devant lui, & par conféquent indignes & de la liberté & de la vie. Dicu les pri ve de l'une & de l'autre ; & il ne fait que de vancer à leur égard l'exécution de l'arrêt qu'ill a prononcé contre tous les Chananéens. Il emploiera un jour, pour exterminer ces peuples

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