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préparation à la mort ; & fes ténébres extérieures ne fervirent qu'à le rendre plus attentif à CH. XXV. cette lumiére inacceffible aux fens, qui éclaire ceux dont le cœur eft pur. C'est par ces admirables difpofitions que fes jours ont été pleins devant Dicu; parce que ce ne font pas actions éclattantes, mais les vertus intérieures & fur-tout l'humilité, qui font le mérite & la grandeur des Saints.

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Combien de fidelles ferviteurs femblables à ce faint homme, Dieu s'eft-il formé dans tous les fiécles! & combien s'en forme-t-il encore aujourd'hui, qui vivent inconnus aux hommes dans des retraites obfcures, & qu'il éléve à la plus éminente fainteté? Ce font des lampes ardentes & luifantes, mais qui ne brûlent que pour lui, & dont il ne montre la lumière au monde, qu'après qu'il les a cachez eux-mêmes dans le fecret de fa face, & mis à couvert des dangers de l'orgueil.

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[Efais le fixa pour toujours dans ce pays-là,] c'eft-à-dire dans les montagnes de Séir our l'Idumée. Il partagea avec fon frére la fuccèf fion d'Ifaac: mais pour la terre de Chanaan qui étoit le gage & la figure des biens promis aux enfants d'Abraham, il y. renonça pour toujours, témoignant par là qu'il renonçoit aux promeffes mêmes. Il s'ennuya de la vie d'un voyageur & d'un étranger; & il voulut avoir fur la terre un établiffement folide. Jacob, dont les vûes & les efpérances étoient ailleurs, demeurera dans la terre de Chanaan, attendant avec patience, comme fes péres, l'accomplis fement des promeffes; & il ne voulut point y avoir, non plus qu'eux, d'autre maifon qu'une tente; parce que ce pays n'étant pas le terme de fes défirs, mais un lieu de paffage, il crai

gnoit tout ce qui auroit pâ mettre fon cœur CH. XXV. en danger de s'y attacher.

La conduite de ces deux fréres eft une leçon pour tous les fiécles; & il femble que S. Paul nous la mette devant les yeux, en nous adrefHeb, 10. 35. fant ces paroles : Ne perdez donc pas la confiance que vous avez,& qui doit être récompensée d'un grand prix. Car la patience vous est néceffaire, afin que faifant la volonté de Dieu, vous rece viez l'effet de fes promeffes. Encore un peu de temps; & celui qui doit venir viendra, & ne tardera point. En attendant,le jufte qui m'appar tient, dit le Seigneur, vit de la foi. Que s'il s'éloigne de moi, il ne me fera pas agréable. Pour nous, nous n'avons garde de nous éloigner de Dieu pour notre perte: mais nous demeurons fermes dans la foi pour le falut de nos ames.

An du monde 2176.

CHAPITRE XXVI.

Songes de Jofeph. Ses frères le haiffent, &
veulent le tuer. Ruben les en détourne.
Jofeph vendu à des Ifmaélites. Enfanis
de Juda. Gen. 37. 38.
37.38.

J

A co B avoit douze fils, dont voici les noms felon l'ordre de leur naiffance, Ruben, Simeon, Levi, Juda, Dan, Nephthali, Gad, Afer, Iffachar, Zabulon, Jofeph, Benjamin. Joseph étant dans fa dix-feptiéme année, gardoit les troupeaux avec les frères. Il arriva dans ce temps-là qu'il avertit Ja

cob de quelque mauvaife action qu'ils avoient commise. Or Ifrael aimoit Jo- CH.XXVI. feph plus que tous les autres enfants parce qu'il l'avoit eu dans fa vieilleffe; & il lui avoit fait faire une robbe de plufieurs couleurs. Mais fes frères le haïffoient à caufe de cette préférence; & ils ne pouvoient lui parler avec douceur. Le fonge qu'il leur raconta, les aigrit encore davantage contre lui. Ecoutez, leur dit-il, le fonge que j'ai eu. Il me fembloit que je liois avec vous des gerbes dans un champ ; & ma gerbe fe tenoit de bout; & vos gerbes étant autour de la mienne, fe profternoient devant elle. Quoi donc, lui répondirent-ils, eft-ce que vous ferez notre roi, & que nous ferons foumis à votre puiffance? Il eut encore un autre fonge, qu'il rapporta à fes frères. J'ai vû en fonge, leur dit-il, le foleil & la lune, & onze étoilés qui m'adoroient. Son pére à qui il le raconta auffi, lui en fit réprimende, & lui dit : Qu'estce que cela veut dire ? Eft ce qu'il faudra que votre mére, vos fréres & moi. nous vous adorions en nous profternant en terre? Ses frères donc étoient transportez d'envie contre lui, mais le pére confidéroit toutes ces chofes en filence.

Les frères de Jofeph étant allé faire CH. XXV. paître les troupeaux de leur père aux environs de Sichem, Jacob dit à Jofeph Vos frères font à Sichem avec nos troupeaux: venez, que je vous envoie vers eux. Je fuis tout prêt, répondit-il. Allez donc, lui dit Jacob; voyez fi vos frères le portent bien, & fi nos troupeaux font en bon état : & vous m'en rapporterez des nouvelles. Jofeph étant parti de la vallée de Mambré ou d'Hebron, vint à Sichem ; & il alloit errant par les champs. Un homme qui le vit, lui demanda ce qu'il cher choit. Il répondit: Je cherche mes frères: dites-moi, je vous prie, où ils ont mené leurs troupeaux. Cet homme lui dir: Ils font partis d'ici : car j'ai entendu qu'ils difoient, Allons-nous-en à Dothain. Jofeph alla donc les chercher à Dothain. Du plus loin qu'ils l'apperçûrent, ils formérent le deffein de le tuer. Voici, dirent-ils, notre fongeur qui vient. Allons, tuons-le, & jertonsle dans cette citerne. Nous dirons qu'une bête farouche l'a dévoré: & nous verrons après cela ce que deviendront fes fonges. Ruben les entendant parler ainfi, leur difoit: ne le tuons point: ne répandez point fon fang: jettez le dans cette citerne; mais ne lui ôtez

point la vie par violence. Il difoit cela dans le deffein de le tirer de leurs mains, CH.XXVI. & de le rendre à fon pére. Auffitôt donc que Jofeph fut arrivé près d'eux, ils lui ôtérent fa robbe, & le jettérent dans cette citerne, qui étoit fans eau. Enfuite s'étant affis pour manger, ils virent paffer des marchands Ifmaélites, qui venoient de Galaad avec des chameaux chargez d'aromates, de réfine, & de myrrhe, & alloient en Egypte. Juda dit alors à fes frères. Que gagnerons-nous d'avoir tué notre frére, & d'avoir caché la mort? Venez, vendons-le à ces Ifmaélites, & ne fouillons pas nos mains de fon fang: car il est notre frére & notre chair. Ses frères y confentirent: ils tirérent Jofeph de la citerne, & le vendirent vingt piéces d'argent à ces marchands, qui l'emmenérent en Egypte. Ruben qui n'étoit point avec eux dans le moment qu'ils le vendirent, alla à fon retour vers la citerne, croyant y trouver Jofeph : mais il n'y étoit plus. Alors pénétré de douleur, il déchira fes habits ; & étant retourné vers fes frères, il leur dit : L'enfant ne fe trouve point: où irai-je ? que deviendrai-je ? Après cela ils prirent la robbe de Jofeph; & l'ayant trempée dans le fang d'un chevreau,

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