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dier fes myftéres, que la vie de ce Patriarche a

CHAPITRE repréfentez dans un grand détail, & avec des XXIX. traits forts touchants, & très-propres à nourric la piété. Nous ne nous arrêterons néanmoins qu'aux principales circonftances, pour éviter la longueur.

I. Jofeph, malgré fon innocence & fa vertd, étoit hai de fes frères, parcequ'il recevoit de fon pére des témoignages d'une tendreffe particuliére; qu'il les avoit accufez devant lui d'un grand crime; & qu'il leur annonçoit fa grandeur future, & les faveurs préfentes qu'il recevoit du ciel.

II. Il va par ordre de fon pére, chercher fes frères qui étoient éloignez. Eux transportez d'envie & de haine, ne le voient pas plutôt qu'ils confpirent.contre fa vie. Il eft jetté dans le fond d'une citerne, d'où on le tire peu après; & il eft vendu vingt piéces d'argent, & livré par fes propres frères à des étrangers. Sa robbe eft teinte de fang. Il ne paroît plus, étant comme mort à l'égard de fa famille, quoique plein de vie; & Jacob eft inconfolable de fa perte..

III. Arrivé en Egypte, if eft fait esclave de Putiphar,qui le charge du foin de toute sa maifon, parceque Dieu eft avec lui. La femme de ce Seigneur, après avoir inutilement effayé de le corrompre, l'accufe d'avoir voulu la corrompre elle-même. Il eft condamné quoiqu'innocent. Qui que ce foit ne prend fa défense.. It fouffre fans fe plaindre, & fans accufer perfonne. Placé entre deux criminels, avec qui if eft confondu, il prédit à l'un que le Roi lai fera grace, & à l'autre qu'il fera condamné à mort. Il demeure pendant trois ans enfermé dans la prifon.

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IV. Enfin fon état de fouffrances & d'hu

miliations fait place à une gloire & à un bon- CHAPITRE heur qui durera autant que fa vie. Il est établi XXIX. fur la maison de Pharaon, & fur toute l'Egypte, avec un pouvoir fi grand & fi étendu, qu'il n'a que le Roi au-deffus de lui. Tous flechiffent le genou devant lui; & il reçoit le nomTM de Sauveur du monde, parce qu'il doit lauver le monde de la famine. La ftérilité fuccéde à l'abondance; & la famine eft partout. Mais en Egypte, ou Jofeph commande, il y a du bled. C'eft lui feul quien eft le difpenfateur; & Pharaon envoye à Jofeph tous ceux qui lui deman-dent de quoi vivre. On vient de toutes les vinces en Egypte, pour acheter du bled tous les peuples n'ont point d'autre reffource dans la faim qui les preffe, que l'Egypte, & le bled que Jofeph y diftribue avec une fouveraine autorité.

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&

Nous allons voir tous ces traits réunis en Jèfus-Chrift, mais d'une manière infiniment plus parfaite dans la vérité que dans la figure.

1. Jofeph haï de fes frères. Ils ne pouvoient luš parler avec douceur:

Les Juifs, fréres de Jefus-Chrift felon la" chair; fans être touchez, ni de fon éminenté fainteté, ni de fa doctrine toute céleste, le haïffoient jufqu'à ne pouvoir le fouffrir. Ils ne lui parloient que pour le contredire, ou pour hi tendre des piéges. Ils donnoient un tour odieux à fes actions, décrioient fes miracles, l'accufoient de gourmandife & d'yvrognerie, le traitoient de poffédé & de Samaritain ; & leur fureur a été plus d'une fois jufqu'à prendre des pierres pour le lapider..

CHAPITRE

Il étoit le fils bien aimé.

XXIX. Une des fources de haine envenimée étoit le témoignage éclattant que Dieu donnoit de l'amour qu'il lui portoit comme à fon fils bien-aimé, par des miracles dont ils ne pouvoient obJean. 10.37. fcurcir la vérité. Si je ne fais pas les œuvres de mon Pére, leur difoit-il avec confiance, ne me croyez point. Mais fi je les fais, quand vous ne voudriez pas me croire, croyez à mes œuvres ; afin que vous connoiffiez & que vous croyiez que le Pére eft en moi, & moi dans le Pére.

Il reprenoit leurs défordres.

Combien les Docteurs de la Loi s'offenférent-ils de la fainte liberté avec laquelle Jesus-Chrift reprenoit leur orgueil & leur hypocrifie ? Toute la nation étoit, ou plongée dans une prévarication ouverte de la Loi, ou abufée par une fauffe apparence de juftice. Jefus-Chrift paroiffant au milieu d'elle, mit au grand jour tous les déréglements dont elle étoit coupable. Il ne craignit pas Mat. 16. 4. d'appeller race méchante & adultére ce peuple même avec qui il étoit fi étroitement lié, qui fe

glorifioit de defcendre des Patriarches,& d'avoir Jean. 8. 44. Dieu pour Pére. Vous êtes,leur dit-il, enfants du diable; vous voulez accomplir les defers de votre Pére..

Il leur parloit de fon élévation an-deffus d'eux.

Mais ce qui les irritoit le plus, étoit la gloiré que J. C. s'attribuoit d'être égal à fon Pére, & T'application qu'il fe faifoit des anciennes prophéties. Ils ne pouvoient fouffrir qu'il fe mit audeffus des Patriarches & de Moife en difans

qu'il étoit avant qu'Abraham fût au monde ; que

ce faint Patriarche avoit defiré avec ardeur de CHAPITRE voir fon jour, qu'il l'avoit vû,& qu'il en avoit été XXIX. comblé de joie; que Morfe avoit parlé de lui dans

fes livres, & que la manne dont il avoit nourri Jean 8. 56. leurs péres dans le défert, n'étoit que l'ombre du Jean. 5. 46. vrai pain du ciel,qui n'étoit autre que lui-même. Jean, 6. 49 Ils ne pouvoient lui entendre dire qu'il étoit le so.. bon pafteur,& le vrai conducteur des brebis,l'héritier & le fils du maître de la vigne, la pierre qui devoit être rejettée par les architectes, & devenir enfuite la principale pierre de l'édifice. Toutes ces différentes maniéres de parler leur infinuoient que celui qu'ils prenoient pour le fils d'un charpentier, étoit le Meffie promis, & qu'il falloit que toute la nation le reconnût & l'adorât comme fon Seigneur. Ils l'entendoient bien; & c'est ce qui mettoit leur orgueil en fureur. Mais lorfque J. C. interrogé juridiquement par le Grand-Prêtre, eut répondu diftinctement qu'il étoit le Fils de Dieu, & qu'un jour ils le verroient affis à la Mat. 26. Gar droite de Dieu, & venant fur les nuées du ciel ; une déclaration fi précise, qui leur prédifoit fon régne futur, & la gloire où il devoit être élevé, fat traitée de blafphême, & le Confeil prononça qu'il méritoit la mort.

21. Jacob envoye Jofeph vers fes frères, & vers les troupeaux. Il obéit.

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Jefus-Chrift a été envoyé par fon Pére, comme Jofeph, pour chercher fes frères & les brebis de la maifon d'Ifrael, qui étoient égarées. Cette miffion étoit de la part du Pére l'effet de fon amour infini pour un peuple qui étoit fa famille, & pour des brebis qui lui appartenoient en propre, & de la part du fils qui l'a acceptée,

la preuve de fa parfaite obéiffance. Me voich; CHAPITRE dit-il à fon Pére, je viens, Seigneur, pour faire XXIX. votre volonté. Il eft venu au nom de fon Pére, Heb. 10. 9. vifiter les pafteurs & les brebis; le peuple d'I£ rael, & les chefs qui le conduifoient.

Jean, 4: 6.

Il les cherche errant par les champs.

Il les cherchoit, errant par les champs, allant d'une ville à l'autre,paffant par les bourgades & les villages, marchant à la chaleur du jour, souffrant la faim & la foif, & effuyant les plus rudes fatigues.

Dès qu'ils le voient, ils veulent le tuer.

Mais à peine parut-il parmi les Juifs pour exer cer fon miniftére, que les principaux d'entre eux fe liguérent contre lui. Les frères de Jofeph formérent le deffein de le tuer, en difant : Voici notre fongeur qui vient. AllonsTM, tuons-le, & nous verrons après cela ce que deviendront fes fonges. Ne femble-t-il pas qu'on entend ces confpirations fi fréquentes des Juifs contre la vie de J. C. à caufe des grandes chofes qu'il difoit de lui-même? Et ne croit-on pas affifter à cette funefte affemblée, où les chefs de la feule nation qui adoroit le vrai Dieu, concluent fa mort par cette uni Jean 1.47. que raison qu'il fait beaucoup de miracles? Que ferons nous ? Cet homme fait beaucoup de miracles.... Ils ne penférent donc plus depuis ce jourlà qu'à le faire mourir.

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V:53.

Ils prétendent empêcher l'effet de fes prédictions C'est par là qu'ils accompliffent les deffeins de Dieu.

Is fe flattoient d'avoir anéanti par le fupplice

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