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Juifs. Jean-Baptifte parlant de lui à fes difciCHA P. ples, le défigne par ce nom : Celui que Dieu a XXXVI. envoyé, ne dit que des paroles de Dieu. Si Jefus-Chrift fait des miracles, c'eft pour prou

Jean. 3.34. ver qu'il eft envoyé de Dicu. Les œuvres que je Jean. s. 36. fais, rendent ce témoignage de moi, que c'eft le Pére qui m'a envoyé. Et dans la prière qu'il adreffe à Dieu fon pére, avant de reffusciter La zare, il donne à entendre fort clairement que le miracle qu'il va faire, eft pour ce peuple nombreux qui l'environne, afin, dit-il, qu'ils Jean. 11.42. croient que vous m'avez envoyé. Il prouve aux Juifs qu'il a droit de prendre la qualité de Fils de Dieu, puifqu'il eft celui que Dieu a fanctifié, & qu'il a envoyé dans le monde. Il déclare enfin que la vie éternelle confifte à connoître Jean. 17. 3. le Pére, qui eft le feul Dieu véritable, & Fefus-Chrift qu'il a envoyé. Il eft vifible qu'une expreffion fi remarquable n'eft répétée tant de fois, que pour nous conduire à la prophétie de Jacob où elle fe trouve, & nous rendre attentifs aux circonftances qui en montrent l'accompliffement.

Jean. 10.36,

C'est lui qui fera l'attente des nations; parce que les nations par la prédication de l'Evangile croiront & efpéreront en lui. Les mots du texte Hébreu fignifient, La multitude des nations fera à lui, ou, les nations accourront à lui en foule. De quelque maniére qu'on l'entende, il eft vifible que c'eft encore ici un caractére propre au Meffie.

La prophétie de Jacob renferme donc trois Gen. to. 6. points effentiels. Le premier, Que tant que la Tribu de Juda fubfiftera, elle aura la prééminence & l'autorité fur les autres tribus. Le fecond, Qu'elle fubfiftera, & que par un privilége que n'auront point les autres tribus,

elle formera un corps de République gouverné

par fes loix, & conduit par fes Magiftrats, juf- CHA P. qu'à ce que le Meffie vienne, ou foit venu. XXX VI Le troifiéme qui eft une fuite du fecond, Qu'au temps du Meffie, cette tribu perdra toute fon autorité; & qu'alors il fe formera un nouveau royaume, non pas d'un feul peuple, mais de toutes les nations, dont le Meffie doit être le chef & l'efpérance. Chacun de ces trois points a été accompli.

&

12.

Nomb.

I. La tribu de Juda dès les commencements a eu le premier rang parmi les autres. Elle est toujours nommée la premiére, quand il s'agit de quelque préférence & de quelque honneur. Elle offre la premiére fes dons au Seigneur. Nomb. 7. Elle a fa place marquée à l'orient du camp, vis-à-vis de l'entrée du Tabernacle. Et après la mort de Jofué, le peuple ayant confulté Dieu, pour fçavoir qui devoit marcher à leur tête contre les Chananéens ; il répondit que ce feroit Juda. Enfin l'autorité royale fut accordée &. 2. à cette tribu en la perfonne de David & de fes defcendants.

II. Les dix tribus s'étant féparées, la tribu de Juda avec celle de Benjamin demeura attachée à la maifon de David, & forma elle feule un royaume appellé le royaume de Juda, qui fe foutint avec éclat contre la puiffance des rois d'Ifrael. Les tribus fchifmatiques ayant été difperfées en diverfes provinces par les rois d'Affyrie, ne formérent plus un corps visible de République: mais celle de Juda fubfifta, & fe maintint même durant la captivité de Babylone. Car une partie demeura en Judée; & l'autre qui étoit réunie dans Babylone & dans les environs, confervoit fur les fiens le pouvoir de vie & de mort comme l'hiftoire de

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3.

Jug. 1.1.

Sufanne en fait foi. Des hommes illuftres tels CHAP. que Daniel & fes trois amis, le Prophéte EzeXXXVI. chiel & quelques autres, lai attiroient une grande confidération chez les Babyloniens. Elle

4.

27.

Rois. 25.

Dan. 13. avoit avec elle un de fes rois, que le fucceffeur de Nabuchodonofor faifoit manger à sa table, & qu'il avoit élevé au-deffus de tous les prinGen. to, e. ces qui étoient auprès de fa perfonne. Et lorfque Cyrus eut rendu la liberté aux captifs de Babylone, elle revint en corps, fous la conduite de Zorobabel, prince de la maison de David, dans fon ancien héritage, où Dieu n'avoit pas permis que les rois de Babylone envoyaflent des colonies étrangères, comme les rois d'Affyrie en avoient envoyé dans le pays des dix Tribus éxilées.

Alors la Tribu de Juda fut plus dominante, & plus célébre que jamais. Elle avoit fes magiftrats & fes chefs, & vivoit felon fes loix. Les reftes des autres tribus fe rangérent fous fes étendards, & ne firent plus avec elle qu'un corps d'Etat, & qu'un peuple, qui prit de la Tribu de Juda le nom commun de Judéens, que nous exprimons en françois par le mot de Juifs.

III. La puiffance Romaine, à qui rien ne réfiftoit, affujettit ce peuple, lui ôta le droit d'élire ces chefs, & lui donna pour roi Herode étranger & Iduméen. Ce fut fur la fin de fon régne que Jefus-Chrift vint au monde. Depuis ce temps-là, l'état des Juifs alla toujours s'affoibliffant. Au temps de la mort de Jefus-Chrift ils étoient gouvernez par un Magiftrat Romain, & privez du droit de vie & de mort. Enfin leurs fréquentes révoltes & leurs divifions inteftines attirérent fur eux les armes Jean 18.31. Romaines: Jérufalem fut prife & faccagée, le

Temple brûlé, & tout le pays défolé par Tite

fils de l'Empereur Vefpafien. Le joug de ces CHA P. malheureux s'appefantit encore fous l'empire XXXVI. d'Adrien, & ils furent tous bannis de la Judée fous les plus rigourenfes peines. La Tribu de Juda fut réduite au même état que les autres tribus; étant difperfée & démembrée comme elles; n'ayant plus ni autorité, ni jurisdiction, ne donnant plus ni chef ni magiftrat au refte du peuple, ni à elle-même.

Dans le temps même de ces effroyables calamitez, l'Evangile de Jesus-Chrift faifoit des progrès étonnants de tous côtez. Les peuples touchez des miracles de fes difciples, renonçoient à leurs anciennes fuperftitions, embrasfoient la foi & la pratique de fa doctrine, & accouroient en foule vers lui comme leur unique efpérance; & de cette multitude innombrable de fidelles fe formoit le royaume fpirituel du Meffie, à qui l'éternité eft promife.

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Quel autre qu'un Juif aveuglé & endurci ne voit pas ici l'accompliffement entier & parfait de la prophétie de Jacob? Et comment ce peuple peut-il encore attendre le Meffie, puifque l'état même où il eft depuis près de dix-fept cents ans, comparé avec cette prophétie, un témoignage fi éclattant que le Meffie eft venu, & qu'il n'eft autre que ce Jefus qu'ils ont eu le malheur de méconnoître & de renoncer?

rend

[Il leur fit à tous ce commandement.... Enfeveliffez-moi avec mes péres. ] Ce qu'il avoit d'abord recommandé à Jofeph en particulier, il l'ordonne à tous, afin qu'aucun d'eux ne soupçonnât Jofeph d'agir de fon chef; & qu'un ordre fi précis donné par un pére mourant, imprimât de plus en plus dans le cœur des enfants la foi des promeffes,

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[Il joignit fes pieds fur fon lit.] Il y a beau CHAP. Coup d'apparence que Jacob avoit parlé affis XXXVI. fur le bord de fon lit, & ayant les pieds à terre. Quand il eut fini, il remit fes pieds fur le Gen. to. 6. lit pour fe coucher; & prenant la fituation d'un homme qui va s'endormir, il expira.

[Safageffe le conduifit par des voies droites c. La fageffe éternelle fut toujours fa lumiére & fon guide. Elle le prit par la main, lorfqu'il fuyoit la colére de fon frère, & ne permit pas que pour en prévenir les effets, il s'écartât des voies droites de la juftice. Elle lui ouvrit le ciel où Dieu régne, & par le mystérieux fymbole de l'Echelle, l'éclaira par la connoiffance des chofes faintes, en lui découvrant fous des images fenfibles ce qui fe paffe invifi-blement dans le fanctuaire de Dieu pour la protection de fes ferviteurs: Elle donna à fes travaux un fuccès miraculeux, malgré la mauvaise volonté de Laban, qu'un vil intérêt avoit rendu fon ennemi. Elle rendit inutiles les piéges

les artifices de cet injufte beau-pére, & le mit à couvert de fes violences, Enfin, pour le raffurer contre la crainte du reffentiment de fon frère, elle l'engagea dans un rude combat avec l'Ange, & l'y rendit victorieux, afin qu'il fçût qu'étant fous la protection de la fageffe divine plus puiffante que toutes chofes, il n'avoit rien à craindre de la part des hommes.

[Il mourut dans la foi, comme Abraham & Ifaac, fans avoir reçû non plus qu'eux les biens que Dieu leur avoit promis.] Ces faints Patriar ches font morts, fans avoir été mis en possesfion de la Terre promife, qui n'étoit que pour leurs defcendants. Ils n'ont rien poflédé ici bas, conformément à leur foi, qui ne leur y promettoit rien. Ils n'ont point été furpris

H

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