VI A MONSEIGNEUR LE DUC DE CHARTRES. Mo ONSEIGNEUR, Le bonheur qu'a eu mon premier Ouvrage fur l'Ecriture fainte, d'être pour vous de quelque ufage au com mencement de vos études, me donne la confiance de vous offrir celui-ci, qui eft destiné à en fanctifier le progrès. J'ai crû, MONSEIGNEUR, que je ne pouvois ni mieux répondre au goût que vous avez pris dès vos plus tendres années à la lecture de l'Abbrégé de l'Ancien Teftament, ni mieux reconnoître les marques de bienveillance dont il vous a plû de m'honorer à cette occafion, qu'en travaillant à donner à l'ouvrage une forme plus parfaite par des extraits de l'Ecriture plus étendus; & à vous le rendre utile pour toujours, par des réflexions qui puissent vous aider à prendre de bonne heure l'heu reufe habitude de méditer les faintes Ecritures. Car il n'en eft pas de l'étude de e livre divin, comme de celle des fciences humaines & des auteurs profanes, dont il convient furtout aux Princes d'orner leur efprit, & de perfectionner leur raison. Chaque Science aura fon temps pour vous, MONSEIGNEUR, & entrera dans le plan de vos exercices. Les Ecrivains de la Gréce & de Rome paẞeront fucceffivement fous vos yeux. Mais au milieu de ces études, dont chacune ne peut occuper que la moindre partie de votre jeuneße, il y en a une,& c'est l'étude des véritez de la Religion dans les livres faints,qui eft de tous les âges de la vie ; qui doit animer toutes les autres, & les con la feule qui facrer par la piété ; puiße vous préserver de la féduction du menfonge & de l'erreur;vous def fendre contre l'efprit d'orgueil, de diffipation, & de curiofité ; conferver & faire croître les précieufes femences de vertu, que l'Esprit faint a jettées dans votre cœur, & qui font notre joie & notre espérance. Il viendra un temps, MONSEIGNEUR, où la volupté & la flatterie s'efforceront de corrompre ce cœur,dont nous admirons la droiture, les fentiments nobles & généreux, l'inclination bienfaisante, la tendre compaffion pour les miférables. Peutêtre même (car à quels périls les Grands ne font-ils point exposez?) de prétendus efprits forts oferont-ils attaquer les fentiments de foi, de crainte de Dieu, de respect pour Religion, dont vous êtes fi pénétré, la &qu'on cultive avec tant d'application, fous les yeux d'un Pére qui vous doit être plus cher encore par le foin qu'il prend de vous former à la vertu, que par la vie que vous tenez de lui. celles Vous n'aurez point alors, MoNSEIGNEUR, d'autres armes contre defi dangereux ennemis, que que peut fournir la lecture & la méditation de la parole de Dieu. Heureux, fi continuant de faire vos délices de ce faint exercice, & marchant fur les traces du grand Prince qui vous a donné le jour, vous comprenez comme lui, au milieu de l'éclat qui vous environne, qu'il n'y a rien de grand que Dieu rien d'aimable que la vertu, rien de Solide que ce qui eft éternel, rien |