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dix-huit mille de Rome; mais fachant que le Ans de Conful Lavinus le pourfuivoit avec une Armée, Rome. il fe retira dans la Campanie. On lui envoya des Ambaffadeurs pour retirer les prifonniers, Pyrrhus les reçut honorablement, & renvoya les prifonniers fans rançon. Il fut fi charmé de Fa- 473bricius l'un des Ambaffadeurs, qu'ayant fçû qu'il avoit peu de bien, il effaya de le gagner par 474l'offre qu'il lui fit de lui donner la quatrième par tie de fes Etats. Mais Fabricius méprifa ces offres, ce qui fit que Pyrrhus également furpris de la vertu & du défintereffement des Romains députa à Rome un des premiers de fa Cour nomé Cyneas, pour demander la paix à de juftes conditions, de forte cependant que cette partie de l'Italie qu'il avoit conquise lui resteroit.

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2

rien qui pût lui
Fabricius à la ta-

Ibid.

mitié, fans vouloir éxiger de lui faire déshonneur. La réflexion de ble de ce Prince, fur ce que Cineas difoit touchant les Epicuriens, qu'ils faifoient confifter le fouverain bien dans une vie voluptueufe, & tout-à-fait éloignée a Plutar des affaires publiques, & qu'ils ne croyoient pas que les Dieux fe fouciaffent du gouvernement du mon- Val. de, la réflexion, dis-je, que Fabricius fit là-deflus, Max.lib. a en s'écriant, faffe le ciel que Pyrrhus & les Samnites 4 c. 3. Ciceron de prennent un grand goût à cette Philofophie, pendant qu'ils ont la guerre avec nous, ne fut pas la moindre caufe qui fit Senect. c. concevoir à Pyrrhus une très-bonne opinion des Ro- 12: mains. Il goûta tellement les manieres de Fabricius bPlutar. qu'il lui offrit la premiere place dans fon Confeil & ibid. dans fes armées, s'il vouloit venir avec lui après la Julius paix; Eutrope die que Pyrrhus offrit la quatriéme Higinus partie de fon Royaume à ce Conful. Fabricius avec fa franchife ordinaire, blui répondit, il n'eft nullement rebufque de votre interêt de m'avoir auprès de vous, car ceux qui vous bonnorent & qui vous admirent aujourd'huy, aimeroient mieux rum lib. m'avoir pour Roy, s'ils avoient connu ce que je fray faire. 6. apud Ce difcours ne parut point choquer Pyrrhus, & n'em. A. Gelpecha pas que Fabricius n'obtint fur le fujet de fon lium. lib. Ambaffade affez de fatisfaction.

de vita

illus.viro

I. cap..

c Fabricius refufa auffi les préfens que lui offrirent 14 les Samnites. Les Ambaffadeurs qu'ils lui envoyerent Val. ayant étalé les bons offices qu'il avoit rendus à leur Max lib.. nation depuis la paix, le prierent. d'agréer une ban- 4:3

Pax difplicuit, remandatumque Pyrrho à Senatu eft, eum cum Romanis, nifi ex Italia receffiffet, pacem habere non poffe. Tum Romani jufferunt captivos omnes, quos Pyrrhus reddiderat, infames haberi, qui fe armis deffendere potuif fent, nec ante eos ad veterem ftatum reverti, quàm fibi notorum hoftium occiforum fpolia retuliffent. Ita legatus Pyrrhi reverfus eft à quo cum quæreret Pyrrhus, qualem Romam comperiffet, Cineas dixit, regum fe patriam vidiffe: fcilicet tales illic effe omnes, qualis unus Pyrrhus apud Epirum & reliquam Græeiam putaretur. Miffi funt contra Pyr rhum duces Publius Sulpicius & Decius Mus Confules. Certamine commiffo Pyrrhus vulneratus eft, Elephanti interfecti, viginti millia cæfa hoftium ; & ex

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ne fomme d'argent qu'ils avoient ordre de lui offrir, d'autant plus qu'il lui manquoit une infinité de cho-fes neceffaires à l'ornement de fa maifon, & à fa table, & qu'il n'avoit pas un équipage_proportionné a fon rang & à fon mérite. Sur cela, Fabricius étendit les mains depuis fes oreilles jufqu'aux yeux, en-fuite fur le nez & fur la bouche, puis fur la gorge, & ainfi de fuite jufques au bas du ventre & dit aux: Ambaffadeurs: Pendant que je pourray commander à toutes les parties que j'ay touchées, rien ne me manquera : Ain-n'ayant nul befoin d'argent, je n'ay garde d'en recevoir de ceux que je fçay qui en ont befoin.

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Il n'avoit pour toute vaiffelle d'argent qu'une taffe Pline. & une faliere, & il ne vouloit pas que les Généraux: lib. 33. allaffent plus ioin à cet égard : a Bellicofos imperatores 6.1.2. plus quam pateram & falinum ex argento habere vetibat. Il fe nourriffoit des herbes qu'il arrachoit, & qu'il culMax.lib. tivoit lui même.

Val.

46.4 2. On ne voulut point confentir, &c.) Ce fut Appius

Rome.

2 On ne voulut point confentir à cette paix, & le Sénat fit dire à Pyrrhus qu'on ne traiteroit point avec lui, qu'il ne fût forti de l'Italie. Alors les Romains déclarerent infames tous les prifonniers que Pyrrhus avoit renvoyés, parce qu'ils s'étoient laillé prendre fans aucune résistance; & il fut réfolu qu'on ne les réhabiliteroit point qu'ils. n’eussent tué les mêmes ennemis devant lefquels ils avoient montré tant de lâcheté, & qu'ils n'en euffent apporté les dépouilles. Ainfi‍l'Ambasfadeur s'en retourna fans avoir rien conclu. Pyr-rhus lui ayant demandé comment il avoit trouvé Rome, il luy répondit qu'il avoit vû la demeure des Rois, voulant faire connoître par là que chaque Sénateur en particulier lui avoit paru auffi grand que pouvoit être Pyrrhus dans l'Epire, & dans le refte de la Grece. On envoya contre Pyrrhus Publius Sulpicius & Decius Mus Confuls, 4 Dans la bataille qui fe donna, Pyr- 474thus fut bleffé, & fes éléphans furent tués, avec perte de vingt mille hommes ; les Romains n'en Cæcus qui empêcha l'accommodement l'ay remarqué. Le Sénat renvoya néanmoins à Pyrrhus autant de Prifonniers qu'il en avoit rendus, afin Sous le de ne lui point ceder en générofité.

comme je

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475

En met-

tant cette bataille

2. Con3. Ainfi l'Ambaßadeur, &c.) On doute fi l'Am- fulat de baffade de Cineas à Rome n'a point précedé celle de Fabri Fabricius vers Pyrrhus. Ce qu'il y a de certain, c'eft cinse que Pyrrhus ne fit rien de confiderable dans la feconde Campagne; les deux premieres batailles fe donnerent, l'une pendant la premiere Campagne fous le Confulat de Lævinus, l'autre pendant la troifié. me; l'année d'entre deux ne se passa qu'en propofitions de paix. C'eft dans cet intervalle que Fabricius alla vers Pyrrhus, & que Cineas fut envoyé aux Romains, mais il n'eft pas certain le quel des deux partit le premier.

4. Dans la bataille, &c.) Cette bataille fe donna auprès d'Afculum l'an de Rome 475. fous le Con-fulat de Fabricius, elle fut là feconde contre Pyrrhus ; car on ne compte ordinairement que trois batailles: entre ce Prince & les Romains, dont les deux pre-mieres précedent fon yoyage de Sicile, l'autre fe.don,

Romanis tantùm quinque millia. Pyrrhus Tarentum fugatus.

na après fon retour en Italie. Eutrope met cette feconde bataille fous le Confulat de Decius, il dit que Pyrrhus paffa en Sicile l'année fuivante & que le Conful Fabricius n'eut à faire qu'avec les Samnites & avec les Lucaniens dont il triompha. Eutrope peuts'être trompé auffi bien que Ciceron, qui dit lib. 2. de finib. que le Conful. P. Decius fut tué dans une bataille contre Pyrrhus ; fi cela étoit, il faudroit neceffairement faire de deux chofes l'une, ou reconnoître quatre batailles, ou nier celle d'entre Pyrrhus & Fabricius. Car il eft certain que le Confulat de P. Decius a précédé le fecond Confulat de Fabricius, & fuivi celui de Lævinus fous lequel la premiere ba taille fut donnée l'an 473. Le P. Labbe. Chronol. Franc. & la Fazole. Hift. de la République. Romaine, en reconnoiffent quatre mais le premier met avant le Confu

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Interjecto anno, contra Pyrrhum Fabricius eft miffus ; qui priùs inter legatos follicitari non potuerat, quarta parteregni promiffa. Tum, cùm vicina caftra ipfe & rex haberent, Medicus Pyrrhi ad eum nocte venit promittens venenoPyrrhum occifurum, fi fibi aliquid polliceretur ; quem Fabricius vinctum reduci juffit ad dominum, Pyrrhoque dici, quæ contra caput ejus Medicus fpopondiffet. Tunc rex admirans eum, dixiffe fertur: Ille eft Fabricius, qui difficilius ab honeftate quàm fol à curfu fuo averti poteft. Tum rex in Siciliam profectus eft.

1. Le Conful le fit arrêter, &c.). Ceci arriva l'an 475. un peu devant la bataille d'Afculum. Il y a mille diverfitez fur ce fait dans les Auteurs. Confultez le Dictionnaire de M. Bayle dans la remarque D. fur. Fabricius..

89 perdirent que cinq mille. Pyrrhus fut obligé de Ans de fe fauver à Tarente.

lat de Fabricius celle où Decius fut tué, le fecond la met après.

Plutarque & Florus affeurent pofitivement que ce fut entre Pyrrhus & Fabricius que la feconde bataille fe donna.

Elle fut très-vigoureuse. Ces Hiftoriens font partagés fur l'évenement. Les uns difent que Pyrrhus la gaigna entierement, d'autres difent que l'avantage fut égal de part & d'autre. L'opinion la plus vrayfemblable eft que les Romains la perdirent, mais que Parmée de Pyrrhus y fouffrit tellement, qu'il n'efpera rien de bon de la continuation de la guerre, puifque c'eft en cette occafion que lorsqu'on voulut le féliciter, il répondit : C'est fait de nous fi nous remportons encore une Victoire. -Ainfi ce fut très-à-propos qu'il fe vit appellé au fecours des Siciliens.

Rome.

Un an après on envoya contre Pyrrhus le Conful Fabricius, celui des Ambaffadeurs que ce Roy n'avoit pu corrompre par les offres. Lorfque les 479, deux Armées furent près l'une de l'autre, le Médecin de Pyrrhus paffa de nuit dans le camp de Fabricius, & lui fromit d'empoifonner le Roy, s'il vouloit lui affeurer une récompenfe. Le Conful le fit arrêter, & le renvoya chargé de chaînes à Pyrrhus, qu'il informoit en même tems de la trahison de fon Médecin. On dit que le Roy, furpris de la générofitè de Fabricius, dit de lui ces paroles Voilà ce Fabricius qu'il feroit plus difficile de faire fortir des voyes de l'honneur, que de détourner le Soleil de fa courfe. 2 Pyrrhus marcha enfuite avec fon armée du côté de la Sicile,

2. Pyrrhus marcha enfuite, &c.) Pyrrhus après ia bataille d'Afculums l'an de Rome 475. paffa en Sicile, d'où on lui avoit envoyé des Ambaffadeurs pour le prier de venir délivrer cette Ifle du joug des Carthaginois, & de celui de plufieurs petits Tyrans. Cette expédition eut d'abord un heureux fucces; mais ces Infulaires, dont l'efprit trop Républiquain ne répondoit point à l'humeur de Pyrrhus, ne purent souf

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