Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fofe me flater de l'approbation du Public. Que n'efpererois-je donc pas de lui s'il voyoit mes motifs ? Mais votre modeftie, M ONSEIGNEUR, me contraint de les cacher, ne sçauroit fouf frir que je faffe connoître ce que j'admire en votre perfonne. Vous ne me permettez de parler, ni de la nobleffe de votre Maison, qui a donné tant de grands hommes à l'Eglife & à l'Etat ; ni des aimables qualitez de votre esprit

de votre cœur, qui vous ont rendu fi cher au plus judicieux des Princes. Je ne puis m'empêcher de dire qu'il y a une forte. d'injuftice dans ce filence forcé, tle Public pourra s'étonner que ce qui engage à la commettre, ce foit une de vos plus grandes

vertus. Cependant fi VOTRE GRANDEUR me défend de marquer ce que je respecte, peutétre ne fera-t-elle pas auffi rigide à m'obliger de taire ce que je fens. Cette bienveillance, cette glorieufe protection dont elle m'honore, méritent certainement une reconnoiffance proportionnée à tant de faveur. Que cet Ouvrage n'est-il fuffifant pour remplir un devoir fijufte!mais j'avouë qu'il eft infiniment au-deẞous de ce que je dois. Comme votre bonté feule, MONSEIGNEUR, peut suppléer à ce défaut, je vous fupplie de n'avoir égard qu'à mon zéle, d'agréer que je rée) pare en quelque façon la pe. titeffe de mon offrande par la fincerité de mon dévouement, & par

le profond respect avec lequel je ferai toute ma vie,

MONSEIGNEUR,

DE VOTRE GRANDEUR

Le très-humble & trèsobeïffant ferviteur.

LEZEA U.

C

PREFAC E.

'Eft une grande témérité, me dirat-on, de travailler fur un fujet qui a été traité par tant d'habiles Auteurs; cela eft vrai, je l'avoue. Mais la raifón qui auroit dû m'en détourner, eft précifément celle qui m'y a le plus porté. Il m'a paru que la plupart de leurs Ouvrages étoient ou trop étendus ou trop abrégés: que les uns n'inftruifoient pas af fez,& ne fervoient qu'à entretenir l'ignorance, loin de la diffiper; & que les autres étant trop chargés de faits & d'évenemens, ne caufoient pas moins d'embarras que de dégoût.

J'ay donc cru que le Public ne feroit pas fâché de voir raffemblé dans un feul Volume tout ce que l'Empire Romain nous offre de plus remarquable dans fa naissance, dans fes progrès, dans fon luftre, & dans fa décadence. Je me fuis fervi pour cela de l'Abregé qu'en a fait Eutrope; cet Abregé, au ftile près, qui eft trop fimple & trop bas, & qu'on doit lui pardonner fi l'on a égard au fiécle où il vivoit, eft un desplus concis, des plus

méthodiques, & des plus clairs que nous ayons. L'Auteur s'eft affujetti fcrupuleufement aux circonftances des temas & des faits les plus mémorables; il a rapporté par ordre ce qui a le plus éclaté dans les differens Etats de l'Empire ; & il paroît qu'il n'a eu d'autre vûë, que de faire appercevoir d'un coup d'œil ce qui s'eft paffé de plus confidérable depuis Romulus jufqu'à Valens, c'eft-à-dire pendant près d'onze fiécles.

Mais comme il manque à cet Abregé une infinité de particularitez importantes, & qu'Eutrope en confultant les Auteurs plus anciens que lui, s'eft souvent trompé avec eux, foit dans les faits, foit dans la Chronologie, j'ay joint au bas du Texte des Notes critiques & hiftoriques pour fuppléer à la brieveté de l'Auteur, & pour en corriger les fautes.

J'ay lû avec la derniere attention prefque tous les Auteurs anciens, Grecs ou Latins, & même les Modernes, qui ont écrit fur cette matiere, j'ay tâché de les concilier dans leurs variations, & de démêler le vrai d'avec l'incertain; heureux! fi j'y ay réüffi.

Ainfi le Lecteur fans recourir à un amas confus de Livres, dont plufieurs font remplis de contrarietez, pourra par ce feul Volume avoir une connoiffance entiere & jufte, mais courte & précise

« AnteriorContinuar »