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a ibid.

b Salufte

ibid. Florus. ibid.

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rétablir le mauvais état de fes affaires tandis que les armes Romaines étoient occupées aux dernieres éxtremitez du monde, & que Rome étoit univerfellement corrompue, fe ligue avec une bande de fcélérats tels que lui, forme avec eux le deffein d'opprimer fa patrie, de maffacrer le Sénat, d'égorger les Confuls, de mettre le feu à tous les coins de la ville, de piller le tréfor public, & enfin de renverfer de fond en comble la République, &, comme dit a Florus, de faire tout ce qu'Annibal, quelqu'ennemi qu'il fût des Romains, n'eût peut-être jamais pensé. Ses complices, qui l'auroit cru?) font les perfonnes les plus illuftres & les plus diftinguées dans Rome. Comment s'engagent-ils les uns aux autres de la maniere la plus horrible. Catilina leur préfente à la ronde une coupe remplie de fang humain mêlé avec du vin, afin qu'en buvant tous d'un même fang, ils euffent entr'eux cette union que la nature leur avoit refulée, & n'euffent par conféquent tous qu'une même volonté, qu'un même sentiment, & ne se trahîssent jamais.

b C'étoit fait du plus glorieux Empire de l'Univers, fi cette conjuration ne fût arrivée fous le Confulat de Ciceron & d'Antoine. Le premier découvre l'entreprise, on arrête quelques complices, & on les punit; l'autre marche contre l'auteur du complot, qu'on avoit laiflé imprudemment échapper, & qui avoit levé une nombreuse armée, il l'attaque lui & les fiens, & tous ces, fcélérats plûtôt que de plier ou de fe laiffer prendre, fe faifant tuer en défefperés, vendent cherement leur vie, & meurent fans fortir du pofte qu'ils avoient pris au commencement du combat. On les y trouva tous après leur mort, & même ils confervoient encore un air terrible & ménaçant.

Rome hors de péril ne fongcoit qu'à jouir de

fa

ibid. ch.

2.

& de

fa liberté, de fa grandeur, & de fon opulence, lorfque l'orage qui devoit la renverfer, s'éleva. La fortune, qui laffe de favorifer cette ville, portoit envie à fon bonheur, lui fit tourner fes armes contre elle-même, Céfar & Pompée, les a Florus deux plus illuftres Généraux de la République, deviennent jaloux l'un de l'autre ; ils envient réciproquement leur gloire & leur réputation, & Guerre méditent de fe perdre. On s'apperçoit de leur de César haine, & pour en prévenir les cruelles fuites, Pomon ménage infenfiblement leur réconciliation pée. par le mariage de l'un avec la fille de l'autre. En effet tant que Julie vêcut, elle entretint la paix & l'union entre le beau-pere & le gendre; mais la mort l'ayant enlevée, l'union ceffe, & la jaloufie fe réveille entre ces deux grands Capitaines. Les richeffes de Céfar deviennent fufpectes à Pompée, & la dignité de Pompée jointe à la haute réputation, donne de l'ombrage à Céfar. L'un ne veut point de compagnon, l'autre ne peut fouffrir un maître. Chofe étrange ! ils fe difputent le premier rang, comme fi l'Empire du monde n'eût pas été capable de les fatisfaire tous deux. Pompée traverse à Rome le grand crédit que Céfar s'y étoit acquis par fes profufions, & par fa longue fuite de victoires & de conquêtes dans les Gaules. Il met tout en ufage pour lui faire donner un fucceffeur, & le faire rappeller: mais fes efforts font inutiles; la brigue & le parti de Céfar l'emportent. Les amis. de Pompée font une derniere tentative. On avoit arrêté par un Décret que Célar, quoiqu'abfent,' pourroit être admis au Consulat, on veut le lui refufer fous prétexte de cette absence. Le Sénat lui ordonné de licentier fon armée, & de revenir à Rome pour demander cette dignité à la maniere ordinaire, & fuivant les Loix, Céfar irrité de ce qu'on ne lui gardoit pas la parole qu'on lui avoit donnée, prend de-là occafion de rete

b

sap. 32.

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nir le commandement. Là-deffus on lui déclare la guerre comme à un ennemi de la République. Ce fameux Conquerant fe voyant chèri d'une armée victorieuse, forme donc le deffein de tourner contre fa patrie les mêmes armes que fes Souverains lui avoient mises en main pour fubjuguer leurs ennemis. Il vole fur les bords du Rua Suetone bicon: a mais réfléchiffant auffitôt fur la réfoluin Cafare tion, il balance quelque tems s'il paffera ce fleuve, ou s'il s'en retournera; enfin il eft encouragé par un prodige, il le paffe lui & fon armée. Ce fut alors qu'il prononça ces paroles fi célébres: Allons où nous appellent les prodiges des Dieux & l'injustice de nos ennemis le fort en eft jetté. Après avoir franchi le fault il déchire le devant de fa robe en préfence des Tribuns du peuple qui l'étoient venu trouver les larmes aux yeux, il implore le fecours de fes foldats la harangue la plus vive & la plus tendre, il leur répréfente l'injuftice de fes ennemis, & comme il eft forcé de prendre les armes contr'eux ; il s'avance enfuite vers Rome. Toutes les villes d'Italie tremblent à fes approches, & lui ouvrent leurs portes; tout cede à fa valeur, Pompée luimême & fes partifans effrayés de fes grands progrès, & encore plus de fa diligence, se retirent. avec précipitation, ils paffent la mer, & fe hâtent d'arriver en Theffalie dans l'efperance d'y trouver une plus heureuse fortune.

b Voyez

par

b Céfar vient à Rome: il y entre en maître. M. Bayle La ville eft fi foumise à fes volontez, qu'on cût dans l'ara dit qu'elle étoit accoûtumée depuis longtems au Metellus. joug de la fervitude. Le feul Metellus Tribun du

Eicle de

peuple a la hardieffe de s'oppofer à Célar qui vouloit fe faifir du Tréfor que l'on gardoit dans le Temple de Saturne. Céfar fe mocque, & de l'oppofition, & des Loix qu'on lui allegue. Il va droit au lieu où ce tréfor étoit en dépôt. Il le trouve fermé, & fur le refus qu'on lui fait, de

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lui donner les clefs, il fair rompre les portes. Metellus renouvelle fes oppofitions Céfar le ménace de le tuer: Jeune homme, lui dit-il, tu n'ignores pas qu'il me feroit plus aife de le faire que de le dire. Le Tribun fe retire fans plus réfifter, & lui laiffe toute la liberté de prendre ce qu'il veut dans cette Epargne.

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Céfar après avoir difpofé de la ville à son gré, paffe en Espagne, a Il dit fierement avant fon départ qu'il alloit attaquer une armée a Suetone fans Chef, & que de-là il marcheroit contre un in Cafare Chef fans armée. Il ne fut pas longtems fans re- cap; 34. venir à Rome victorieux. A fon arrivée il fe fait nommer Dictateur, & quelques jours après, Conful. Auffitôt il paffe dans la Grece pour attaquer fon ennemi, il le joint près de Pharfale, & le défait dans les plaines de cette ville. Pompée vaincu s'enfuit en Egypte. Célar loin d'être ébloui de fa victoire, fonge que fon adversaire vit encore, il ne veut pas laiffer l'ouvrage imparfait, il donne fes premiers foins à le pourfuivre, pour lui ôter le tems de recueillir les débris de fon armée,

Que devient Pompée ? la fortune l'abandonne à fon malheur. Ce grand Homme qui peu auparavant le faifoit redouter par-tout, qui fembloit tenir la fortune enchaînée, & dont la haute réputation lui avoit mérité le furnom de Grand, ne fçait plus où chercher un azyle. Prêt de tomber dans les mains de Céfar, il se retire dans la Cour d'un Monarque qui lui étoit redevable de La Couronne, & dont il le promettoit tout fecours; mais le lâche & perfide Prince, fous prétexte de faire plaifir au Vainqueur, envoye à fon bienfaiteur des affaffins au lieu de fecours, b Le malheureux Pom- b Florus pée eft affaffiné, & meurt à la vûë de fa femme lib. 4. & de fes enfans fur les bords de l'Egypte ; & pour comble de malheur c'eft les mains de Septime qui avoit autrefois fervi fous lui, & qui

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par

cap. 2.

l'avoit abandonné. On lui coupe la tête qu'on porte à Célar. Celui ci verfe des pleurs en la voyant, & venge la mort de ce Héros par celle du Prince qui l'avoit ordonnée.

Que peut-on penfer de ces larmes ? celui qui avoit facrifié des milliers d'hommes à fon ambition, pleure lorfqu'il apprend le meurtre de celui dont il avoit juré la perte, & qui lui affeure par fa mort l'Empire de l'Univers. Etoit-il fâché qu'il fût péri par d'autres mains que par les fiennes, ou de ne l'avoir pas à fa difcrétion pour infulter à fon malheur, & le faire fervir d'ornement à fon triomphe Etoit ce par générofité qu'il regretoit un homme qui lui étoit odieux depuis long-tems? Que ce procedé paroît fufpect! Céfar fe confole bientôt entre les bras de la belle Cléopatre il donne à cette Princeffe le Royaume d'Egypte après la défaite & la mort de Ptolomée; & a la guerre l'apellant dans le Pont, où le fils 1 Phar- de Mithridate s'étoit révolté, il y court, & comme un foudre qui en un moment tombe, frappe, & difparoît, il l'attaque, il le défait, & le contraint de fe tuer prefqu'au même tems. C'est ce qui fit dire à cet Empereur, qu'il avoit vaincu jon ennemi avant que de l'avoir vû.

a Idem ibia.

nace.

bid.ibid.

de bello

Gallico

Une nouvelle guerre 6 s'élève en Afrique, où tous les débris du naufrage de Pompée avoient été jettés par un coup de mer. Vous les euffiez plutôt pris pour une Armée fraîche & entiere, que pour les reftes d'une Armée défaite. On y cCafar voit bientôt retourner Céfar. c Jamais homme n'avoit mieux compris que lui combien il importe à un Général d'Armée d'être diligent. Il avoit été plus d'une fois redevable de la victoire à fes did. ibid. promptes marches. d Il ne donnoit pas le tems aux ennemis de fe reconnoître, & de fe précautionner. Il couroit comme la foudre, il devançoit la renommée, & fes ennemis n'apprenoient qu'en le voyant fondre fur cux, qu'il eût fait marcher

lib. 7.

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Lib. 4.

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