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fes

a id. ibid.

troupes. a Rien n'étoit capable de l'arrêter. Céfar avec la promptitude fa vigilance, lib. 7.

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& fon ardeur ordinaire b arrive donc en Afri- b Florus

que.

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La victoire s'y déclare pour lui là comme par-tout ailleurs. Il fe rend enfuite en Espagne, où les fils de Pompée avoient rallumé la guerre pour venger la mort de leur pere. Il se donne plufieurs combats où Céfar eut toujours l'avantage; mais le dernier qui fut celui de Munda, pensa lui être funefte. Le fuccès fut long-tems douteux. Ses foldats accoutumés à vaincre y parurent abbatus. La fortune s'y montra irréfolue: on eût dit qu'elle éxaminoit fi elle éxcepteroit Céfar de la régle générale, qui est d'abandonner fes amis lorfqu'elle les a élevez, & de leur faire payer dans un jour tout le bien qu'elle leur a fait pendant plufieurs années. Céfar lui-même eft trifte contre fon ordinaire, foit qu'il fit quelques réfléxions fur la fragilité des chofes humaines, foit qu'une fi longue fuite de profpéritez commençât à lui devenir fufpecte, ou qu'enfin fe voyant ce qu'avoit été Pompée, il ap préhendât un fort pareil au fien. Mais, ce que Célar n'avoit point encore vû, & ce qu'il n'eût jamais pensé, les Véterans après quatorze ans de fervice où ils avoient donné mille preuves de leur valeur, reculent lâchement ; & s'ils ne fuient pas encore, c'eft plutôt la honte que le courage qui les retient. Céfar outré de cette lâcheté, def cend de cheval, & court tout furieux à la tête des fiens. Il arrête lui-même les fuiards, il les raffûre, il vole de rang en rang, & fe trouve partout en un instant. On dit même que dans le trouble où il étoit, il fut prêt de fe tuer. Mais tout-àcoup les troupes fe raniment, & arrachent aux ennemis une victoire que la fortune fembloit leur avoir destinée.

Céfar ayant ainfi étouffé les guerres civiles par

toute la terre

revient à Rome cüeillir le fruit

ibid.

a Dion

lib. 44.

Plutar

que dans

Les enne

de fes victoires. Pour mieux parvenir au deffein qu'il avoit de dominer, il fe maintient dans l'eftime des foldats par fes largeffes & par fes libéralitez ; il fe concilie la faveur du peuple par les préfens, par les fpectacles, & par les feftins. Enfin, comme il n'avoit point de Concurrent à craindre, & que tout étoit foumis à ses volontez, il s'empare du fouverain pouvoir, & dispose de tout en maître fous le titre de Dictateur. Telle eft l'origine de l'Empire. Confiderons maintenant ce Prince depuis fon ufurpation.

La flaterie s'empare du Sénat : ce Tribunal auparavant fi jaloux de la Liberté, a décerne à Caffius l'oppreffeur des honneurs fi éxceffifs, qu'on ne circa init. peut en être affez étonné, quand on envifage l'efprit de fervitude qui paroît d'abord dans cette conduite. Mais il faut obferver qu'il y entra beaucoup de fineffe Républicaine. En effet, dès que bidem les Sénateurs eurent apperçu qu'il fe plaifoit à ibid. accepter ces diftinctions honnorables qu'ils lui conferoient, ils en inventerent de nouvelles fans la vie de méfures & fans bornes, 6 afin de le rendre odieux, cet Empe- & de préparer fa perte plus promptement. Ce reur, ob- fut la vie de la plupart des Sénateurs, Quelques ferve que autres furent véritablement animés d'un esprit de mis decé- flaterie & il y en eut même qui ne fongerent far ne qu'à le méprifer. c Il s'en trouva qui furent d'acontribue- vis qu'on lui décernât la permiffion de jouir de toutes les femmes qu'il lui plairoit, parce qu'il en avoit plufieurs à fon ufage, quoiqu'il eût plus teurs à de cinquante ans. Il ne découvrit point le piége, il fe laiffa ébloüir par l'éclat de ces décrets du Séil parut perfuadé qu'il les méritoit, il en devint plus orgueilleux, & s'oublia de telle forte, qu'un jour dil ne daigna pas fe lever lorfque le d Id. lib. Sénat lui porta l'Arrêt qu'on venoit de rendre Suetone pour augmenter fes honneurs. Cette incivilité in Cafare jointe au titre odieux de Roi que les favoris vousap. 78. lurent lui procurer, & qu'il parut fouhaiter lui

rent pas moins que

fes fla

ces Dé.

crets du Sénat. c Dion ibid

42.

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même, fut la principale caufe de fa ruine Tous les honneurs qu'on lui avoit rendus, dit

a Florus

étoient proprement des guirlandes a Lib. 4. dont on l'avoit paré comme une victime defti- cap. z. née à la mort. On ouvre enfin les yeux, on commence à fentir le poids du joug, & l'on cherche à le fecoüer. Brutus & Caffius, & quelques autres Patriciens ne trouvent pas de moyens plus feurs pour y réuffir, qu'en fe défaifant de l'Ufurpateur; ils confpirent donc contre la vie. Le Sénat eft le lieu où doit s'éxécuter le complot, & où, felon eux, la liberté doit renaître. Que la force de la deftinée eft puiffante le bruit de la conjura tion s'étoit répandu par-tout; 6 le jour même on b Idem présente à Céfar un mémoire de toute la trame; ibid. & de cent victimes qu'il immole, il ne s'en trou. ve pas une qui lui donne des fignes favorables. Néanmoins il fe rend au Sénat, & c'est là qu'il eft impitoyablement maffacré, Lés Conjurés s'empreffent à qui portera le coup mortel, & il eut le cruel défespoir de fe voir expofé fous le poignard de Brutus qu'il avoit comblé de fes bienfaits, & qu'il nomma e fon fils en expirant.

il: ne

Suetone

in Cafare

cap. 81.

c Suetone

lib. 2.

cap. 20

Quelque fût le motif qui fit agir ces affaffins, ibid. cap. f'on ne peut affez blâmer leur procedé. Céfar eût 82. Pluil mérité cent fois la mort, ce n'étoit point à tarque in Cafare. quelques particuliers d'entreprendre de le punir. d Ils étoient fans doute bien aveuglés pour ne d Seneca pas voir qu'en l'état où étoient les chofes, de Benef. faloit point fe promettre le retour de la Liberté. La puiffance des Romains s'étoit trop étendue, leurs mœurs étoient changées; le luxe & l'ambition régnoient dans Rome avec trop d'empire, & caufoient trop de défordres & de violences. Une telle corruption des loix & des moeurs ne pouvoit finir que par une révolution d'Etat, D'ailleurs, le prix de l'ambition étoit trop grand: le pofte d'où l'on vouloit faire tomber le Vain→ queur du grand Pompée étoit tellement envié

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a Florus

cap. 3.

qu'il étoit facile de preffentir qu'à mesure qu'on l'ôteroit à une perfonne, plufieurs autres fe préfenteroient pour le remplir, & c'est ce qu'on vit arriver.

a Il fembloit qu'après la mort de Célar, le peulib. 4 ple Romain dût reprendre fon ancienne liberté ; il y fût effectivement rentré, fi César n'eût pas laillé des héritiers de fon fang & de fon ambition. Ceux ci fous prétexte de venger la mort du défunt, ne fongent qu'à perdre fes meurtriers, & à ruiner leurs projets. Envain les partifans de la liberté applaudiffent au meurtre de Céfar, envain ils embraffent la défenfe des Confpirateurs, & fe liguent pour faire tête aux chefs de la violence; ces derniers l'emportent, Brutus & Caffius font obligés de chercher leur feureté dans la fuite. Ils tâchent de foutenir le parti dans les Provinces, ils tiennent ferme dans la Macédoine pendant quelque tems avec de bonnes troupes : mais enfin la fortune fe déclare contr'eux; ces deux illuftres défenb Ibid. feurs de la liberté fuccombent à la fameuse sap. 7 journée de Philippes, & font réduits à la cruelle

néceffité de fe faire mourir eux-mêmes. Brutus éxpira, dit-on, 1 en infultant à la vertu : Malheu

1 On a blâmé Brutus d'avoir employé les dernieres paroles de fa vie à injurier la vertu : mais Florus lib. 4. cap. 7. donne fon approbation à la plainte de ce Républiquain. M. Bayle dans fes remarques fur Brutus, eft auffi du même fentiment. Les plain,, tes de Brutus, dit-il, étoient bien fondées, eu égard 99 au fyftême qu'il s'étoit fait. Il avoit confideré ,, la vettu, la justice, le droit, comme des chofes très-réelles, c'est-à-dire comme des êtres dont la ,, force étoit fuperieure à celle de l'injustice, & qui ,, mettoient enfin leurs fideles Sectateurs au-deffus ,, des accidens & des outrages de la fortune; & il ,, éprouvoit tout le contraire. Il voyoit pour la ,, feconde fois le parti de la juftice, la caufe de la ,, patrie aux pieds du parti rebelle il voyoit un ,, Marc Antoine le plus fcélérat de tous les hommes

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reuse vertu s'écria-t-il, que j'ay été trompé à
ton fervice! jay cru que tu étois un être réel, &
c'eft par-là que je me fuis attaché à toi ; mais
tu n'es qu'un vain nom, un phantome, la proie
l'Efclave de la Fortune.

La mort de ces deux grands hommes n'appaisa pas les troubles. Octave, Antoine & Lepidus, qui avoient formé entr'eux cette funefte ligue fi connue fous le nom de Triumvirat, commettent dans Rome les plus horribles cruautez, a Ils a Dion. fe livrent réciproquement leurs ennemis, ainfi lib. 47. qu'ils en étoient convenus, & rempliffent la ville de meurtres & de profcriptions.

Ces Triumvirs étoient trop ambitieux, pour conferver longtems leur union. Ils deviennent jaloux les uns des autres, & tâchent de fe fupplanter mais Octave l'emporte, il refte feul; & n'ayant plus de Competiteur à craindre, il réunit en fa perfonne toute l'autorité fuprême. C'est alors que Rome acheva de perdre fa chere liberté que Céfar avoit déja prefque entierement détruite.

fte.

Octave fi connu par le furnom d'Augufte, par. Céfar venu à l'Empire par toutes fortes de violences, Augu s'y maintint en éxcellent Souverain, Ecoutons parler M. de faint Evremont qui a fi bien répréfenté le Gouvernement & le génie de ce Prince.

66

qui les mains toutes dégoutantes du fang des plus "
illuftres Citoyens de Rome venoit de terraffer "
ceux qui maintenoient la liberté du peuple Ro- "
main. Il fe voyoit donc malheureufement abufé «
par l'idée qu'il s'étoit faite de la vertu ; il n'avoit “
gagné à fon fervice que l'alternative de fe tuer,
ou de devenir le jouet d'un ufurpateur, pendant "
que Marc Antoine avoit gagné au fervice de l'in- "
juftice la pleine puiffance de fatisfaire toutes fes "
paffions. Voila ce qui faifoit dire à Brutus que la "
vertu n'avoit aucune réalité, & que fi l'on ne vou- "
loit pas être pris pour dupe, il falloit la regarder "
comme un vain nom, & non pas comme une chofe. "

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