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rend par le combat fingulier de quelques perfonnes. Il s'agiffoit d'une action décifive, & le parti vaincu devoit absolument se soumettre à l'autre. Il fe trouve trois freres dans Albe, Rome en a tout autant, Ces fix braves acceptent le parti avec joye, & exposent généreusement leur vie a Citave re leges pour leur patrie. Tout le monde fçait comme la ne fas:fed fortune, après avoir été longtems partagée, ren- abftulit.

dit enfin le troifiéme Horace victorieux des trois virtus Curiaces, & comme il effaça tout le luftre de fa parrici dam: & victoire par le meurtre d'une foeur qui pleuroit facinus à la verité le bonheur de fa patrie, mais auffi intra glo que la mort de fon amant avoit mife au défef- riam fuit.. poir. a Les Loix demandoient la punition du Florus.. coupable, mais fa vertu le fauva, & fon crime fut enfeveli fous la gloire de fon action.

lib. I.

cap. 3.

Marcius

4. Roi

Après la mort d'Hoftilius, Ancus monte fur Ancus le Trône. Ce Prince, qui avoit, dit-on, les qualitez de Numa fon ayeul, fe montre, com- des Rome lui, grand amateur de la paix, & fait re- mains.. tomber fes fujets dans les amusemens & dans le repos dont fon prédéceffeur avoit eu bien de la peine à les retirer. Il donne d'abord fes foins à ce qui regardoit la Réligion, & le porte enfuite aux commoditez, & aux embelliffemens de la ville,

Tar

l'An

cien f

Le premier Tarquin, qu'on nomme autrement Tarquin l'Ancien, ne contribue pas mieux quin qu'Ancus à l'accroiffement de fon Etat. Il invente des ornemens, & donne des marques de Roi des diftinction, pour relever la dignité du Sénat, Rom. & donner plus de Majefté à l'Empire. Il fe porte auffi, comme fon prédéceffeur, aux commoditez & aux embelliffemens de la ville..

6. Roi

Servius Tullius pendant quarante-cinq ans de Servius regne, ne fait que très-peu de progrès. Tout Tullins fon föin eft de connoître éxactement le bien des des RoRomains, & de les divifer par Tribus afin de mains. tes faire contribuer avec justice & proportion aux

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Rome.

néceffitez publiques. Il inftitue pour cela le Cens qui étoit une revue générale du peuple. Tar- Enfin l'on voit paroître fur leTrône le cruel & Suquin le Superbe perbe Tarquin. Comment y parvient-il ? par un 7. & parricide, Impatient de regner, il traite Servius dernier fon beau-pere d'ufurpateur, il le fait maffacrer, Roi de & prend avec empire le titre de Roi. Rome vit alors l'action la plus éxécrable dont on eût jamais oui parler. Tullie Princeffe auffi cruelle & auffi fuperbe que fon mari, revenoit de le féliciter au Capitole, ou, felon d'autres, elle y couroit. Elle rencontra dans fon chemin le corps de fon pere encore tout fanglant étendu par terre; loin d'en être émuë, elle fit paffer fon chariot par deffus, fans vouloir permettre à fon cocher de détourner les chevaux ; & fi l'on en croit quelques Hiftoriens, lorfque fon cocher ému de ce funefte fpectacle, voulut s'arrêter pour lui en inspirer de l'horreur, elle lui ordonna d'avancer, en lui difant Le chemin qui mene au Trône ne peut être trop court.

Pour revenir à Tarquin le Superbe, l'on fçait quel fut fon regne, & la maniere dont s'établit la liberté. Les principales qualitez de ce Roi étoient l'orgueil, la cruauté, l'avarice. Il avoit mis Rome fous le joug, il gouvernoit fes fujets avec un fceptre de fer, & fa volonté abfolue étoit la feule Loi qu'il falloit fuivre. Que n'avoit-on pas à craindre d'un Prince qui faifoit cas d'une tête d'homme comme d'un pavot, &

1. Sextus fils aîné de Tarquin le Superbe, fe retira chez les Gabiens, fous prétexte d'avoir été maltraité de fon pere. Il fçut fi bien gagner leur confiance, qu'il fe rendit maître de la ville. Auffitôt il envoya demander à fon pere ce qu'il vouloit qu'il fift. Tarquin ne fit d'autre réponse aux perfonnes que fon fils lui avoit envoyées, que d'abbattre devant elles dans fon jardin les têtes des Pavots qui furpaffoient les autres en hauteur. A leur retour Sextus comprit les intentions de fon pere; il fit mourir les pre

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qui faifoit maffacrer de fang froid les plus confidérables d'entre fes vaincus ? Le peuple qui gémiffoit fous fa Tirannie, n'attendoit qu'une occafion pour se mettre en liberté, lorfque la mort de la miferable Lucrece la fit naître.

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Sextus fils aîné du Tiran, à l'abri du pouvoir Mort de de fon pere, éxerçoit sa brutalité. Eperduement Lucreamoureux de cette vertueufe Dame qui étoit ce. * une des premieres de la ville, il la furprend feule; & joignant la force aux ménaces, il appaife fa criminelle ardeur. La belle outragée, faFouche à elle-même, n'a pas la patience de furvivre à cet affront elle ne peut fe pardonner le crime d'un autre, elle affemble fes parens elle leur fait le récit de fon malheur & de fal peine, & après leur avoir remis la vengeange de fon honneur, elle fe tue en leur préfence & lave ainfi dans fon propre fang le crime du jeune Prince. Si l'on en croit 3 Ovide, la chafteté de cette belle parut jufques dans les derniers momens de fa mort: En expirunt, dit il, elle eut foin de ne pas tomber dans une posture indécente. Cette mort qui paroît de plus en plus finguliere, fait ouvrir les yeux aux Romains ils la regardent comme un chemin ouvert à la liberté, & mettent tout en usage pour en profiter.

Brutus de concert avec Lucretius, & Collatin Etablifépoux de Lucrece, fait emporter le corps de cet- fement miers d'entre les Gabiens, & priva les autres de la liberté.

2. Elle étoit fille de Spurius Lucretius Tricipitinus, pour lors Préfet de Rome. Cette charge étoit la plus confidérable de la ville. Celui qui la poffedoit étoit comme le Lieutenant du Roy, il gouvernoit la ville en fon abfence & avoit prefque la mê me autorité que le Roi lui-même.

3. Faft. lib. 2.

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Tunc quoque jam moriens, ne non procumbat honestè ›
Refpicit hæc etiam cura cadentis erat

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Selon Juftin, 14. ch. 6. Olympic, la mere d'Alexan dre le Grand, eut en mourant les mêmes précautions

de la

Répu blique

te infortunée, & le fait expofer en public, afin d'éxciter par ce fpectacle la pitié & l'indignation du Sénat & du peuple; il anime par fes difcours tous les efprits à la vengeance, & les porte à chaffer de Rome Tarquin avec fa femme & fes enfans. On ne fçauroit croire l'effet que produifit fa harangue jointe à ce trifte fpectacle, ni jufqu'où alla l'emportement & la fureur du peuple. C'étoit à qui prendroit plûtôt les armes pour courir à la vengeance. Brutus fçut profiter de ces difpofitions, & fit fi bien, que de Monarchie Rome devint République.

J'ay parlé jufqu'ici du premier âge de Rome, c'eft-à-dire des fept Rois qui l'ont gouvernée. Il eft aifé de voir qu'ils n'ont pas beaucoup contribué à fa grandeur, & que c'eft avec raison que les Hiftoriens ont appellé leur regne l'enfance de Rome; puifqu'elle n'a eu fous eux qu'un très foible mouvement, & qu'au bout de deux. cent quarante & quelques années, fon domaines'étendoit à peine à quinze mille de fes murs. Il y a apparence que ce qui a empêché fes proa Flor. grès, ça été le different génie de fes Rois, a Florus dit que cet Etat naiffant avoit befoin de ces Tom lib. talens divers & finguliers qu'on attribue à chacun d'eux, & que leurs differens caracteres, &. leurs differentes inftitutions ont eu leur utilité. Selon le même Hiftorien, il n'eft pas jufqu'à la tirannie de Tarquin qui n'ait été très avantageufe au peuple Romain, puifqu'elle donna lieu à l'établiffement de la République..

Hift.

1. c. S.

Voyons préfentement Rome gouvernée par les Confuls, c'eft à-dire fortant de l'enfance, & montant peu à peu au faîte de la grandeur.

Brutus fut donc le fondateur de la liberté ce fut lui qui perfuada aux Romains opprimés de fecouer le joug de la Royauté, & de chaffer de Rome un Tyran à double titre, qui avoit ufurpé la fouveraine puiffance, & qui loin. de:

faire légitimer fon ufurpation, ne s'éroit au contraire maintenu que par toutes fortes de violences. A bien confiderer la conduite de Brutus, je ne sçai fi la haine qu'il portoit à ce dernier Roy ne l'emporta point fur l'amour de la patrie, & fi fous prétexte de vouloir mettre le peuple en liberté, & le venger de la tirannie de Tarquin, il ne chercha point à fe venger lui-même d'un Prince qui lui étoit odieux par tant d'endroits. L'on fçait que Tarquin avoit fait mourir le pere & le frere de Brutus ; que celui-ci, pour ne pas éprouver le même fort, & afin de ne paffer point pour capable de venger leur mort, fut obligé de contrefaire le ftúpide, & que pendant tout le regne de Tarquin, il ufa d'une profonde diffimulation, attendant avec impatience le moment d'une révolution,

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Quoiqu'il en foit, Rome fe voyant en liberté voulut fe donner des Maîtres aufquels elle ne fût point tellement affujettie, qu'elle ne pût auffi leur commander. Ce fut là le motif qui la porta à créer des Confuls au nombre a de deux, a Ludont l'autorité feroit renfermée dans les bornes cius Junius

& Tar

d'une année, & partagée entr'eux. Ces Magif- Brutus, trats avoient toute l'apparence & tous les dehors de la Souveraineté, comme la Robe de pour- quin pre, la Chaire Curule d'yvoire, les Licteurs, Colla1les Faifceaux, & les autres marques de diftin- tin étion qui accompagnoient la Royauté; mais poux de leur puiffance n'étoit pas la même que celle des ce, fuRois. Ceux-ci ne connoiffoient point d'autres rent les loix que leur volonté, & ne fe croyoient com

Lucre

deux

pre

miers

1. On les portoit au nombre de 24. devant les pre- Conmiers Confuls; ils furent peu après réduits à douze fuls, fuivant l'avis de Publicola. Ils ne fe portoient pas devant les deux Confuls en même tems, mais devant l'un des deux alternativement de mois en mois..

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