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la fienne, & qu'en faisant dek grandes chofes, vous inspire Z ceux de nôtre âge le deffein de les dire & de les aprendre à la pofterité. C'est en partie ce que j'ai pretendu en vous dediant cet Ouvrage. Il ne me reste plus qu'à vous affurer que j'ai l'honneur, d'étre, avec un profond respect.

DE VOTRE EMINENCE

MONSEIGNEUR,

Le trés-humble & trés
obeïffant ferviteur,

MARSOLIER

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Ly a long tems que cette Hiftoire a été pros mife au public Quoi que l'Auteur n'ait au

cune part à ce que l'on en a publié, il ne laiffe pas le croire obligé de dégager la parole de fes amis.ll fe roit à souhaiter qu'il lui fût auffi facile de meriter l'aprobation de fes Lecteurs.

L'on peut dire par avance que ce ne fera pas le defaut du fujet, 1l eût été dificile d'en trouver un plus digne de la curiofité du public. L'abregé de la vie du Cardi nal Ximenez, que Monfieur Varillas a inferé dans celle de Chicfufit pour en convaincre tous ceux qui l'ont lû. Il n'eft pas poffible qu'ils n'aient fouhaité plus I. Partie.

vres,

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d'une fois que quelqu'un executât un fi beau plan, & donnât à cette Hiftoire toute l'étendue qu'elle inerite.

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outre

Mais quand le public n'auroit pas été prevenu auffi avantageufe ment qu'il l'a été en faveur de Cetre Hiftoire, il fufiroit pour lui aquerir fon eftime, de faire refle xion que la fin de l'Hiftoire eft d'inftrume, mais d'inftruire agrea blement. Pour inftruire , la verité, qui eft comme l'ame de 'Hiftoire, il faut avoir de grandes In re chofes à dire Il faut qu'elles foient dignes d'être tranfmifes à la pofte agnus rité. Pour inftruire agreablement, memo il faut de la diverfité dans les everzque nemens, de la varieté dans les faits Ho- que l'on raporte.

bus

dignis

Cicer.

viam C'eft ce qui fe rencontre dans erfari le fujet dont il s'agit. Le Cardinal Ximenez, dont on écrit l'Hiftoide Orat. re, étoit de fon tems ce que le Cardinal de Richelieu a été prefque de nos jours. Leur genie, leur fortune, leur politique, leurs

1.2.

maximes, leurs entreprises, leurs fuccés, tout fe reffemble.

Ils avoient tous deux l'ame grande, le genie élevé, profond, impenetrable, naturellement magnifique. Le cœur repondoit au genie. Ils l'avoient genereux, intre pide, capable des entreprises les plus hardies, & d'une fermeté à l'épreuve de ce qui a coûtume d'étonner les plus affurez. Comme ils étoient tous deux les perfonnages les plus habiles de leur fiecle, ils ont favorifé également les Sciences, les beaux Arts, & les gens de Lettres. C'eft ce qui n'a pas moins contribué que leurs grandes actions à leur aquerir la reputation qu'ils ont encore aujourd'hui d'avoir été les deux plus grands hommes que la France & l'Espagne aient jamais produit.

Cependant quelque raport qu'il y ait entre ces deux Miniftres d'Etat; le paralele ne fçauroit être fi exact que l'Espagnol n'ait fur le François à peu près le mêine avan

tage que les plus excellens Originaux ont d'ordinaire fur les meilleures copies. Il est vrai que Ximenez avoit je ne fçai quoi dans les mœurs qui degeneroit quelquefois en rudeffe. On le lui à fouvent reproché. Le Cardinal de Richelieu, au contraire avoit beau-coup de politeffe, l'efprit plus fouple, & qui fçavoit beaucoup mieux s'accommoder au tems & aux conjonctures.

A

Mais en revanche la feverité du Cardinal Ximenez étoit acompagnée d'une probité conftante, égale, incorruptible; d'un amour tendre pour le peuple, & de cette qualité fi rare, & pourtant fi neceffaire à tous ceux qui gouvernent, que l'Ecriture appelle la faim & la foif de la justice. D'ailleurs fa fermeté étoit éclairée : 11 penetroit fi bien la liaifon des caufes & des éfets, l'enchaînement des evenemens, le fort & le foible de ceux à qui il avoit à faire, qu'il forçoit, pour ainfi dire, les obftacles

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