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enfant? d'un jeune homme ? d'une femmelette? d'un tyran? d'une bête de fomme? d'un animal féroce? (V.11.) gos Onpiov..

VI I.

Tiens-toi recueilli en toi-même. Telle est la nature de la raison qui te sert de guide, qu'elle fe fuffit à elle-même, pourvu qu'elle obferve la juftice. Alors elle jouit d'une parfaite férénité. (VII. 28.) sis➡=ixovlta. VIII

Regarde au-dedans de toi. Là tu trouveras la fource du vrai bonheur, fource intariffable fi tu la creufes toujours. (VII. 59.) ivdov=oxáπlns.

ΙΧ.

Quelle eft préfentement l'ame que j'ai ? Eft-elle ou crainte, ou foupçon, ou defir effrené, ou quelqu'autre chose semblable? (XII. 19 à la fin.) Tíμov=Toilov 5,

X.

Quel bon ufage la partie fupérieure de

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ton ame fait-elle de fes forces? C'eft-là le

point effentiel. Tous les autres objets, soit qu'ils dépendent ou non de toi, ne font corps morts & que fumée. (XII. 33.) xãs

καπνός,

que

CHAPITRE X.

Sur les fpectacles.

I.

ON N inventa d'abord la tragédie, pour nous faire voir que la vie eft fujette à de grands accidens, qu'il eft de premiere inf- • titution de la nature qu'il en arrive, & que les mêmes chofes qui nous ont amusés au théatre ne doivent pas nous paroître infupportables fur la grande scene du monde; car vous voyez que le monde ne fauroit s'en paffer, & qu'Edipe, obligé de les fouffrir, s'écrie en vain : ô Citheron!

Il eft vrai que ces poëtes difent quelquefois de bonnes chofes; par exemple : fi les Dieux ne prennent aucun foin de mes en

fans, cela même ne fe fait pas fans raison. Et encore: il ne faut point fe fâcher contre les affaires. Et, il faut que notre vie foit moissonnée comme le font les fertiles épis; & autres pensées semblables.

...

Après la tragédie, on inventa la comédie que nous appellons ancienne, laquelle, ufant d'une liberté magiftrale, & disant tout par fon nom, fervit à rappeller à la modeftie des citoyens orgueilleux. Diogene, dans les mêmes vues, en emprunta plusieurs traits.

Confidere enfuite quel a été le but de la comédie moyenne, & enfin de la nouvelle, qui bientôt a dégénéré en une représentation ingénieuse des mœurs. On fait bien qu'il s'y dit auffi de bonnes choses; mais après tout, quel peut être le fruit de toute la peine qu'on prend à difpofer & embellir ces fictions? (XI. 6. πρῶτον == ἀπεβλέψει

I I.

Le goût des fpectacles magnifiques est un goût frivole. Ces grandes représenta

tions où l'on fait voir des troupes de grands

& de petits animaux, & des combats de gladiateurs, valent-elles mieux que la vue d'un os qu'on jette parmi des chiens? que celle d'un morceau de pain qu'on laiffe tomber dans un réservoir de poiffons, de fourmis qui travaillent à charrier de petits fardeaux, de fouris épouvantées qui courent çà & là, ou de marionnettes ?

Lorfque tu ne pourras pas éviter d'affifter à ces grands fpectacles, portes-y un sentiment de bonté ; point de piaffe; mais fonge qu'un homme n'eft vraiment eftimable qu'autant qu'il s'affectionne à des objets qui le méritent (1). (VII. 3.) JoUTIS

- ἐσπέδακεν.

(1) Marc-Aurele, fort ennuyé de tous ces jeux publics où cependant il croyoit devoir fe montrer, avoit pris le parti de s'occuper, dans l'intérieur de fa loge, à lire, à donner audience, à figner des expéditions. Capitolin.

.

CHAPITRE X I.

Sur les penfees & les mouvemens de l'ame.

TELLES

I.

ELLES que feront ordinairement tes pensées, tel fera ton efprit; car notre ame fe nourrit de pensées. Nourris-la donc fans ceffe de ces réflexions: par-tout où l'on peut vivre, on peut y bien vivre. On peut vivre à la cour, on peut donc y bien vivre auffi. De plus, chaque être fe porte vers l'objet pour lequel il a été fait. Cet objet eft fa fin, & ce n'eft que dans fa fin qu'il peut trouver fon bien-être & fon avantage. Or le bien-être d'un animal raisonnable eft dans la fociété humaine, puifque l'on a démontré il y a long-tems qu'il a été fait pour vivre en fociété. N'eft-il pas, en effet, évident que les êtres moins parfaits ont été conftruits pour ceux qui le font davantage, & ceux-ci les uns pour les autres ? Ce qui eft animé vaut mieux que ce qui ne l'eft pas,

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