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CHAPITRE XII.

Sur les troubles intérieurs.

I.

Sois comme un cap, contre lequel tous

les flots de la mer fe brisent. Il refte immobile; autour de lui tous les bouillons de l'eau reftent fans force.

Suis-je malheureux parce que telle chose m'est arrivée ? Non, bien certainement; je fuis même heureux fi je refte tranquille malgré cet accident, fi je n'en fuis ni abattu pour le moment, ni effrayé pour l'avenir. Car il pouvoit en arriver autant à tel qui y auroit fuccombé. Pourquoi donc le regarder comme une infortune, & non comme un bonheur? Donneras-tu le nom d'infortune à ce qui ne fauroit empêcher l'homme d'atteindre au but de fa nature ? Et l'homme peut-il être mis hors d'état d'y atteindre, par un événement qui n'altere point la conftitution de fon être ? On t'a dit quelle

étoit cette conftitution. Ce qui vient d'arriver t'empêche-t-il d'être jufte, magnanime, tempérant, fage, modeste, libre, d'avoir les autres vertus dont l'exercice conftitue effentiellement un être raisonnable? Souviens-. toi donc, toutes les fois qu'un événement t'inspirera de la trifteffe, de faire usage de cette maxime, que ce n'eft point un malheur d'éprouver des accidens, mais un bonheur de les fupporter avec fermeté. (IV. 49.) όμοιον = ευτύχημα (1).

I I.

Supprime l'opinion. Tu fupprimes : j'ai été bleffé. Supprime: j'ai été bleffe, tu fupprimes la bleffure. (IV. 7.) govλáby.

I I I.

Si tu parviens à corriger tes opinions fur tout ce qui femble t'incommoder, tu t'éta

ἐπι

(1) L'article 4 du manuscrit du roi fait partie de celuici; ce manufcrit ἄλυπος δὲ porte: πᾶς τέλω ουκ' άν... . κωλύει σε. Il omet ἀπρόπτωτον. On y lit enfuite ψευδη..... ἐλεύθερον ; τ' ἄλλα ὧν παρόντων.

bliras fur un terrein ferme. Qu'est-ce à dire toi? C'est dire ta raifon. Mais je ne Guis pas une pure raison. Eh bien, que ta raifon donc ne te tourmente pas; & fi le reste se trouve en mauvais état, laiffe-le faire, (VIII. 40.) i av = áutš.

I V.

Qu'il eft aifé de repouffer, d'anéantir toute imagination qui ne convient pas ou qui trouble l'ame, & de recouvrer dans le moment une entiere férénité d'efprit! (V.. 2.) as = rivar

εἶναι

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Pourquoi me troubler, fi ce qui fe paffe n'eft point un fentiment ou une action de méchanceté à moi, où fi l'ordre du monde n'en eft pas bleffé? Mais comment le feroit-il? (V. 35.) éï= x01võ.

V I.

κοινό.

Lorfque les objets qui t'environnent te font éprouver malgré toi une forte de trouble, reviens à toi au plus vite, & ne

fors de cadence que le moins qu'il fe pourra. Tu deviendras d'autant plus ferme fur la mesure, que tú y rentreras plus fou vent. (VI. 11.) irav=iravégxtotal.

VII.

Pour moi, je fais ce qui convient à ma nature. Rien du dehors ne m'en détournera; car, ou ce font des êtres fans ame, ou fans raison, ou égarés, & qui ignorent le bon chemin. (VI. 22.) iyà

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Reviens de ton ivreffe. Reprends tes efprits. Réveille-toi. Fais réflexion que c'est un rêve qui te troubloit. Etant bien éveillé, rappelle à ton imagination l'objet de ce trouble, tel que tu avois cru le voir auparavant. (VI. 31.) vævne

I X.

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Je peux du moins m'empêcher de juger & par conféquent d'être troublé ; car les objets extérieurs n'ont pas la vertu de pro

duire en nous des jugemens. (VI. 52.) ἐξεστι κρίσεων.

X.

Comment oublieras-tu tes principes, fi les pensées qui les appuient ne s'éteignent pas? Qu'il eft aifé de les faire revivre! Je fuis le maître de penser comme il convient fur l'objet préfent; pourquoi me troubler? Tout ce qui eft au dehors de mon intelligence ne peut rien du tout fur elle. Penfe ainfi, & te voilà droit. (VII. 2 en partie.) τὰ δόγματα — ὀρθος εἶ.

X I.

Ne t'inquiete pas fur l'avenir. Tu t'en tireras, s'il le faut, avec le fecours de la même raifon qui t'éclaire fur le préfent. (VII. 8.) τὰ μέλλοντα χρό

XII.

C'est une honte que le vifage obéiffe, qu'il s'arrange & fe compofe comme il plaît à l'ame, & que celle-ci ne s'arrange pas, ne fe compose pas elle-même. (VII. 37. )

αίσχρον = κατακοσμείσθαι.

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