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fonne. Qui es-tu? Un homme. Si tu te confi» deres comme un être à part, il eft felon la nature » que tu vives jufqu'à la vieilleffe, que tu fois

riche, que tu te portes bien. Mais fi tu te confi» deres comme un homme qui fait partie d'un » monde, il te faudra, dans ce rapport, ou être » nautonnier & rifquer ta vie, ou être pauvre, » ou même quelquefois mourir jeune. Pour» quoi donc te fâches-tu? Ne fais-tu pas que, » comme un pied féparé du corps n'eft plus un »pied, de même un homme féparé du tout, » n'eft plus un homme? Car enfin qu'est-ce qu'un » homme ? Une partie de la ville; premierement » de celle qui eft compofée des dieux & des » hommes, & puis une partie de la fociété qui le touche de plus près, & qui eft une petite image » de la fociété de tous les êtres. Ainfi il faut que » l'on me faffe à moi mon procès, qu'un autre »foit confumé de la fievre, que celui-ci faffe » naufrage, que celui-là foit condamné à la mort; » car il eft impoffible qu'en un corps tel que le » nôtre, au milieu de tout ce qui nous environne, » & ayant à vivre avec tant d'autres hommes, il » n'arrive aux uns & aux autres quelqu'accident » femblable (1).

Marc-Aurele ayant généralisé toutes ces (1) Là même, liv. II. ch. V. s➡ TOINŨTA.

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obfervations d'Epictete, a dit plus noblement (article dernier de ce chapitre) & il les accidens répete souvent ailleurs, que de la vie entrent dans le fyftême général que Dieu établit dès le commencement, & qu'ils font néceffaires à la perfection & à la confiftance du monde tel qu'il eft. D'où il conclut que les accidens les plus fâcheux n'ayant pas été deftinés féparément pour un feul individu, il n'a jamais lieu de s'en plaindre; qu'il ne les éprouve que comme faifant lui-même une partie du monde ; que c'est un acceffoire du bien de fon existence; qu'il doit fe foumettre librela feule autofans foibleffe & par rité de la raison, à ces difpofitions générales; & que fon vrai bonheur confiftant à vivre felon la nature d'un être raisonnable, fociable & qui fait partie du monde, rien ne peut l'empêcher de conferver une entiere férénité d'efprit pour faire des réflexions dignes de la raison qui lui eft commune avec Dieu même, fans fe laiffer dominer par la partie inférieure de l'ame qui lui eft commune avec les bêtes,

ment,

&c.

CONCLUSION.

Les ftoïciens difent: on peut, contre la douleur, tout ce que l'on veut. Il ne s'agit que de bien penfer, & de vouloir fortement. Marc-Aurele adopte ce mot d'Epictete: il n'y a point de tyran de la volonté ; & ce mot d'Epictete rappelle un dialogue fuppofé entre lui & un tyran, par lequel on va finir: Dis-moi ton fecret.... Je ne le dirai point, car j'en fuis le maître....... Mais je te ferai mettre aux fers..... O homme, que distu là? Moi? Tu feras mettre aux fers mes jambes; mais quant à ma volonté, Jupiter même ne pourroit la vaincre (1).

On ne peut difconvenir que beaucoup d'actions héroïques des grands hommes de l'antiquité n'aient été le fruit de ces idées dont ils étoient imbus, & de ces principes dont ils étoient nourris dès l'enfance.

(1) Là même, liv. I. chap. 1, is divatal.

Si tu

CHAPITRE X V.

Regles de difcernement.

I.

tu as la vue fine, dit quelqu'un, ferst'en pour juger comme les hommes les plus fages (1). (VIII. 38.) ei dúvacus = coqw

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I I.

Les objets fe tiennent immobiles hors de l'enceinte de nos ames; ils ne fe connoiffent pas eux-mêmes, & ne peuvent nous apprendre ce qu'ils font. Qu'eft-ce donc qui nous l'apprend? C'est la raison qui nous guide. (ΙΧ. 15. ) τα πράγματα == ἡγεμονικόν.

I I I.

Socrate, dans fes difcours, mettoit les maximes débitées par bien des

gens, au rang de ces loups-garoux dont on fait

(1) Je ne change rien au texte ; j'y fous-entends feulement la prépofition qui fignifie avec : coyxgivwv.

peur aux petits enfans. (XI. 23.) Expatus

= δείματα.

I V.

Il faut contempler, tout nuds & dépouillés de leurs écorces, les motifs, les rapports des actions; ce que c'eft que la douleur, la volupté, la mort, la gloire. Quelle eft la caufe qui nous ôte un repos que perfonne n'a le pouvoir de nous ôter? Tout dépend de nos opinions. (XII. 8.)

γυμνά της υπόληψις.

V.

Quel moyen de connoître ici la vérité ? C'est l'analyse des objets dans leur matiere, & le principe de leur action. (IV. 21 à la fin.) rís inì = airiãdys.

V I.

Regarde au dedans de chaque chofe. Prends garde que rien ne t'échappe fur fa qualité & fa valeur intrinfeque. (VI. 3.)

ἔσω στο

VIL

Quelle idée faut-il que je prenne

des

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