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qu'un feul objet qui mérite d'occuper nos pensées: c'est de vivre avec douceur parmi des hommes menteurs & injustes, fans jamais nous écarter nous-mêmes de la vérité & de la juftice. (VI. 47.)

ἀννόειν diafizv.

I V.

Qu'un autre foit plus fort que toi à la lutte (1); mais qu'il ne foit pas plus fociable, plus modefte, mieux difpofé aux accidens de la vie, plus indulgent aux fautes du prochain. (VII. 52.) x«6baxiátigos

= παροράματα.

V.

Pour empêcher que le chant, la danse, ou le spectacle des exercices réunis (2) ne t'affectent trop, confidere-les par parties.

(1) Au lieu de xabbaλalegos, le cardinal Barberin dit avoir lu dans le manufcrit de Rome, naubaλágos più at terratore di tutti, laqual parola non fi trova altrove ; mais xaxos fe trouve. C'est un cappa oublié dans le texte de Xylander.

(2) La lutte, le faut, la course, le palet, le combat à coups de poings & de mains

Demande-toi fur le chant: eft-ce un tef ton qui me ravit? Et fur la danfe: eft-ce un tel pas, un tel gefte qui m'enleve? Tu n'oferois te l'avouer. Ufes-en de même dans les fpectacles réunis.

En général, dans tout ce qui n'est pas la vertu, ou ce qui vient d'elle, n'oublie pas de porter au plus vîte la pensée en détail fur ce qui compofe l'objet, afin que cette analyse en diminue l'impreffion; & applique cette méthode à toute la vie, ( XI, 20 ) ὠδος = μετάφερε.

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V I.

Rappelle-toi fouvent les grands exemples de colere, d'honneur, d'infortune, de haine, toute autre aventure célebre (1); puis demande-toi: qu'est-ce que tout cela eft devenu? Fumée, cendre, un conte; pas même un conte.

Autres objets de même nature : FabiusCatullinus à fa maifon des champs, Lucius

(1) Achille, Agamemnon, Uliffe, les deux freres ennemis, &c.

Lupus, Stertinius à Baïes, Tibere à Caprées, Velius Rufus; combien tout cela eft différent de l'opinion qu'on en avoit ! Que le but de tant d'efforts étoit vil!

Ah, qu'il eft bien plus fage, quoi qui arrive, de fe montrer jufte, modéré, foumis aux dieux ! mais avec fimplicité; car l'oftentation de modeftie eft tout ce qu'il y a de pire. (XII. 27.) auvexõs=xædexáralosa

VII.

Qu'est-ce que cette partie du tems qui t'a été donnée dans l'imenfité des fiecles? Elle difparoît fi vîte dans l'éternité ! Quelle eft ta part de la maffe de la matiere ? de l'ame univerfelle (1)? Qu'est-ce que cette motte de la terre où tu rampes? Médite bien tout cela. N'imagine rien de grand que de faire ce que ta nature exige, & de fouffrir ce que la commune nature t'apporte. (XII. ( Xil. 3 2.) πόστον = φέρεια

(1) L'ame animale univerfelle: oxy.

CHAPITRE XVII.

Sur les véritables biens.

I.

Si dans la vie humaine tu trouves quelque chofe de mieux que la juftice, la vérité, la tempérance, la force, & en général que d'avoir une ame qui se suffit à elle-même, en ce qu'elle te fait agir en tout par la droite raison, & qu'elle s'abandonne au deftin fur fa part des accidens qui ne dépendent pas d'elle; fi, dis-je, tu connois quelque bien plus excellent, dirige à cet objet toutes les puiffances de ton ame, & entre en poffeffion de cette précieuse découverte. Mais fi tu ne vois rien de meilleur que le génie même qui réfide en toi, qui commande à tes propres defirs, qui examine tout ce que l'imagination te présente, qui fe fauve, comme le difoit Socrate loin des atteintes des fens, qui fe foumet luimême aux dieux & qui aime les hommes; fi

tout le refte te paroît bas & vil en comparaifon de lui, ferme ton cœur à tout autre objet, qui venant une fois à t'attirer, ne te permettroit plus, fans te faire éprouver un tiraillement fâcheux, de donner le premier degré d'eftime à ce bien particulier aux êtres de ton efpece, & le feul qui t'appartienne véritablement.

Il n'eft pas jufte que rien d'étranger vienne contrebalancer le bien de la raison, ce principe de toute action vertueuse. Les louanges de la multitude, les empires, les richeffes, les voluptés lui font étrangers. Si une fois tu fais le moindre cas de ces objets, comme pouvant contribuer à ton bonheur, ils prévaudront dans ton ame & l'entraîneront. Choifis donc, te dis-je, tout ouvertement & en homme libre, ce qu'il y a de mieux, & t'y attache inféparablement.

Mais peut-être ce qui eft utile eft-il ce qu'il y a de mieux ? ly

Oui, s'il eft utile à l'homme en qualité

d'animal raifonnable; mais s'il ne lui eft

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