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torique, la poéfie, ou d'autres arts qui m'euffent peut-être retenu par le fentiment de mes progrès, fi j'y en euffe fait.

D'avoir donné de bonne heure à ceux qui avoient eu foin de mon éducation, les places qu'ils paroiffoient defirer, & de n'avoir pas différé, en me flattant que, comme ils étoient jeunes, je pourrois toujours les leur donner.

De m'avoir fait connoître Appollonius, Rufticus, Maximus.

De m'avoir fait concevoir très-clairement & plufieurs fois, quelle eft la vie conforme à la nature. Il ne tient donc pas aux dieux, à leurs faveurs, à leur affiftance, à leurs inspirations, que dès à préfent je ne vive conformément à ma nature; ou fi je differe, c'est ma faute; c'est que je néglige les avertiffemens, ou plutôt les ordres des dieux.

rant il lui laiffa des curateurs choifis parmi les plus confidé rables du fénat, &c.

Ce trait d'histoire juftifie Marc-Aurele des reproches qu'on lui fait d'avoir laiffé l'empire à Commode. Ce fils y avoit droit par sa naissance,

Que mon corps réfifte fi long-tems à la forte de vie que je mene.

Que je n'aie pas touché à Bénédicte ni à Théodote, & que même dans la fuite ayant donné dans les paffions de l'amour, je m'en fois guéri.

Qu'ayant fouvent été fàché contre Rufticus, je ne me fois pas permis d'autres chofes dont je me ferois repenti.

Que ma mere devant mourir jeune, j'aie du moins paffé auprès d'elle les dernieres années de fa vie.

Que lorsque j'ai voulu affifter une perfonne pauvre, où qui avoit befoin de quelque fecours, on ne m'ait jamais répondu que je n'avois pas de fonds pour le faire, & qu'à mon tour je ne fois pas tombé dans le cas d'avoir befoin du fecours d'autrui.

D'avoir une femme fi complaifante, fi affectionnée à fes enfans, fi amie de la fimplicité (1).

(1) Le fage Marc-Aurele remercioit le ciel d'avoir donné au moins trois bonnes qualités à fa femme. Cùm tamen impudicitiæ famâ graviter laboraffet, qua Antoninus vel nefcivit vel diffimulavit. CAPITOL.

D'avoir trouvé tant de bons fujets pour donner la premiere éducation à mes enfans.

De m'avoir indiqué en fonge différens remedes, fur-tout pour mes crachemens de fang & mes étourdiffemens, comme il m'eft arrivé à Gaëte & à Chrefe.

que

Qu'étant né avec une grande paffion pour la philofophie, je ne fois pas tombé entre les mains de quelque fophifte, & je n'aie pas perdu mon tems à lire toutes fortes d'auteurs, ni à étudier la logique ou la physique.

Tous ces heureux événemens ne peuvent être arrivés que par la faveur fpéciale des dieux, ou par la fortune, c'est-à-dire, par une fuite des difpofitions de la Providence (1).

Ceci a été écrit dans le pays des Quades, fur la riviere de Gran (en Hongrie).

Et c'est le premier recueil de mes penfées. (I. 17.) Taρà тãv leãv = Igavka. û (2).

(1) Voir II. 3. du texte.

(2) Cette lettre numérale alpha qui fe trouve dans le

CHAPITRE II I.

Sur l'Étre fuprême, & les dieux créés.

I.

la

C'EST de fon propre mouvement que nature de l'univers s'eft portée à faire le monde. Par conféquent, tout ce qui s'y paffe maintenant eft une fuite néceffaire de fes premieres volontés; fans quoi il faudroit dire que l'Être fuprême y auroit mis, fans réflexion & au hafard, les créatures même du premier ordre, quoiqu'il montre pour elles une inclination particuliere. Cette pensée te rendra plus tranquille que tu ne l'es fur bien des chofes, fi tu te la rappelles, (VII. 75. ) ἡ τῶ ὅλου = μνημονευόμενον.

Toutes chofes font liées entre elles par un enchaînement facré, & il n'y en a peutêtre aucune qui foit étrangere à l'autre : car

texte grec publié par Xylander, indique une premiere partie des pensées de Marc-Aurele, ou de premieres ta blettes de poche.

tous les êtres ont été combinés pour former un ensemble d'où dépend la beauté de l'univers. Il n'y a qu'un feul monde qui comprend tout; un feul Dieu qui est partout; une feule matiere élémentaire, une feule loi qui eft la raison commune à tous les êtres intelligens, & une feule vérité, comme auffi un feul état de perfection pour les choses de même genre, & pour les êtres qui participent à la même raison. (VII. 9.)

πάντα = ζώων.

Ne te borne pas à refpirer en commun l'air qui nous environne, mais commence auffi à ne plus avoir d'autres pensées que celles que nous infpire l'intelligence qui nous porte dans fon fein. Car cette fouveraine intelligence répandue par-tout (1), & qui fe communique à tout homme qui fait l'attirer, eft pour lui ce que lui ce que l'air ne ceffe d'être pour tout ce qui a la faculté de ref

pirer. (VIII. 54.) μnxírı=dovaçeśvw. μηκέτι δυναμένω.

Celui qui vient de dépofer dans le fein

(1) Au lieu de xézolas, le manufcrit du roi, fol. 178 v. porte xique. J'ai fuivi la leçon ordinaire,

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