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juges tu redoutes, & quels jugemens ils font d'eux-mêmes. (IX. 18.) dxde =μeperás,

VIII.

Quelles têtes! Quels objets d'attachement! Et par quel intérêt ils aiment & honorent! Mets le prix à ces petites ames toutes nues. Lorfqu'ils s'imaginent faire un grand mal en blâmant, & faire un grand bien en louant, qu'ils font voir d'arrogance! (IX. 34.) Tivα="inois. Téva διησις.

I X.

De tous ces vains discours je ris au fond

'du cœur.

La vertu leur déplaît.............. (XI. 31 & 32.) έμον ==έπεσσιν (1).

X.

J'ai fouvent admiré jufqu'à quel point l'homme s'aime lui-même par deffus tout, & que cependant il fait moins de cas de fa propre opinion fur ce qu'il vaut, que de

(1) Bouts de vers tirés de quelque poëte.

celle d'autrui. En effet, fi quelque dieu ou un maître fage obligeoient un homme à rendre compte fur le champ en public de tout ce qui fe pafferoit dans fon cœur ou dans fon imagination, il ne réfifteroit pas un jour entier à cette contrainte. Il est done vrai que nous fommes plus touchés de l'opinion d'autrui que de la nôtre. (XII. 4.)

πολλακιο – εαυτός,

CHAPITRE XXV I.

Des obftacles à faire le bien.

I.

QUAND il s'agit de faire ton devoir, qu'importe que tu ayes froid ou chaud? que tu ayes envie de dormir ou non? que tu ailles mourir ou faire tout autre chose? Mourir eft une fonction de la vie, & en cela, comme dans tout le refte, il fuffit de bien faire ce qu'on fait dans le moment. (VI. 2. )

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II.

En un fens tout homme me tient de très-près, puifque je dois lui faire du bien & le fecourir; mais fi un homme veut mettre obstacle aux actions qui me font propres, c'eft pour moi un être auffi indifférent que le foleil, le vent, une bête féroce; car ces chofes pourroient auffi mettre obstacle à mon action, mais aucune d'elles n'en peut mettre au mouvement de mon cœur ni à mon affection, parce que j'y ai mis une condition, & que je fuis le maître d'en transformer l'objet ; car mon ame a le pouvoir de transformer par la pensée l'action que je ne peux faire, en quelque chofe de meilleur ; enforte que ce qui arrête un ouvrage projetté, devient l'ouvrage, & que ce qui s'oppose à ma route, me devient une route. (V. 20.) xat'repovituolinóv.

I I I.

Tu peux vivre ici comme fongeroit à vivre un homme qui s'eft retiré du monde.

Si on ne t'en laiffe pas la liberté, fors de la vie ; non en homme qui souffre un vrai mal, mais il fume ici, je m'en vais ; pensetu que ce foit une affaire (1)? Cependant, jufqu'à ce que j'aye une fi forte raison de m'en aller, je reste libre. Personne ne m'empêche de faire ce que je veux, & je ne veux rien qui ne soit conforme à la nature d'un être raisonnable & fociable. (V. 29.) ás ištan δων = ζώου.

I V.

Effayons de les gagner par la perfuafion. Mais continue de faire, malgré eux, des actions juftes, toutes les fois que la raison de juftice l'exigera. Que fi quelque force t'en empêche, tourne ton ame à la patience & à l'égalité. Sers-toi de l'obftacle pour exercer une autre vertu. Souviens-toi que ton defir n'étoit que conditionnel, & que

(1) Voir ma note fur le fuicide, à la fin du chap. XII. p. 178. Ila voulu dire: Je mourrois de chagrin s'il me devenoit impoffible de vivre avec moi-même dans la folitude de mes pensées, & je n'aurois pas plus de peine à fortir de la vie qu'on en auroit à fortir d'une maison où il fume. L'article fuivant autorise encore cette explication, & confirme la note fur le chap. XII.

tu ne voulois pas l'impoffible. Que vou→ lois-tu? Un certain effet de ton defir, & tu l'obtiens. Ce defir devient la chose. (VL 50.) πειρῶμεν == γίνεται.

V.

Perfonne ne t'empêchera de vivre felon ta nature; il ne t'arrivera rien qui ne sɔit dans l'ordre de la commune nature. (VI. §8.) κατὰ = συμβήσεται.

V I.

Qu'est-ce qu'on peut faire ou dire de mieux en telle occafion? Quoi que ce foit, il ne tient qu'à toi de le faire ou de le dire. Ne cherche point à t'excuser sur les difficultés. Tu ne cefferas pas de t'en plaindre, jufqu'à ce que pour faire en toute occafion ce qu'exige la conftitution de l'homme, tu ayes autant d'empreffement que les voluptueux en ont pour les délices de la vie. Car enfin c'eft jouir délicieusement de foimême que de faire tout ce qui convient à fa propre nature. Or, il est en ton pouvoir de le faire dans quelque fituation

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