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Sur toutes chofes quand tu te plains d'un homme fans foi, d'un ingrat, reviens fur toi-même; car c'eft évidemment ta fautě d'avoir cru qu'un homme fans foi, feroit fidelle, ou d'avoir eu, en faisant du bien, autre chofe en vue que d'en faire, & de goûter dans le moment tout le fruit de ta bonne action. Eh! que cherches-tu de plus en faifant du bien aux hommes ? Ne te fuffit-il pas d'avoir agi convenablement à ta nature? Tu veux en être récompenfé? C'est comme fi l'oeil demandoit à être récompenfé parce qu'il voit, ou les pieds parce qu'ils marchent; car comme ces parties du corps ont été faites pour une fin, & qu'en agiffant felon leur ftructure elles ne font que ce qui leur eft propre, de même auffi l'homme ayant été créé été créé pour être bienfaifant, n'a fait que remplir les fonctions dé fa ftructure, lærsqu'il a fait du bien à quelqu'un, ou qu'il a contribué à lui procurer des avantages extérieurs. Il a dès lors tout ce qui lui appartient, (IX. 42.) iravi«urš (1).

(1) Le manufcrit du roi, au lieu d'ail, porte,

V I.

Ce qui ne nuit point à la ville ne nuit point au citoyen. Sers-toi de cette regle toutes les fois que tu t'imagines avoir été offensé. Si la ville n'en eft point blessée, je ne l'ai pas été. Si même la ville en eft bleffée, il ne faut pas en vouloir au coupable. A quoi fert-il de le regarder de travers ? (V. 22.) ὁ τῆ = παρορώμενον.

VII.

N'aye pas des chofes l'opinion qu'en a celui qui te fait une injure, ou l'opinion qu'il veut t'en faire prendre. Vois les comme elles font dans le vrai. (IV. 11.) μn=6076.

VIII.

Un tel me méprife? qu'il voie pourquoi. A mon égard je veillerai à ne rien faire ou dire qu'il puiffe trouver digne de mépris. Un autre me hait ? c'eft fon affaire. La

avarozμvlíav; & après άpxe, au lieu de σi', il met rõro, öti ; puis avant ‰ il met daaà. Les autres différences ne méritent pas d'être rapportées.

mienne eft d'avoir de la bienveillance & de la douceur pour tout le monde & pour lui-même, & d'être prêt à lui remontrer qu'il fe trompe, non en le mortifiant, non en affectant de la modération, mais avec une noble franchise & avec bonté, comme en usoit Phocion, fi toutefois il ne feignoit pas, car il faut que cette conduite parte du cœur, & que les dieux y voient un homme vraiment patient & résigné. En effet, peutil y avoir pour toi quelque mal tant que tu feras ce qui convient à ta nature, & tant que tu recevras ce qui convient à la nature de l'univers, en homme créé pour laisser faire en toutes façons ce qui fert à l'utilité commune? (XI. 13.) καταφρονήσει = συμφέρον.

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CHAPITRE XXX.

Pardonner à fes ennemis & les aimer.

I.

C'EST le propre d'un homme d'aimer ceux même qui l'offensent.

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Tu les aimeras fi tu viens à penfer que tu es leur parent, que c'eft par ignorance & malgré eux qu'ils font des fautes, que dans peu vous mourrez tous & furtout qu'on ne t'a point fait de mal, puisqu'on n'a pas rendu ton ame de pire condition qu'elle n'étoit auparavant. (VII: 22.) “diov — йy (1).

I I.

Lorfqu'il arrive à quelqu'un de te manquer, pense auffi-tôt à l'opinion qu'il a dû avoir fur ce qui eft bien & ce qui eft mal. pour s'être porté à cette faute. Après cette réflexion tu auras compaffion de lui, au

(1) Les différences du manufcrit du roi ne changent rien äu fens.

348 PARDONNER A SES ENNEMIS.
ses ennemis.
lieu d'être étonné ou fâché. Car fi tu as la
même opinion que lui fur ce qui eft bien,
ou une autre opinion qui reffemble à la
fienne, tu dois lui pardonner; & fi tu ne
mets pas fon objet au rang des biens ou
des maux, tu en auras d'autant plus de fa-
cilité à excuser un homme qui fimplement
a mal vu. (VII. 26.) ira›==αpopä»?s.
παρορώντο.

I I I.

Garde-toi d'avoir pour ceux même qui font inhumains autant d'indifférence que les hommes ordinaires en ont pour d'autres hommes (1). (VII. 65.) öga =ávépáñovs.

I V.

La meilleure façon de fe venger d'un ennemi, c'est de ne pas lui reffembler. (VI. 6.) άριστος = εξομοι διαι

(1) Je ne change rien rien au texte, comme l'ont fait prefque tous les autres traducteurs, & la pensée n'en eft que plus belle.

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