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avec les fophiftes, ni qu'il ait montre plus de fermeté en paffant des nuits trèsfroides au bivouac, ou plus de grandeur d'ame en refusant d'obéir aux trente tyrans qui lui avoient commandé d'aller enlever un riche habitant de Salamine, ni qu'enfuite il se foit promené fiérement dans les rues (de quoi cependant on peut fort douter); mais il faut analyser le fond de l'ame de Socrate; favoir fi elle étoit affez forte pour faire confifter fon bonheur à être juste envers les hommes & religieuse envers les dieux, fans fe fâcher inutilement contre les méchans, ni flatter baffement l'ignorance, fans regarder les accidens que l'ordre général du monde amene comme des chofes étranges ou impoffibles à fupporter, & fans fe livrer aux fenfations qu'une vile chair éprouve. (VII.66.) ödev = συμπαθῆ (1).

IX.

La perfection des mœurs confifte à paffer

(1) Le manufcrit du roi porte, fol. 177, ei μn tyλúvyns Zaxálous Inv diábeo. J'ai fuivi cette leçon, & j'ai joint les deux derniers mots du texte ròv võv avec le §. 67. `

A a

chaque jour comme fi ce devoit être le dernier, fans trouble, fans lâcheté, fans diffimulation. (VII. 69.) r87. möwengívotain

X.

Ce qu'un être animé qui raisonne & qui eft fenfible aux devoirs de la fociété, trouve dénué d'intelligence & d'instinct social, lui paroît avec raison fort au deffous de fa dignité propre. (VII. 72.) : äv = xgívet. κρίνει.

X I.

Ai-je quelque fonction à remplir? je m'en acquitte en la rapportant au bien de l'humanité. M'arrive-t-il quelqu'accident? je le reçois en le rapportant aux dieux & à cette fource commune de toutes chofes, d'où procede tout ce qui fe fait. (VIII. 23.) πράσσω και συμμηρύεται.

X I I.

Il feroit fans doute plus agréable de fortir de la vie fans avoir connu le menfonge, ni la diffimulation, ni le luxe,

ni le fafte. Mais après s'être raffafié de toutes ces fautes, il reste une reffource, qui eft de mourir plutôt que fe réfoudre à croupir volontairement dans le mal. Hé quoi! l'expérience ne t'a pas encore perfuadé de t'enfuir du milieu de cette pefte? Car la corruption de l'ame est une peste pour toi bien plus que l'altération & la mauvaise qualité de l'air. Ceci n'eft une peste que pour l'animal comme animal, au lieu que l'autre eft la pefte des hommes en tant qu'hommes. (IX. 2.) żagscoïépov — siow,

XIII.

Celui qui ne dirige pas toujours fes actions à un feul & même but, ne fauroit être pendant toute sa vie toujours égal & le même. Ce n'eft pas affez dire, fi tu n'ajoutes quel doit être ce but. Or, puisque. tous les hommes n'ont pas la même idée fur les biens, pas même fur ceux à qui la plupart donnent ce nom, & comme ils s'accordent feulement fur de certains biens, je veux dire fur ceux qui le font en

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effet

pour toute la fociété : il fuit de là que notre but doit être de faire des actions utiles à l'efpece humaine & à notre société particuliere; car celui qui rapportera toutes les affections de fon cœur à ce but, rendra toutes les actions uniformes, &

moyen

par ce il fera toujours le même. (XI. 21.)

ᾗ μὴ ἔσται,

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XI V.

Quel eft ton métier ? D'être vertueux. Quel bon moyen de le devenir? Par les principes qu'infpire la contemplation de la nature universelle & de la structure particuliere de l'homme. (XI. V.) rís ou xalasi

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La main ni le pied ne font point un tra-› vail au deffus de leur nature,

, tant que le pied ne fait que les fonctions de pied & la main celles de main. Il en eft de même de l'homme comme homme : ce n'eft pas pour lui un travail au-deffus de la nature de remplir les devoirs d'un homme; & s'il n'y a rien là au-deffus de fa nature, il n'y

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à point de mal pour lui. (VI. 33.) in tolıy

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ફે દીવ્યુ

CHAPITRE XXXIII.

Se détacher & s'attacher.

I.

CONSIDERE les tems, par exemple, de Vefpafien, tu y verras tout ce qu'on voit aujourd'hui des hommes qui fe marient, qui élevent des enfans, qui font malades, qui meurent, qui font la guerre, qui cếlebrent des jeux. Tu y verras des marchands, des laboureurs, de bas courtifans, des hommes remplis d'orgueil, ou de foupçons, ou de mauvais deffeins; quelques-uns qui fouhaitent la mort; d'autres qui se plaignent de l'état préfent des choses; d'autres enfin qui s'occupent de folles amours, de ramaffer des tréfors, d'obtenir un confulat, un royaume. Tous ces gens là ont ceffé de vivre; ils ne font plus nulle part.

A a iij

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