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par l'état, & qui étoit encore embelli de magnifiques fpectacles.

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par

Socrate avoit dit: «Vous favez la ré

ponse ordinaire de l'oracle de Delphes à » ceux qui demandent ce qu'il faut obser»ver pour faire un facrifice agréable aux » dieux» : fuivez la coutume de votre pays, leur dit-il. (Xenophon, liv. IV. Des chofes mémorables de Socrate, traduction de Charpentier ).

Ces oracles, vrais ou faux, avoient paffé dans l'efprit des philosophes pour une excellente regle de conduite extérieure,

CHAPITRE IV.

Providence.

I.

U

Ou le monde a été bien ordonné, ou ce n'eft qu'un mêlange confus de matieres entaffées, qui cependant forment le monde. Mais quoi ! fe peut-il que dans ton corps il y ait de l'arrangemement, & que grand tout il n'y ait que défordre? & cela quoique tous les corps folides foient féparés, que les liquides coulent à part, & que tout marche d'accord? (IV. 27.) nove

παθῶν.

I I.

dans ce

Repréfente-toi fans ceffe le monde comme un feul animal, compofé d'une feule matiere & d'une feule ame. Vois comment tout ce qui fe paffe y eft rapporté à un seul principe de fentiment; comment une feule impulfion y fait tout mouvoir; comment toutes fes productions y font l'effet d'un

concours de causes. Admire leur liaison & leur enchaînement. (IV. 40.) as iv = ovregenpua 15. (1)

I I I.

Toutes chofes s'accompliffent fuivant l'ordre de la nature univerfelle, & non fuivant les impreffions de quelqu'autre cause qui l'environne extérieurement, ou qui foit renfermée dans fon fein, & dont elle dépende. ( VI. 9. ) κατὰ = ἀπηρτημένην,

I V.

Toutes les œuvres de la divinité font pleines de fa providence. L'empire de la fortune n'eft nullement indépendant de la nature; c'eft-à-dire, de la liaison & de l'enchaînement des causes que la providence régit. Ainfi la providence eft la fource de tout. De plus, tout ce qui arrive étoit né

(1) Marc-Aurele compare le monde à un feul corps animé. Si on veut que Marc-Aurele ait adopté le systême de Platon & de Timée fur une ame du monde, il ne faut pas oublier que, felon ces deux philofophes, le Dieu fyprême avoit créé cette ame, & l'avoit placée au centre de l'univers.

ceffaire & contribue au bel ordre de cet univers dont tu fais partie. Tout ce qui entre dans le plan de la nature & qui tend à la conferver en bon état, eft bon pour chacune de fes parties. Or le bon état du monde ne dépend pas plus des divers changemens des élémens, que du changement des êtres qui en font compofés. Que cela te fuffife. Que toujours ces vérités te fervent de regle; & laiffe-là ces autres livres dont tu es fi affamé, de crainte que tu ne murmures un jour de ta mort, au lieu de la recevoir dans une vraie paix d'efprit, en béniffant, du fond du cœur, les dieux. ( Π. 3. ) τὰ τῶν θεῶν = τοῖς Θεοῖς. 3.)

V.

Si les dieux ont délibéré fur moi & fur les chofes qui doivent m'arriver, leur délibération ne peut avoir été que bonne, car on ne peut pas imaginer un Dieu fans fageffe. Mais quel motif auroient eu les dieux de fe porter à me faire du mal, & que leur en reviendroit-il, ou à cet univers dont ils ont tant de foin?

En fuppofant qu'ils n'ont pas délibéré particulierement fur moi, ils ont du moins arrêté un plan général; & puifque les chofes qui m'arrivent font une fuite néceffaire de ce plan, je dois les embraffer avec

amour.

Si enfin on suppose que les dieux n'ont délibéré ni fur moi ni fur l'univers (ce qu'il feroit impie de croire), alors, j'en conviens, il ne faut plus faire ni facrifices, ni prieres, ni fermens, ni rien de tout ce que nous faifons, comme vivant avec des dieux toujours préfens; mais dans cette fuppofition que les dieux ne pensent à rien qui puiffe nous regarder, il m'eft libre de délibérer fur moi, & ma délibération ne peut avoir pour objet que mon intérêt. Or tout ce qui peut être utile à chaque individu, fe réduit au bien-être convenable à fa ftructure propre, à sa nature particuliere. Je fuis.

, par ma nature, un être raisonnable & fociable. J'ai un pays & une patrie: comme Antonin, j'ai Rome; & comme homme, j'ai le monde. Ainfi mon bonheur ne peut

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