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» pas de lui rendre les honneurs divins;

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» on alla jufqu'à regarder comme des facrileges ceux qui pouvant & devant avoir » chez eux fon image, ne l'avoient pas; auffi >> voit-on encore en beaucoup de maisons » les ftatues de Marc-Aurele parmi celles » des dieux pénates. Bien des gens pu» blierent qu'il leur étoit apparu en fonge » & leur avoit fait des prédictions qui s'é» toient accomplies; ce qui fit qu'on éleva -> un temple en fon honneur, & qu'on lui » affigna un collége de prêtres nommés » Antoniniens, & des flamines, avec tout » l'appareil anciennement établi pour les » cultes publics, &c».

Cette opinion générale des contemporains de Marc-Aurele après fa mort, nous prouve que ce fut un prince grand homme. Nous en fommes plus affurés que que d'aucun autre prince quit ait jamais régné, par ce que l'on découvre le fond de fon ame dans ce qu'il avoit écrit pour lui feul fur fes tablettes (1).

(1) Ceux qui voudront plus de détail fur les actions de Ouvrage

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Ouvrage de Marc-Aurele-Antonin.

Cet ouvrage eft écrit en grec, langue très-conmmune à Rome parmi tous ceux qui avoient eu de l'éducation. D'ailleurs, la doctrine ftoïcienne, dont Marc-Aurele avoit été imbu dès l'enfance, contient un fort grand nombre d'expreffions particulieres à la langue grecque, & qu'on ne pouvoit rendre qu'imparfaitement en latin, comme Ciceron l'a reconnu. Ce fut fans doute par ces raifons que Marc-Aurele, quoique né à Rome, préféra d'écrire en grec.

On ne peut douter que l'ouvrage qui porte fon nom ne foit véritablement de lui. Il s'y nomme deux fois lui-même : Comme Antonin j'ai pour patrie, Rome,

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Marc-Aurele, feront bien de lire fa vie donnée depuis peu par M. Gautier de Sibert, de l'académie des BellesLettres. Ils y trouveront, p. 330 & fuivantes, une bonne juftification de Marc-Aurele par rapport aux chrétiens, à quoi on peut joindre l'important témoignage de M. l'abbé de Tillemont, au tome III de fes mémoires pour l'hiftoire eccléfiatique, pp. 4 & 23.

b

& comme homme, le monde. (VI. 26 & 44.) Il y nomme fon aïeul, fon pere d'adoption, fes instituteurs, les lieux de campement où il écrivoit, & où il est constant qu'il avoit fait la guerre. Ceci, dit-il, chez les Quades, auprès du Gran; ceci à Car

nunte.

On y découvre le fecret de fes plus intimes pensées, ses principes de gouvernement, fes regles de conduite, jufqu'à fes défauts & aux reproches qu'il s'en faisoit : Il ne dépend plus de toi, fe difoit-il, d'avoir pratiqué dès ta premiere jeunesse les maximes de la philofophie, car plufieurs' perfonnes favent, & tu fais bien toi-même que tu en as été fort éloigné; ainfi te voilà confondu.... (p. 246.) On peut voir auffi les pages 287, 291, &c.

Ces paffages réunis préfentent des réflexions personnelles & fecretes, écrites par un guerrier philosophe, non dans le cabinet fur des feuilles ordinaires, mais fur des tablettes portatives dont on fait que les Romains fe fervoient communément.

Il avoit mis à part la fuite de ces tablettes. Tu n'auras pas le tems (fe dit-il, p. 308) de relire tes mémoires..... ni les recueils que tu avois mis à part pour ta vieilleffe. Hérodien, qui avoit vécu fous ce prince, parle de ses écrits.

Un tel recueil de tablettes, rempli de pensées découfues, difparates, fans ordre ni fuite, n'étoit n'étoit pas destiné à former un livre; c'est pourquoi on a dû le trouver fans titre ni divifions. Le manufcrit 1950 de la bibliotheque du Vatican eft ainfi. Feu M. l'abbé Winckelmann, par ordre de M. le cardinal Alexandre Albani, m'en fit la defcription en 1765. L'ouvrage de Marc-Aurele, me difoit-il, fait partie d'un volume de papier de coton où se trouvent d'autres ouvrages de Xenophon, de Maxime de Tyr, d'Ariftote. Il remplit cinquante feuillets, fans aucun titre au commencement ni à la fin, & fans aucune divifion en livres, comme dans nos textes imprimés (1).

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(1) M. l'abbé Copette, docteur de Sorbonne, me pro

Ce manuscrit nous repréfente donc une des premieres copies que l'on fit, auffi-tôt après la mort de Marc-Aurele, du recueil de fes tablettes.

Peu après, quelqu'autre copiste donna un titre de fon invention à l'ouvrage, & le partagea en douze repos qu'il appella des livres. Philoftrate, qui vivoit environ trente ou quarante ans après Marc-Aurele, a dit de ce prince, au rapport de Suidas: Marc écrivit en douze livres une inftitution de fa propre vie.

Cette divifion en douze livres fut fuivie dans les manufcrits qui nous reftent, mais on y trouve un titre différent.

Le premier de ces manufcrits eft celui que Guillaume Xylander, de la ville d'Augsbourg, fit imprimer avec fa traduction latine à Zurich en 1558, & dix ans après à Bafle. Xylander avoue, dans fon épître

cura ces réponses de l'abbé Winckelmann, par la voie de M. le cardinal Alexandre Albani, dont il a l'honneur d'être connu. Cette éminence protege beaucoup les lettres.

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