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Pendant que fous l'habit de philofophe, couchant à terre fur une peau à la maniere des anciens, il étudioit Zenon & Ariftote, le droit public & le civil, l'art oratoire, le grec, la déclamation, la mufique & la géométrie, il s'exerçoit journellement à la chaffe, à la paume, à la course tant à pied qu'à cheval & en charriot, à la lutte, & même au pugilat qui étoit l'exercice le plus violent, où avec la main couverte d'un gantelet garni de plomb, on se battoit à coup de poing contre des athletes.

Il devint en effet robufte: mais dans la fuite un excès d'application lui affoiblit beaucoup l'eftomac. Il ufoit de thériaque,

?

Devenu César à l'âge de dix-huit ans avec participation à toutes les affaires, il en avoit quarante lorfqu'il parvint à l'empire. Il s'affocia Lucius Verus, par refpect pour les premieres volontés de Tite-Antonin fon prédéceffeur & fon pere d'adoption,

Les Parthes, efpérant profiter de ce changement de regne, furprirent l'armée

romaine qui étoit en Arménie, la taillerent en pieces, & entrerent dans la Syrie, dont, ils chafferent le gouverneur. Les Cattes porterent dans la Germanie & dans la Rhetie le fer & le feu, & les Bretons commencerent à fe révolter.

Marc-Aurele ne jugeant pas à propos de quitter Rome dans ces circonstances, laiffa aller Verus contre les Parthes, envoya Calpurnius Agricola contre les Bretons & Aufidius Vidorinus contre les Cattes. Ces guerres durerent plufieurs années, & furent terminées avec fuccès; pendant que Marc Aurele attentif à toutes les parties du gouvernement, en réformoit les abus (1).

(1) Xyphilin dit : « Lorfque l'empereur n'étoit point oc» cupé à la guerre, il s'employoit à rendre la juftice.... » Il paffoit quelquefois onze ou douze jours fur la même » affaire, pour l'examiner exactement. Il aimoit le tra » vail, s'appliquoit au moindre de fes devoirs, ne di»fant, ne faifant & n'écrivant jamais rien avec négli"gence, ni par maniere d'acquit. Il donnoit des jours. » entiers à des affaires affez légeres, dans la créance qu'un » empereur ne doit rien faire avec précipitation ». (Tràduction de M. Coufin, p. 384.)

En l'année 166 de notre ere, les deux empereurs triompherent, fuivant la cou tume; mais le retour des Romains dans l'empire y porta une pefte générale, qui fut accompagnée de famine, de tremblemens de terre, d'inondations; & pour comble de maux, les Germains, les Sarmates, les Quades & les Marcomans pénétrerent jufqu'en Italie.

Marc-Aurele marcha contre eux & les repouffa.

L'année fuivante les mêmes nations recommencerent leurs hoftilités. Marc-Aurele, accompagné de fon collegue, alla contre ces opiniâtres ennemis ; il entra même dans leur pays, & ce fut dans fon camp, au pays des Quades, auprès de la riviere de Gran en Hongrie, qu'il commença d'écrire fes réflexions, comme il le dit lui-même à la fin du premier livre. Les deux empereurs donnerent plufieurs ba→ tailles, & firent de fi grands efforts, qu'ils obligerent enfin les nations liguées à demander la paix,

Verus, prince plus porté à fes plaifirs qu'aux fatigues de la guerre, étoit d'avis de leur accorder leur demande. Marc-Aurele s'y oppofa, connoiffant mieux que fon frere le génie des barbares. Il les pourfuivit malgré la rigueur de l'hiver, les battit en plufieurs rencontres, & les diffipa

entierement.

Verus mourut en revenant à Rome, & laiffa Marc-Aurele feul maître de l'empire en l'année 169.

Avant que l'année du deuil de Verus fût finie, Marc-Aurele retourna contre les Marcomans, les Quades, & autres peuples ligués qui revenoient en plus grand nombre & plus formidables qu'auparavant. L'empereur eut du défavantage dans les premiers combats, mais il défit enfin ces barbares de telle maniere qu'ils furent obligés d'abandonner la Pannonie.

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Pendant qu'il étoit occupé à cette guerre, les Maures ravageoient l'Espagne; & les bergers d'Egypte (efpece de bandits attroupés) avoient battu plufieurs fois les

Romains. L'empereur y donna ordre fans quitter le nord, où il affoiblit fi confidérablement fes ennemis par une continuelle fuite de victoires, qu'il les réduifit à recevoir toutes les conditions qu'il voulut leur imposer.

Enfuite il revint à Rome où il continua de faire plufieurs loix très-fages, pour les bonnes mœurs, l'ordre plublic, la fûreté & le bonheur des peuples.

Cependant les Marcomans, qui ne s'étoient foumis que pour écarter le vainqueur, attirerent à leur parti tous les peuples qui habitoient depuis l'Illyrie jufqu'au fond des Gaules. Ils reprirent les armes. L'armée romaine étoit affoiblie par tant de campagnes; la pefte continuoit à dépeupler l'empire, & le tréfor étoit épuisé. Dans cette extrêmité, l'empereur fut obligé de faire enrôler les gladiateurs, les bandits de Dalmatie & de Dardanie, & les efclaves; ce qui n'avoit point été pratiqué depuis la feconde guerre punique. Il ven dit les meubles & les pierreries de l'empire,

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