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CHAPITRE II.

Addition au Chapitre des Carottes & des Panais.

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E nouvelles connoiffances qui nous font venues fur plufieurs articles que nous avons déja traités nous obligent à faire des additions. Nous nous flattons que nos Lecteurs voudront bien prendre cette attention de notre part, comme une nouvelle preu ve du defir que nous avons de l'inftruire auffi parfaitement qu'il nous eft poffible, fur toutes les branches de l'Agriculture proprement dite, & de l'économie rurale. La difcuffion extrêmement détaillée que le Chapitre précédent renferme, démontre affez l'utilité de cette addition; celle

ci ainfi que celles que nous nous propofons de faire dans ce dernier volume, porte le même caractere; c'est au lecteur à avoir la complaifance de rapporter chacun de ces Suppléments au livre de l'ouvrage qui traite de la matiere fur lequel il roule.

Ainfi, par exemple, on aura la bonté de rapporter au Livre du labourage la comparaison que nous venons de faire des dépenfes des boeufs avec celles auxquelles les chevaux expofent, & ainfi des autres articles que l'on va voir donner en forme de Supplément à chaque Livre.

Toute terre marécageufe, argil feufe, ainfi que les terres noires & fortes n'eft point favorable à la vé gétation des carottes & des panais. Un terrein pierreux & mêlé d'argile, dont le fond ne fera pas bien profond, ne produit que des racines menues, filamenteufes; en un

mot défectueufes. Une terre dont le grain eft léger, tenant un peu du fable, d'un tempérament ni chaud ni froid & qui a fept où huit pieds de profondeur eft celle qui favorise le plus cette produc

tion.

Les Cultivateurs qui ont l'avantage de pofféder des terreins de cette nature qu'ils ont longtems cultivés en prés, peuvent la feconde année après les avoir défrichés, lorfque le gazon eft pourri, leur confier des panais & des carottes elles feront belles, d'un bon goût & propres à tel usage qu'on veuille les employer. En effet, il faut convenir qué le fyftême que M. Thull avoit adopté contre les fumiers peut être vrai en certaines occafions. Il eft certain, l'expérience le prouve, qu'un terrein tout neuf dans lequel on n'a point eu befoin de répandre du fumier, doit produire

des denrées délicieuses; la raison en eft physique, la voici :

Les parties végétales que l'air & les eaux de pluie ont déposées dans cette terre dont les molécules de leur nature fe trouvent dif pofées à les recevoir, font de beaucoup préférables à celles qui fe rencontrent dans les fumiers, quels qu'ils puiffent être. Car à confidérer d'un œil attentif la nature des fumiers, ils ne font qu'un marc ou un réfidu groffier des végétaux dont les particules balfamiques les plus fubtiles fe font volatilifées & même évaporées lors de leur agitation dans le tems de la putréfaction causée par la fermentation: ce raifonnement que l'expérience juftifie tous les jours, doit nous convaincre du peu de fecours que l'on retire des fumiers lorfqu'on eft curieux d'obtenir des productions d'une qualité fupérieure; &

c'est ce qui prouve l'ineptie de tous les Vignerons qui fument extraordinairement leurs vignes & qui n'en obtiennent que beaucoup de vin, mais qui eft d'une mauvaife qualité. Nous avons, en traitant des vignes, fait fuffifamment fentir l'inconféquence d'une femblable méthode.

Les arfofemens que l'on fait avec de l'eau de puits, ordinairement froide, lympide, dépouillée entiérement des principes végétatifs qu'elle laiffe en paffant par les diverfes filiaires de la terre, doivent nécessairement donner un mauvais goût aux plantes qui en font abreuvées ; il ne feroit point difficile de prouver que ces plantes, fur-tout celles que l'on fait venir aux environs des grandes villes à force de fumier & d'ar'rofement de femblables eaux contribuent effentiellement à toutes ces fièvres malignes, putrides

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