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la terre pour arracher les carottes fauvages qu'ils trouvent dans les champs, & qu'ils les dévorent avec avidité. En effet ces carottes, quoique plus petites que celles que l'on cultive, ont le goût bien plus fucré & plus fort que celles qu'on fait venir dans les jardins : il est donc bien certain que fi on donnoit aux cochons des carottes parmi les choux & les autres herbages qu'on fait cuire pour mettre dans leurs auges avec du fon, ces racines ainfi mêlées affaifonneroient le refte qui eft fade & infi pide, & ils mangeroient cette nourriture avec plus de goût, D'ail leurs il eft certain que la graiffe & la chair en feroient plus fermes & plus délicates. Les vaches & les bœufs en font auffi friands que les cochons; les moutons les mangent avec avidité. Cette nourriture les réchauffe beaucoup pendant l'hiver on en fait même

manger

manger aux chevaux. On remarque qu'elles leur donnent plus de vigueur que le foin. L'expérience prouve que les vaches qui en mangent font plus abondantes en lait. La volaille les aime beaucoup : on peut en faire une pâtée qui engraiffe beaucoup la volaille, & même les cochons: en voici le procédé.

On fait bien cuire les carottes ou les panais qui font plus tendres. On les écrafe enfuite, on y mêle de la farine de mays ou bled de Turquie, ou de feigle, d'orge ou de bled noir ou même du fon, on en fait une pâte délayée avec de l'eau toute chaude qui a fervi à faire cuire les panais ou les carottes, & on en fait une pâtée. Il eft donc bien évident que l'on pourroit tirer un parti très-avantageux de cette racine; il n'est pas moins furprenant qu'on ne se livre point à fa culture, qui affuTome XVI.

K

rément ne demande pas plus de foins que celle des navets. D'ailleurs c'est qu'il eft bon de faire obferver que les terres propres aux navets ne valent rien pour les carottes ; & qu'ainfi quand on ne peut point dans un domaine fe procurer des navets par le défaut du terrein il eft moralement certain qu'on peut le procurer des ca

rottes.

CHAPITRE III.

Addition à l'article du Foin.

No

Ous avons donné la conftrution d'une meule qui met le Cultivateur en état de braver en fûreté l'inconftance du tems en pouvant retirer son foin à moitié fec fans craindre qu'il s'échauffe. Voici une meule pour le regain, dont la conftruction nous eft four

nie

par le Journal œconomique; on verra par le détail que nous allons en donner qu'elle ne peut être que très-utile.

Le regain qu'on recueille dans les prairies eft tantôt la feconde, tantôt la troifiéme coupe de l'année. Il est certain que cette espéce de foin eft beaucoup plus tendre & n'a point autant de consistance que le premier, ni à beaucoup près autant de bonté, parce qu'il n'a pas eu le tems d'acquérir le dégré de maturité parfaite. Soit qu'on le tire des bas prés, de la luzerne ou du fain-foin; il est plus fujet à s'échauffer &z à fe gâter que le premier foin, fi on n'a pas l'attention de le faire fécher extrêmement dans le pré : D'un autre côté fi on le fait fécher au point qu'il doit être pour pouvoir être confervé, il perd alors une bonne partie de fes fels & de fes efprits qui s'évaporent, de forte que

quand on le donne aux beftiaux, il les nourrit médiocrement. Voici le moyen que l'expérience a appris pour éviter ces deux incon. véniens également préjudiciables. Le fecret confiste à faire fécher ce foin de regain un peu plus qu'à demi fur le pré, enfuite de le faire tranfporter auprès de la grange d'en former une meule de la maniere fuivante.

&

On choifit d'abord un terrein un peu élevé, fur lequel on étale un lit de branches de fa

gots, afin que l'humidité de la terre ne puiffe pas pénétrer au foin de la meule. Enfuite on met par-deffus une couche de paille de froment bien féche & bien choifie, Sur ce lit de paille on étend un lit de regain un peu mince, par exemple de quatre pouces, ou tout au plus de fix d'épaiffeur, On couvre cette couche de regain d'une couche de paille, puis on en

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