connu dans le pays pour un homme à charrois, trouve difficilement à fe placer. Or il eft bien difficile de cacher cette conduite, elle eft donc fçue de prefque tous les propriétaires; il n'y a donc d'autre reffource pour un homme femblable que de tâcher de fe placer dans un autre pays, ce qui eft encore d'une difficulté étonnante, attendu qu'un propriétaire feroit bien imprudent s'il confioit la culture de fes biens à un inconnu fans prendre préalablement quel qu'information dans le pays d'où il fort. Et nous ajoutons que l'attention du propriétaire doit se porter vers cet objet important. Dans toutes les branches de l'Agriculture on fçait que l'œil d'un maître actif & intelligent tierce au moins les produits. Ainfi quel que mérhode que l'on fuive, la présence du maître est absolument néceffaire: autrement tout va mal.

,, Lorfque les terres reftent en friche & qu'elles s'embuiffon" nent, c'eft un grand inconvénient dans les pays où l'on cul,, tive avec les boeufs, c'est-àdire où l'on cultive mal les terres y font à très-bas prix, enforte qu'un arpent de terre qu'on efferteroit & qu'on défricheroit, coûteroit deux fois ,plus de frais que le prix qu'on acheteroit un arpent de terre

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qui feroit en culture. Ainfi on ,,aime mieux acquérir que de faire ces frais: ainfi les terres tombées en friche reftent pour tou,, jours en vaine pâture, ce qui ,, dégrade effentiellement les pro,,priétaires.

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Il est donc décidé fuivant cet Auteur, que toutes les terres travaillées avec des boeufs font mal cultivées. Mais a-t-il vu les plaines de Marmande, de la Réolle, les campagnes des autres pays de

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la Guyenne & du Languedoc & beaucoup d'autres provinces que nous pourrions citer, où l'on ne cultive qu'avec des boeufs, & qui font à proprement parler les greniers, non-feulement du Royaume mais encore de nos Colonies? Les terres font auffi cheres dans ces pays que dans tous les autres du Royaume. L'Auteur qui aime tant le calcul, parce que fans doute il y eft verfé, ignore-t-il donc que les terres y font vendues en proportion exacte de la valeur commune des denrées qu'elles produisent? D'ailleurs à quel propos un particulier acheteroitil des terres qu'il voudroit abandonner fans culture à leur propre fort. Quand on achete, c'est pour cultiver & tâcher d'augmenter par le produit de l'acquifition que l'on a faite, autant qu'il eft poffible, fon bien-être. Nous ne fçavons point comment l'Auteur a

pu hazarder la réflexion précédente.

On croit vulgairement qu'il ,, y a beaucoup plus de profit par ,, rapport à la dépenfe à labourer ,, avec les boeufs qu'avec des chevaux, c'est ce qu'il faut examiner en détail.

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On le croit, & l'on a raifon de le croire, l'Auteur a beau bourfouffler dans le détail qu'il va donner, tous les articles qui regardent les boeufs, & rétrécir ceux qui regardent les chevaux, nous ofons efpérer qu'après ce que nous avons dit des avantages qui réfultent des premiers, le Lecteur ne fe livrera point impudemment aux calculs que nous allons rapporter fidélement d'après luimême.

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Nous avons remarqué qu'il

ne faut

que quatre chevaux pour cultiver un domaine où douze boeufs font néceffaires.

Nous avons fuffifamment fait fentir le faux de cette propofition & nous ajouterons qu'il eft généralement reconnu que quatre bœufs font la befogne de trois chevaux, que par conféquent huit bœufs font celle de fix chevaux, & que douze par une conféquence auffi abfolue doivent rendre autant de travail que neuf chevaux : c'eft fur ce principe incontefta blement erroné que l'Auteur appuye fon calcul. Delà on peut juger de fon exactitude.

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Les chevaux & les boeufs font ,, de différens prix. Le prix des chevaux de labour est depuis foi. xante livres jufqu'à quatre cents francs: le prix des boeufs eft depuis cent livres la paire jufqu'à ,500 liv. & au-deffus : mais en fuppofant de bons attelages il faut eftimer chaque cheval 300 ,, liv., & la paire de gros boeufs ,,400 liv, pour comparer l'achat des uns & des autres.