Nous le difons ici avec toute la fincérité poffible, & nous le proteftons à la face du Public, nous verrons avec une égale fatisfaction le jugement qu'il voudra bien porter; favorable ou non pour nous, nous n'en ferons agréablement affectés qu'autant qu'il en réfultera des connoiffances certaines pour l'amélioration de nos Campagnes. Des perfonnes éclairées nous confeilloient d'abord de ne point rapporter l'article de l'Encyclopédie, parce que, difoient-elles, il n'étoit pas vraisemblable que l'Encyclopédie pût fe trouver dans les mains des Cultivateurs. Mais, avons-nous répondu, ou Meffieurs les Encyclopédiftes travaillent tous les articles, afin qu'un chacun y puife les connoiffances relatives à l'état qu'il a embraffé, ou ils n'ont cherché qu'à faire des pages; nous con noiffons leurs bonnes intentions; ils marchent tous le flambeau à la main pour éclairer l'Univers entier; ainfi l'Encyclopédie étant pour tous les hommes, puifque c'eft l'Aftre univerfel des connoiffances, nous devons examiner fi les lumiéres qu'il répand font fidelles & certaines; en ef. fet il n'eft pas poffible que des Citoyens fi éclairés & fi embrafés de l'amour des hommes n'euffent cherché qu'à groffir des volumes; une vanité fi mal entendue & fi ridicule n'eft pas faite pour de vrais Philofophes. Si le Public ne jugeoit que fur la forme; c'est-à-dire que fur le ftile, & ne s'attachoit point au fond; nous prendrions d'avance. condamnation. Il eft certain que nos remarques ne feront pas auffi peignées que les calculs que contient l'article Fermier. Nous écrivons pour une claffe de gens à qui il faut des inftructions expo- Tout ce que nous rapporterons de l'article de l'Encyclopédie fera marqué par des Guillemets, & nos Remarques feront du même caractere que le refte de l'Ouvrage. On voit bien que par-là, nous voulons de bonne foi. fubir un jugement & non l'efquiver, en enchevêtrant nos observations dans celles dudit article. Cette méthode eft affez en usage, & c'eft une infidélité indigne d'un Ecrivain honnête. 30 ENCYCLOPEDIE. Si on ne confidere l'Agricul»ture en France que fous un afpect général, on ne peut s'en former que des idées vagues & imparfaites. On voit vulgairement que la culture ne man» que que dans les endroits où » les terres reftent en friche; on imagine que les travaux du pauvre Cultivateur font auffi avantageux que ceux du riche Fer» mier. Les moiffons qui cou» vrent les terres nous en impofent; nos regards qui les par» courent rapidement nous affu» rent, à la vérité, que ces ter»res font cultivées; mais ce coup دو " d'œil ne nous inftruit point du produit des récoltes ni de l'état de la culture, & encore » moins des profits qu'on peut retirer des Beftiaux & des au» tres parties nécessaires de l'Agriculture. On ne peut connoître ces objets que par un examen fort étendu & fort approfondi. Les différentes manieres de traiter les terres que l'on cultive, » & les caufes qui y contribuent décident des produits de l'Agriculture; ce font les différentés fortes de cultures qu'il faut bien connoître pour juger » de l'état actuel de l'Agriculture du Royaume. دو OBSERVATION. Le jugement qui partiroit d'une telle doctrine feroit fort incertain: la véritable façon de diftinguer fi les diverfes cultures que l'on pratique dans le Royaume font plus |