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C'eft de-là que s'étendant de pro-" che en proche, les Liguriens s'a- « vancerent jufqu'à Narbonne & aux " Pyrenées.,,

Il eft bien vrai, que les Liguriens occuperent dans les Gaules prefque tout le païs, qui eft entre les Alpes & le Rhône. Strabon, d'où ces paroles font tirées, ajoûte, & le Lued rion; & comme on ne connoît point de Luerion dans les Gaules, l'Auteur moderne fubftitue à ce mot celui de Leberon, qui, dit-il dans une note, aboutit près de Cavaillon. Mais l'Auteur s'apperçoit-il qu'il n'y a dans les Gaules quoique ce foit du nom de Leberon, qui aboutiffe près de Cavaillon; & qu'il s'agit ici pofitivement d'une riviere, qui termine au nord le païs des Liguriens, comme la mediterranée le terminoit au midi, & Monaco avec le Rhône le terminoit, le premier au levant, & le fecond au couchant? Car c'eft ce que Strabon dit en termes exprès: Il eft vrai que dans ce Géographe le nom de la riviere qui terminoit auSeptentrion le païs des Liguriens, eft at

jourd'hui défiguré; mais pour peu qu'on veuille y faire attention, on découvre aisément que c'eft la Durance que Strabon a marqué. Je paffe fous filence que l'Auteur moderne confond fans doute le Cala von, qui eft une petite riviere de Provence, avec Cavaillon, ville confidérable de la même province; parce qu'il a trouvé dans Baudran, que le Leberon étoit une montagne, qui s'étendoit du levant au couchant l'ef pace de quelques lieues fur la frontiére du Dauphiné, entre la Durance au midi, & la ville d'Apt, & la riviere de Calavon au Septentrion.

Mais fans m'arrêter à ces fortes, de qui pro quo, M. Gibert me permettra de lui repréfenter, qu'au lieu de ces paroles, les Liguriens s'éten dant de proche en proche, s'avancerent jufqu'à Narbonne & aux Pyrenées; il devoit dire, que les Arvernes étendirent leur empire d'abord jufqu'à Narbonne, & ensuite jufqu'aux confins de Marseille, & qu'ils fubjuguerent les peuples qui étoient entre les Pyrenées, l'Océan & le Rhin

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Δετειναν δὲ τῷ ἀρχὴ δι Α'ρκέρνοι μεχρί Ναρ βῶνος, καὶ τῶν ὅρων τῆς Μασσαλιώτιδος. ἐκρα των καὶ τῶν μέχρι Πυρήνης ἐθνῶν, καὶ μέχρι axtav Pávy. Strab. l. iv. pag. 191.c. Ainfi bien loin que les Liguriens fîffent des conquêtes fur les Celtes, les Celtes en faifoient fur eux, & reprenoient une partie du païs, que les Liguriens leur avoient autrefois enlevé. Car comme je l'ai déja dit & prouvé, les Liguriens n'étoient point Celtes; ils s'étoient seulement entés fur les Celtes dans cette partie de la Celtique, qui confine aux Alpes, & par laquelle ils s'étoient gliffés infenfiblement dans les Gaules. Auffi y étoient-ils regardés comme des étrangers & des ufurpateurs : témoin la générofité avec laquelle Bellovéfe conduifant fa colonie de Celtes en Italie, fe déclara contre eux en faveur des Phocéens, qui vouloient s'établir dans la Ligurie Celtique, & qui s'y établirent en effet par l'autorité & le fecours de ce Prince, lequel, fuivant les régles de politique ou de fuperftition marquées dans Tite-Live, étrangers pour étrangers,

Tit.

Liv.l.

v. c. 340

Pag. 73.

aima mieux les derniers venus, que les premiers.>

S. VI.

Paradoxe inoui fur la fignification
du mot Ibere. Les Liguriens fe
font bien établis en Espagne.
mais non pas
dans les païs, que
les Volces des Gaules occu
poient.

وو

En forte que l'on doit mettre les »Volces Arecomiques & les Volces »Tectofages au nombre de leurs co»lonies & de leurs peuplades. Que

les Liguriens aïent encore occupé » ces contrées, c'eft ce qui réfulte » des témoignages de Thucydide & » de Philiftus, lorfqu'ils nous affuirent que les Liguriens s'établirent dans l'Iberie: car Strabon nous apprend, qu'avant fon tems, & par conféquent du tems des Hiftoriens » que nous venons de nommer, on » entendoit par Iberie tous les pays qui font au-delà du Rhône. Ces dernieres paroles femblentre

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nouveller le paradoxe, que le Sieur Pelloutier a répandu en plufieurs endroits de fon Hiftoire des Celtes, principalement à la page 114, où il dit, qu'il eft certain qu'anciennement le nom d'Iberes n'étoit pas particulier aux Efpagnols, mais qu'il défignoit en général un peuple établi au-delà d'une montagne, d'un fleuve, d'une mer. Je veux trop de bien à l'Auteur moderne, pour n'être point fâché, en confidération de l'eftime que j'ai conçue pour lui, de ce qu'après avoir relevé à propos M. Pelloutier en quelques occafions, il adopte de cet Auteur une chimere semblable à celles qu'il a combattuës.

Non: il ne résulte en aucune façon des témoignages de Thucydide & de Philiftus, que les Volces Arecomiques & les Volces Tectofages aïent été, ou pû être du nombre des colonies & des peuplades des Liguriens. Il réfulte feulement du texte de ces Hiftoriens, qu'une colonie des Liguriens alla s'établir en Espagne, d'où elle chaffa les Sicaniens. Quant à Strabon, ni ce que ce Géographe

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