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qu'ils étoient par-tout les Confeillers-nés des premiers Magiftrats; qu'il n'y avoit qu'eux de Médecins dans les Gaules; que les Gaulois n'offroient aucun facrifice fans appeller les Druïdes, dans la perfuafion où l'on étoit qu'on ne devoit rien demander ou attendre des Dieux, que par l'entremise de ceux qu'on fçavoit en être favorablement écoutés ; la circonftance marquée par Cefar, que les Druïdes fe rendoient exactement tous les ans dans un lieu confacré du païs Chartrain,pour y tenir des plaids généraux, parce que ce lieu paffoit pour être le centre desGaules,infinuë affez clairement, que les Druïdes ne venoient pas dans le Chartrain seulement du païs des Amnites, & du canton de Baïeux, mais qu'ils s'y affembloient auffi de toutes les Cités, où ils avoient des Colléges, où ils exerçoient la médecine, où ils prononçoient fur les débats & les intérêts des particuliers, où ils offroient des facrifices, où ils aidoient les Magiftrats de leurs confeils, où ils répondoient aux queftions qu'on leur

faifoit fur l'avenir, où ils faifoient la cérémonie de cueillir le Gui de chêne, le Selage & le Samolum, plantes qui naiffoient dans toutes les Gaules; où ils recevoient en l'air l'oeuf qu'ils appelloient Anguinum; où enfin,quand l'envie leur en prenoit, ils faifoient foulever les Gaules. Or il n'y avoit gueres qu'un tiers des Gaules, dont les côtes füffent baignées par l'Océan: cependant les Druïdes étoient répandus dans toutes les Cités, nonfeulement de l'ancienne Celtique, dont les côtes maritimes étoient fur la méditerranée, mais encore dans celles qui étoient dans le coeur des Gaules, comme celles des Eduens, des Arvernes, des Sequanois, des Remois, des Senonois, des Lingonois, des Mediomatrices, & une infinité d'autres, qu'il est très-inutile de détailler, & qui ne pouvoient non plus fe paffer de Druïdes, que de Magiftrats, comme on le peut prouver par Cefar. Bel. Gall. lib. vij.

C. 32.

C'est donc autant contre la vérité de l'hiftoire, que contre l'état & la

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nature des Druïdes, qu'on s'obftine de vouloir que le féjour principal & originaire des Druïdes fe trouvâť vers l'Océan. Ce qui eft fingulier c'eft que pour défendre une thêfe fi extraordinaire, on n'apporte qu'un paffage où il eft fait mention des Druïdes des Armoriques. Mais faiton attention qu'il y avoit dans les Gaules des côtes autres, que celles des Armoriques; & ce qui eft encore plus, que l'Auteur du paffage qu'on emploie, eft de la fin du quatriéme fiécle? tems auquel l'ordre des Druïdes ne confervoit plus fa forme primitive, comme le paffage même d'Aufone en fait foi.

Timagéne les appelloit Ares » Avettes, ou Aretas ; car c'eft ce nom Grec qu'Ammien Marcellin a renrendu par Dorienfes, & que nous » avons exprimé par Doriens; mais » comme dans ce mot, & fur-tout en Latin & en François, les fi»nales ne font évidemment qu'une » terminaison étrangere, il faut les retrancher, & réduire le mot original à Dori, Doris, Dorius, Do

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ries, ou Dorias: or il n'eft perfonne qui ne doive s'appercevoir tout « d'un coup combien ces mots font « analogues à ceux de Druis, Drys, « Druias, Dryas, ou Dras, qui ne « font que des diverfes façons d'écri- « re, ou de prononcer le nom des « Druïdes, que l'on trouve dans les « anciens : il eft évident que les radi- « cales des premiers ne font abfolu- « ment que celles des feconds; & « toute la différence que l'on peut y « dans l'orto-∞ remarquer, n'eft que graphe ou la prononciation: or fi« cette ortographe & cette pronon- « ciation ont fi fort varié dans des « mots, que l'on reconnoît généra-« lement pour n'être que le même nom des Druides, l'on ne doit pas " être choqué, que ce nom frappeauffi différemment dans celui de " Dorius ou Dories: celá étant, il faut " que l'on avoue, qu'au fonds & dans " le principe, le nom de nos Doriens " eft le même que celui des Druïdes; & c'eft ce qui fe confirmera encore « mieux par leur racine commune « que je vais expofer, après avoir «

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remarqué qu'Atlas, par qui l'on » difoit que l'ancien Hercule, le con»ducteur de nos Doriens, avoit été » inftruit dans l'Aftronomie, eft nom» mé Dyris, Drys, Edris ou Idris,par »les Phéniciens & les Arabes, tous » noms qui ont l'anologie la plus fenfible, foit avec celui des Druïdes, »foit avec celui des Doriens. » Definit in pifcem mulier formosa supernè.

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Je dois auffi prévenir le Lecteur fur la langue où je prendrai la ra»cine du nom des Druïdes : c'eft » dans l'Hebreu...... Les Sénes de » l'ifle de Sain, qui fe changeoient, à ce qu'on prétend, en toutes fortes. d'animaux, trouvent la racine de » leur nom, comme je l'ai déja ob» fervé, dans Schena, qui fignifie » être changé, fe transformer. Les Pa» teres, Prêtres d'Apollon, pren» nent leur nom de Patar, qui mar» que l'interprétation des fonges. Celui » de Vates eft tiré de Vad, au plu

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riel Vadim, les devins, parce que » leur fonction étoit la divination & » la contemplation de la nature, par rapport à cet objet. Les Bardes

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