Je laisse encore à part l'union intime des Cimbres avec les Ambrons & les Tigurins, qui donne lieu de croire que le premier de ces peuples devoit être des Gaules , puisque les deux derniers y avoient incontestablement leurs cantons. Je ne m'amuserai point à répondre à toutes les obje&ions qu'on peut me faire ; aucune d'elles, ni même toutes ensemble, ne sçauroient tenir contre la plâpart des autorités , que je viens de rapporter, Mais, dira-t'on, d'où vient que les anciens placent les Cimbres dans la Chersonese , qui a été appellée Cimbrique de leur nom? Je réponds que la Chersonese dont il s'agit , n'a été appellée Cimbrique, que depuis qu'on a découvert, que les Cimbres, qui avoient échappé au carnage que Marius fit de ceux de leur nation, s'y étoient retirés. Or cette découverte ne se fit qu'alsez long-tems après : car la Chersonéle n'étoit nullement connuë du tems de la guerre des Cimbres; ainsi les anciens qui parlent de la Chersonése Cimbrique , ne sont rien moins que de la derniere antiquité. Au reste , quand on pourroit prouver, ce qu'on ne fera sûrement pas, que les Cimbres étoient venus de la Chersonése Cimbrique, ce ne seroit pas un sujet légitime de qualifier les Cimbres de Germains, parce que la Germanie ne s'est jamais étenduë jufques-là. CHAPITRE V I. DES GERMAINS. $. I. Les premiers Germains qui ont passé dans les Gaules , y ont été conduits par Arioviste. Le païs qu'ils y ont occupé, étoit enclas vé dans celui des Sequanois. Autres Germains établis depuis dans les Gaules , mais tribus taires des Tréviriens. :IL y avoit entre autres, depuis la Meuse jusqu'à Tréve & au Pag.123 1 Rhin, plusieurs peuples particu.“ propre : mais com- 66 les peuples, dont on fait le dénombrement, ne fûssent de véritables Germains & qu'ils n'aient même occupé le païs, qui est entre la Meuse & la Moselle. Mais il y a lieu de douter , qu'ils fûfsent ces premiers Germains , qu’Arioviste introduisit dans les Gaules : car 1°. le païs d'entre la Meuse & Tréve est éloigné de celui des Sequanois, où il est certain que les premiers Germains furent placés. 20. Cesar marque expressément que Caf.bel. G iij 1 Gal. l. i. Idem. tous, ou presque tous ces peuples ibid. lib. étoient Cliens & tributaires des Tré12.6.6. viriens : ce qui détruit l'idée d'autorité & de force, avec laquelle Ariovifte établit les premiers Germains dans le païs des Sequanois. En attendant qu'on ait éclairci ou tranché ces difficultés, je serois porté à croire que les peuples dont il s'agit , pourroient bien être d'autres Germains , qui vinrent à la suite des premiers, & qui faifoient partie de ces fix vingt mille hommes d'au-delà du Rhin, qui étoient déja dans les Gaules l'année même que Cesar y arriva. Comme donc les premiers Germains pourvûs ne laissoient point à ceux qui vinrent depuis, de territoire qu'ils pâffent occuper, ces derniers furent sans doute reçus dans ce lui des Tréviriens à la recommandation d'Ariovifte , mais à condition qu'ils feroient dépendans de ceux,qui vouloient bien leur céder une partie de leurs terres. Condition qui ne leur coûtoit rien , parce que les Tréviriens avoient presque toûjours des intelligences avec les peuples d'au delà du Rhin, & étoient animés du même esprit. S. II. Les peuples d'au-delà du Rhin qui se font établis dans les Gaules avant Arioviste , n'étoient pas Germains. La force avec laquelle les vrais Germains Sous la conduite d'Arioviste , fe Sont établis dans les Gaules , fit que les peuples d'au-delà du Rhin qui avoient déja pafé ou passerent depuis ce fleuve prirent le nom de Germains. Avant Pentrée d'Arioviste dans les Gaules , les peuples d'audelà du Rhin n'étoient connus que sous le nom de Suéves. Différentes entrées des peaples d'audelà du Rhin dans les Gaules, Il s'étoit encore établi des Ger-" Pag 124. mains dans le païs des Sequaniens,“ environ soixante-dix ans avant Je-66 sus-Chrift: comme c'étoit Ariovi-56 |