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Pag. 8.

» Il ne fera pas hors de propos de » rapporter ici en entier un paffage » de Diodore au fujet des Peuples » dont nous parlons, que l'on a critiqué, peut-être fans fondement. «

Le paffage de Diodore de Sicile a été critiqué avec fondement; & rien n'eft plus aifé que de faire voir, ou que le texte de Diodore de Sicile eft corrompu, ou que Diodore n'a pas eu la moindre teinture de l'Hiftoire des Celtes, ou Galates. Je ne perdrai point de tems à prouver la premiere partie de mon dilemme : J'ay été prévenu par Cluvier & par quelques autres Sçavans, qui l'ont mise en évidence. Je viens donc tout d'un coup à la feconde; parce qu'outre qu'elle seule tranche la difficulté, elle renferme encore la preuve de la premiére, ou du moins l'équivalant.

Diodore dit, que la premiére année de la cent quatorziéme Olympiade, qui eft la quatre cent trentiéme de la fondation de Rome, fut cé lébre par le grand nombre de peuples de prefque tout le monde connu,

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qui envoïerent des Ambaffadeurs à Alexandre. Les Illyriens en étoient ajoûte-t'il, les Adriatiques auffi, de même que les Thraces, & les Galates leurs voisins: & c'est pour la premiére fois que ces derniers fe firent connoître aux Grecs. Diod. Sic. l. xvij, p. 579° Il y a deux fautes énormes dans ce peu de paroles; l'une regarde le nomr de Galates; l'autre attaque le fond de l'Hiftoire des Grecs & des Celtes.

Pour mettre la premiere dans tout fon jour, il fuffit de rapprocher deux époques différentes: l'une eft celle de la députation même, dont parle Diodore; l'autre eft celle qui a donné naissance au nom de Galate. Tous les Auteurs, anciens & modernes, conviennent que c'est l'année même que Diodore a marquée, qu'Alexandre reçut le grand nombre de députés dont il s'agit. D'autre part il eft certain, que le terme de Galate n'a été emploïé que depuis le paffage des Celtes ou Gaulois dans l'Afie. Ce paffage eft fixé à l'an 475 de Rome. Donc ce ne font point les Galates,

ainfi que le dit Diodore, qui ont envoïé rendre hommage à Alexandre. Les Galates n'exiftoient point encore. On auroit beau dire que les Galates, depuis leur exiftence avoient une même origine que les Celtes. Le terme de Galates fuppofe néceffairement le paffage de la nation en Afie: & ainfi il n'eft point permis de confondre le terme de Galate avec celui de Celte, ni de s'en fervir au lieu de l'autre.

Il n'eft pas moins certain, que les Celtes, ou Gaulois, ont été connus de tout tems des Grecs.

Les Rhodiens font venus dans les Gaules, & ont bâti Rhode à l'embouchure du Rhône, plufieurs années avant l'établissement des Olympiades. Strab. l. 14, p. 654.

Les Phocéens, peuple de l'Afie mineure, abordent dans la Ligurie Tranfalpine, font alliance avec les Liguriens, & fondent Marfeille cent vingt ans avant la bataille de Salamine, c'est-à-dire, l'an 154 de Rome. Scymus Chiu. in Peripfo, vers 102. Scylax ibid. p. 4. Tit. Liv. l. v. c. 34*

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Juftin l. xliij, c. 3. Steph. Byf. &c. D'autres Phocéens viennent cinquante-deux ans après se joindre aux premiers. Au moïen de ce renfort, les Marseillois envoïent des colonies en plufieurs endroits des Gaules & d'Espagne. Herodot. l. 1, c. 164. Ammian. Marcel. l. xv, c. 9. Aulus Gell. l. x, c. 16. &c.

L'an 225 de Rome les Senonois paffent le Pô, s'établiffent en divers endroits d'Italie, principalement dans la grande Gréce. Appian. Annibal. p. 318. Diod. Sic. l. xiv, p. 321. Juftin. I. xx, c. 5.

Cinq ans après, Pythagore vint fe rendre difciple des Druides des Gaules. Clement. Alexandr. Stromat. l. 1. p. 304. B.

L'an 273 de Rome, les Gaulois entrent au service des Carthaginois, pour faire la guerre aux Grecs de la grande Gréce. Diod. Sic. 1. xj. p. 1 & 16.

L'an 363 de Rome, les Gaulois de la grande Gréce font alliance avec Denys l'ancien, Tyran de Syracufe, qui étoit une Colonie de

Corinthe. Juftin. L. xx. c. 5. L'an 385, Denys l'ancien envoie au fecours des Lacédémoniens cinq mille cinq cens hommes, tant Gaulois qu'Espagnols, qui font lever le fiége de Corinthe, attaquée par les Béotiens. Xenoph. 1. viij, p. 617. Diod. Sic. l. xv. p. 381.

L'année fuivante, Ciffidas conduit, par ordre de Denys encore, un autre renfort dans la Gréce, compofé de feuls Gaulois, qui aide à la prise de plufieurs villes, & fur-tout au gain de la Bataille fans larmes. Xenoph. l. vij. p. 619. & alii.

L'an 412 de Rome, les Gaulois fe mettent à la folde des Carthaginois, & vont faire la guerre en Sicile contre les Colonies Grecques. Timoléon envoïé par les Corinthiens au fecours de Syracuse qu'ils avoient fondée, les défait. Diod. Sic. I. xvjį P. 466. Plutarc. Timol. t. I, p. 247, &feq.

Quelque cinq ans après, fur la fin de l'expédition qu'Alexandre fit dans la Thrace, avant que d'entreprendre la conquête de l'Afie, des députés

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