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,, fte qui les y avoit conduits, & que Cefar le força d'abandonner les ,, Gaules, on pourroit douter, fi les Romains les laifferent dans les ter,, res, qu'Ariovifte avoit obligé les Sequaniens de leur céder.,, J'ai réservé jusqu'ici à dire que l'Auteur moderne fait un étrange abu's du nom de Germains dans les trois pages qui précédent ces dernieres paroles.Il donne ce nom aux différentes peuplades d'au-delà du Rhin, qui vinrent s'établir dans les Gaules; & cependant c'est Arioviste qui y a introduit la premiere troupe du peuple unique, qui de tout tems avoit en feule & en propre le nom de Germains. Il eft vrai que les progrès rapides de ces barbares, & la terreur qu'ils infpirerent aux Gaulois, donna du goût à d'autres barbares des environs de passer auffi le Rhin; & que pour avoir bon marché des Gaulois, & les engager à faire moins de résistance, ils prirent, & se donnerent eux-mêmes le nom de Germains: ce qui fut fuivi généralement de tous les étrangers; en forte que depuis

Cette époque, ce nom a été confacré, pour défigner les originaires de ce qu'on a depuis appellé la Germanie, foit qu'ils füffent en-deçà ou au-delà du Rhin. C'est ce que Tacite (4) nous apprend dans fon hiftoire de la Germanie, en obfervant que le nom de Germains étoit récent encore de fon tems, & un furnom à l'égard de la plupart des peuples qui en étoient décorés.

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c. 67.

Et en effet, Cefar eft le premier qui l'ait emploïé indifféremment ; en quoi il a d'autant plus de tort, qu'outre que Sifenna (b), qui vivoit fort (b) No. peu de tems avant lui, & Cornelius (c) Nepos qui étoit fon contempo- (c) Plin rain, & qui même lui a furvécu, fe hift.l.ij. font fervis du nom de Sueves pour défigner tous les peuples dont nous parlons: (d) il eft le feul qui nous ap- (d) Bell prenne l'année, que les Germains Gall. L. aïant Arioviste à leur tête, pénétrerent dans les Gaules. Or cette année étoit la quatorziéme avant l'arrivée de Cefar dans nos contrées, c'eft-àdire, avant l'an de Rome 695, felon les Faftes Capitolins: donc l'année

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de l'entrée des Germains dans les Gaules eft la fix cens quatre-vingtuniéme de Rome, & la foixante-treiziéme avant Jefus-Chrift, & non pas la foixante-dixiéme, ainfi qu'on difoit. Au refte, comme avant ce temslà les Suéves étoient la nation de toute l'Allemagne la plus puiffante & la plus étendue, ils donnoient le ton & le nom à tous les peuples, qui étoient au-delà du Rhin. Ainfi Cefar n'eft point éxact, quand, liv. 11. c. 4. parlant des recherches qu'il avoit faites fur les Belges, il marque qu'on lui répondit, que la plupart de ces peuples étoient des Germains, qui avoient autrefois paffé le Rhin, & s'étoient établis dans les Gaules. S'il avoit rendu fidélement la réponse qu'on lui avoit faite, il auroit fubftitué le mot de Sueves à celui de Germains.

Il faut donc diftinguer deux entrées, ou établissemens des peuples d'au-delà du Rhin dans les Gaules. La premiere a précédé la guerre des Cimbres, & elle eft clairement mar(a) Bel. quée dans Cefar (4). Il manque feuGal. liv. lement aux mémoires qu'il nous a

jj. c. 4..

laiffés fur ce point, que les peuples qui la firent, n'étoient encore connus que fous le nom de Sueves. La feconde eft celle dont parle Tacite & la feule peut-être qui lui ait été connuë: ce qui a donné lieu à l'Auteur moderne de la confondre avec l'autre, & de s'équivoquer.

Les Grecs étant venus dans les « Pag.125. Gaules, jaloux d'attirer à leur na- « tion la gloire de toutes les autres, «< auront attribué à leur Hercule ce « qui ne convenoit qu'à l'ancien: en « un mot, il a fuffi qu'on leur ait « dit, qu'un Hercule étoit venu « dans ce païs, pour qu'ils aïent, fui- « vant leur coûtume, fait honneur « de ce voïage au fils d'Alcmene; & « l'on juge qu'ils n'auront pas eu de peine à le perfuader à des peuples « ignorans & groffiers. »

L'Auteur moderne représente partout les Druïdes comme les dépofitaires de toutes les fciences; & les voici traités d'ignorans & de grof fiers. Ne vaudroit-il pas mieux s'infcrire en faux contre le récit de Timagéne? Il ne feroit fûrement pas

difficile de juftifier le parti qu'on prendroit.

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CHAPITRE VII.

Les premiers Grecs qui ont pénétré en Espagne, étoient les Rhodiens. C'eft leur commerce feul, qui les y a attirés. Les longs vaiffeaux font de l'invention de Danais.

Pag.117. »

"M Grecs) aient pû armer une

Ais d'imaginer qu'ils (les

» flotte puiffante, & entreprendre à » deffein un trajet auffi long, que celui du Peloponéfe au détroit de » Gibraltar ; qu'il aïent pû paffer par mer dans les Gaules & les Espa»gnes avec des armées nombreuses, » & en fubjuger les peuples,lorfqu'ils >> reconnoiffoient, qu'à peine du tems » de leur Hercule, ils commençoient » à fabriquer de longs vaiffeaux; c'est » ce qui ne me paroît pas poffible.

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Il faudroit être un Edipe auffi clairvoïant que l'eft l'Auteur mo

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