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les Gaules & qui comprenoit l'élite des Germains qui étoient au-delà du Rhin, n'étoit compofée que de quinze mille hommes. Ce qui revient parfaitement à cette bande de Germains, qui s'étoient détachés de cette autre troupe de la même nation, qui du centre de la Perfe avoit été transplantée fur les bords du marais Méotide: car ni l'une ni l'autre ne pouvoit pas être fort nombreuse; mais elles l'étoient affez pour que le nombre d'hommes qui compofoient au moins celle dont il s'agit, pût quadrer avec le nombre de foldats qu'Ariovifte mena d'abord au fecours des Arvernes & des Sequanois, & de quelques autres, qui les années fuivantes marcherent fur les traces des premiers; mais qui ne furent pas fi bien partagés, ainfi que je l'ai déja dit & que je le répéterai bientôt.

§. IV.

Germains tranfplantes de Perfe aux environs dumarais Méoti

de. Route que ces derniers ont tenuë delà jufques fur les rives du Rhin & dans les Gaules. En quelle année ils ont passé le Rhin.

Il n'eft pas fi aifé de dire, comment les Germains des environs du marais Méotide ont pénétré dans cette vafte région, qui de leur nom a été appellé Germanie, qu'il l'eft d'expliquer comment leurs ancêtres ont paffé de la Perfe aux bords de ce marais. Cependant on ne peut gueres douter que ces derniers n'y aïent été conduits par Cyrus même : car ce Prince aïant entrepris la conquête de toute l'Afie, il eft vifible qu'il a dû étendre fon empire jusques-là ; & comme nous avons des preuves certaines, qu'entre tous les Rois de Perfe c'eft lui qui a eu le plus à cœur la culture des terres, il y a tout lieu de préfumer qu'il a transporté dans ces cantons, extrémement négligés par les Scythes qui étoient les originaires du païs, ou la tribu entiere des Germains, ou partie de cette tribu, afin d'y introduire la fertilité.

A l'égard de cette bande de Germains qui abandonnerent leurs freres fur les bords de ce marais, & pafferent en Europe; l'Hiftoire ne fournit aucune lumiere, qui puiffe fonder la plus legere conjecture ni fur le tems de leur départ, ni fur la route qu'ils ont dû ou pû tenir. Tout ce qu'on peut dire de plus raisonnable à ce fujet, c'eft que quelqu'une de ces révolutions, qui font fi fréquentes dans tous les Etats, & qui l'étoient bien davantage en ces tems-là, donna lieu à leur tranfmigration, qu'ils firent en cotoïant ou paffant le PontEuxin, & en traverfant la Sarmatie Européenne, la Pannonie, & la Germanie jufqu'au Rhin. On ignorera toûjours quel tems ils mirent à faire ce trajet, & quel féjour ils firent dans la Germanie, & enfin la figure qu'ils y ont faite. On fçait feulement qu'ils n'ont paffé le Rhin & caf bele n'ont fait connoître leur nom aux Gaulois, & par eux aux Romains, que l'an 681 de Rome, & quatorze ans feulement avant que Céfar vînt dans les Gaules en qualité de Pro

Gal. l. I.

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conful. A quoi il faut ajoûter qu'Ariovifte les plaça dans le païs des Sequanois, un peu avant dans les Gaules; parce que les bords du Rhin étoient occupés depuis long-tems par ces Belges, qui ne permirent point aux Cimbres de paffer ce fleuve.

§. V.

Ce n'est que dans les Gaules qu'il faut chercher les véritables Germains. Vrai fens d'un paffage de Tacite, qui n'a point été entendu. Le paffage des Germains dans les Gaules eft l'époque de la connoiffance qu'on a euë de ce peuple en Europe.

Ces vérités établies fur les fondemens les plus folides, en découvrent une autre qui n'avoit point encore été apperçuë: c'eft que ce n'eft plus dans l'Allemagne qu'il faut chercher les Germains; ils ont tous paffé dans les Gaules fous la conduite d'Ariovifte, & dans le cours des quatorze années fuivantes : & quoiqu'ils aïent

donné leur nom,non-feulement à l'ancienne Germanie & à tous les peuples qu'elle comprenoit, mais encore aux peuples qui avoient paffé le Rhin avant eux; cela ne s'eft fait que depuis qu'ils eurent pénétré dans les Gaules, ainfi que nous l'avons dit d'après Tacite; ce qui conduit naturellement à l'intelligence de ce paffage du même Auteur, qui n'a pas été entendu jufqu'ici: Caterùm Germania vocabulum recens additum; quoniàm qui primi Rhenum tranfgreffi Gallos expulerint nunc Tungri tunc Germani vocati funt, ità nationis nomen in gentis evaluiffe paulatim ut omnes primum à Victore ob metum, mox à feip fis invento nomine, Germani vocarentur. Au refte, dit Tacite, le nom de « Germanie eft récent, c'est un sur- “ nom qui n'eft en vogue que depuis affez peu de tems; car le peuple " qui paffa le premier le Rhin &“ chaffa les Gaulois, avoit alors le " nom de Germains & non pas celui "< de Tongres comme aujourd'hui : " Ainfi un nom de nation peu à peu " l'a emporté fur celui de fes bran- "

De mor.

Germ.

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