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Pag. 200

§. IX.

Idées fauffes fur l'origine du nom Latin, que les Romains ont don né aux Celtes, ou Gaulois.

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Cependant fi l'on pouvoit croi»re que Cefar s'eft trompé fur la véritable nature du mot Galli, ou même fi l'on peut dériver un nom „Latin de l'Hébreu, aucune étymo»logie ne feroit peut-être plus vrai» femblable, que celle que l'on en » trouveroit dans Galil, limes, confi» nium; diverforum,ditBuxtorf,termino»rum convolutio & concurfus; le païs » des Celtes en effet étoit fitué à » l'extrémité de l'Europe, du côté du couchant : Eχατος πρὸς τῷ ἡλές δυσε 3 μέων τῶν ἐν τῇ Ευρώπη. Il en étoit la borne, & celui où tous les autres » aboutiffoient, pour ainfi dire. Cette étymologie affez fimple fans dou» te, & affez facile, rempliroit par» faitement l'idée que les anciens » avoient de la position de la Celti» que.«

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On ne croit pas que Cefar le foit

trompé; on croit plutôt que ceuxlà fe trompent, qui croïent,

1°. Que par ces mots, noftrâ Galli appellantur, Cefar a voulu infinuer que le nom Galli a été donné aux Celtes par les Romains en leur langue.

2°. Que les Romains ont donné aux Celtes le nom de Galli, à caufe de la couleur rouge de leurs cheveux & de leurs habits.

3°. Que les mêmes Romains ont appellé Galli les Prêtres de Cybéle, parce qu'ils affectoient le rouge dans les ornemens de leurs vêtemens; tandis qu'on fçait, que ces miférables Prêtres tiroient leur nom d'un fleuve, ou riviére de Phrygie, appellée Gallus.

Cur igitur Gallos, qui fe excidêre vocamus,
Cum tanto Phrygiâ Gallica diftat humus?
Inter, ait, viridem Cibelen, altafque Celenas
Amnis it infaná nomine Gallus aquâ.
Qui bibir inde furit; procul hinc difcedite
queis eft

Cura bonæ mentis: qui bibit inde furit.

Ovid. Faft. lib. IV, C. 316.

4. Enfin, que pour trouver la

force du mot Celte, on peut dériver de l'Hébreu Galil le mot Latin qui y répond, & prendre pour la vraie fignification du mot Celte, celle que PHébreu Galil préfente: fans faire attention, qu'outre que le mot Celte n'a pû paffer dans la langue des Romains fans s'altérer & fe corrompre; il n'eft venu jamais dans l'efprit des Romains de recourir à l'Hébreu pour défigner les Celtes par un nom, qui marquât la fituation de leur païs ; étant conftant que lors de la premiére connoiffance que les Romains eurent des Celtes, ils ne fçavoient ni quel peuple c'étoit, ni de quel pays il venoit. Ainfi ils furent obligés de former le nom Latin qu'ils leur donnerent, non fur la pofition du païs dont les Celtes étoient originaires, mais fur le nom même qu'ils fo donnoient.A joûtez, que les premiers Gaulois qui vinrent à la connoiffance des Romains, étoient établis en Italie depuis environ deux cens ans entiers. Si donc l'on fuppofe que les Romains ont formé le nom Latin, qu'ils ont donné aux Gaulois pour la premiére

fois, fur la pofition de leur païs;
il eft vifible qu'ils n'ont pû leur en
donner d'autre, que celui qu'ils don-
noient aux Italiens en général: ce
qui eft auffi abfurde, qu'infoûtena
ble.
§. X.

Le nom de Galate doit fans dou-
te fon origine à cette province
de Bithynie, dont les Gaulois
qui s'établirent dans l'Afie fi-
rent le fiége de leur Empire.
Long-tems avant Cyrus, les
Grecs étoient venus en Italie
dans les Gaules & en Espagne.

»Je paffe au nom de Galates..." Pages 20 J'adopterois donc plus volontiers « 21. l'opinion que je vais expofer. Elle « dérive le nom, dont il s'agit, de « l'Hébreu Galata, qui fignifie, tene- « bra, caligo, vefper. En effet, non- « feulement les Anciens regardoient les pays Septentrionaux & Occi- « dentaux de l'Europe, comme cou- or verts d'épaiffes ténebres: Pars mun- « di, dit Pline, damnata à naturâ re- «

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rum, & denfâ merfa caligine, ou, »fuivant l'expreffion de Tibulle: Illic & denfa tellus abfconditur umbrâ. Mais même ils ne défignoient fou» vent ces régions, que par les téne» bres, ou l'obfcurité: ainfi Homére... chez les Latins Stace..... En un » mot, perfonne n'ignore que l'on avoit originairement appellé Hefperie tous les pays Occidentaux de l'Europe, depuis & compris l'Ita» lie; nom qui n'eft que la fimple traduction de notre Galata. Je ne doute donc pas que ce dernier n'ait exprimé l'Occident & le Septen,,trion chez les Phéniciens, comme "Lips chez les Grecs, ou Vefper chez les Latins, d'autant plus que les Arabes appellent les mers du nord, les mers ténébreuses, comme l'a remarqué Bochart: en forte que les Galates n'auront été ainfi nompar les Navigateurs Phéniciens, qu'à caufe de leur pofition, » comme nous dirions les Peuples Occidentaux, ou Septentrionaux, » &c. Des Phéniciens, qui certainement découvrirent les premiers

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