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lance des fentinelles & l'inquiétude des chiens. Ils jettent du pain à ces derniers pour les empêcher d'aboïer: mais ils font trahis par les cris d'un petit nombre d'oïes, qu'on avoit épargnées dans la plus extrême disette, par respect pour Junon à qui elles étoient confacrées. Manlius s'éveille, fonne l'alarme, prend ses armes & court à l'endroit même de la muraille, où deux Gaulois étoient à demi montés. Un de ces Gaulois leve fa hache, pour fendre la tête à Manlius. Mais celui-ci le prévient, & lui abbat la main d'un coup de fabre. En même tems il fe tourne vers l'autre, qui embraffoit déja les creneaux, & lui donne fi rudement au visage avec fon bouclier, qu'il le renverse dans le précipice avec quelques autres Gaulois qui furent entraînés par la chûte du premier. Ce qui reftoit de Gaulois, & qui avoit déja gagné le parapet, fut auffi repouffé ou périt miférablement, fans pouvoir se servir de fes armes. Tit. Liv. l. v. c. 47. Plutarc. in Camil. p. 142, 143. Idem de for

tun. Roman. t. ij. p. 325. Ælian. de animal. l. xij. c. 33. Plinius apud Servium Æneid. viij. p. 546.

Le lendemain au point du jour les Romains s'affemblent chez les Tribuns militaires pour décerner des récompenfes ou des peines, felon qu'on auroit mérité l'un ou l'autre, Manlius fut comblé de caresses &' de loüanges, & chaque particulier alla porter dans fa maifon la demilivre de froment & le poiffon de vin, qu'on diftribuoit par tête à ceux qui défendoient le Capitole. On cite enfuite les fentinelles : toutes devoient être condamnées à mort ; mais il n'y eut que l'Officier qui commandoit la garde, qui le fût, & qu'on précipita. Plutarc. in Camil. p. 142, 143.

Sur la fin de l'automne la maladie fe met dans le camp des Gaulois : elle étoit caufée par l'air mal fain qu'ils refpiroient dans Rome. Cette ville étoit convertie en cimetiere; d'ailleurs toutes les maisons étant brûlées, le vent élevoit, non de la pouffiere, mais de la cendre,

qui étant fort haute, corrompoit tel lement l'air par fa féchereffe & fon acreté, lorfqu'elle étoit échauffée par le foleil, qu'on ne refpiroit plus qu'un poifon fubtil. La mortalité obligea donc les Gaulois d'entaffer les cadavres les uns fur les autres & de les brûler; non pour s'épargner la peine de les enterrer, ainfi que quelques anciens le difent, mais par principe de Religion. Le quartier de Rome, où les Gaulois faifoient cette cérémonie, retint toûjours le nom de bûcher des Gaulois. Tit. Liv. I. v. c. 48. Plutarc. in Camil. p. 143. L'AN DE ROME 363. AVANT JESUS-CHRIST 391.

Le ravage que la maladie faisoit dans le camp des Gaulois, ne rendoit pas la condition des Romains plus douce. La famine qui augmentoit toûjours dans le Capitole, join te à l'inquiétude mortelle où ils étoient de ne recevoir aucune nouvelle de Camille, à cause de l'exacte garde que faifoient les Gaulois, les jettoit dans la derniere confterna

tion.

Camille ne s'endort cependant pas: il emploïe plufieurs jours à faire des levées confidérables à Ardée, qui puiffent le mettre en état d'attaquer les Gaulois, & de les chaffer de Rome. Quand il se croit affez fort pour le faire, il ordonne à Lucius Valerius, qu'il avoit nommé général de la cavalerie, de faire fortir les troupes qui étoient à Veïes, & de les lui amener mais c'eft trop tard.

Les Romains qui étoient dans le Capitole, épuisés par les veilles, les fatigues & toutes les horreurs de la guerre, qui fe fuccédoient depuis fi long-tems fans relâche; ne pouvant tenir contre la faim infupportable à la nature; après avoir attendu inutilement à tous les inftans qui s'étoient écoulés, les fecours dont Camille les avoit flattés; perdant toute efpérance de les voir arriver; fe voïant fans vivres ; enfin le corps fuccombant fous le poids des travaux & des veilles, qui revenoient tous les jours, demandent abfolument ou de fe rendre, ou de fe

racheter à quelque prix que ce foit ; puifque les Gaulois s'étoient expliqués, qu'ils leveroient le fiége moïennant une fomme raisonnable d'argent. C'étoit en effet le langage que les gardes avancées des Gaulois avoient tenu aux gardes avancées des Romains. Tit. Liv. l. v. c. 38. Plutarc. in Camil. p. 143.

Les Romains pour faire illufion aux Gaulois, & leur perfuader qu'ils ont des vivres en abondance, jettent des pains dans leur camp de plufieurs endroits du Capitole. Ovid. Faft. liv. vj. Florus l. 1. c. 13. Lactant. Divin. l. I. c. 20. Val. Max. 1. vij. c. 4. 7 it. Liv. l. v. c. 48.

Le Senat ordonne, non aux Tribuns militaires, comme le difent Tite-Live & Plutarque, mais à Camille, de conclure un traité avec les Gaulois, afin de les obliger à fe retirer de Rome. Plutarc. de fortun. Rom. t. ij. p. 325.

Brennus ne vouloit accorder aux Romains que la vie ; mais fur la nouvelle que les Venétes venoient de faire une irruption dans fes Etats, il

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