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Cette partie de l'Europe, ce nom « aura paffé chez les Grecs par le « commerce: car ceux-ci ne voya- « gerent fi loin, qu'assez peu de tems « avant Cyrus,

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Que d'érudition perdue! Le nom de Galate n'eft point de la façon des Phéniciens, ni n'a été inventé pour défigner un peuple Septentrional, ou Occidental. Il eft né dans quelque coin de la Bithynie, comme je l'ai déja dit ; & il a été d'abord confacré pour défigner uniquement les Celtes ou Gaulois d'Orient : mais infenfiblement les Grecs s'en font fervis en parlant des Gaulois d'Occident. Voilà tout ce qu'il y a à dire de certain & de curieux fur ce mot.. Au refte, je ne sçaurois être du fentiment de l'Auteur moderne quand il dit que les Grecs ne voïagerent fi loin, qu'affez peu de tems avant Cyrus. Strabon m'apprend que bien des années avant l'établissement des Olym. xiv.paga piades, les Rhodiens avoient parcouru toutes les côtes de la mediterranée de notre Occident, & qu'ils avoient fondé Rhode à l'embouchure

Lib.

654.

du Rhône, Rozes en Espagne, Par thenope dans la Campanie, Elpias dans la Daunie, ou la Poüille, & quantité d'autres Villes en Europe, Or comme on place le commencement du regne de Cyrus à la feconde année de la cinquante-cinquiéme Olympiade, il eft vifible que les Grecs voïageoient jufqu'aux colonnes d'Hercule, & dès-là, felon les anciens, jufqu'aux extrémités de la terre, plus de deux-cent cinquante ans, avant le tems marqué par l'Auteur moderne.

CHAPITRE

II.

DES HYPERBORE' ENS.

S. I.

Pofidonius eft le feul Auteur qui ait defigné la Celtique pour le pais des Hyperboréens.

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ne sçauroit nier, 'que

Lplufieurs Ecrivains n'ayent défigné plus particulierement la Celtique par le pays des Hyperbo

» réens.

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Non-feulement on peut nier, mais on nie effectivement, que plufieurs Ecrivains ayent défigné plus particuliérement la Celtique par le païs des Hyperboréens: car ces plufieurs Ecrivains, dont parle l'Auteur moderne, se réduifent au feul Pofidonius, ainfi que je le ferai voir bientôt : & Pofidonius ne fçauroit être d'aucune autorité dans l'efpece particuliere.

§. II.

Aucun ancien n'a prétendu ni infinué, que les Hyperboréens fûffent une nation entiere de Prétres confacrés à Apollon. Les Claffes dans lesquelles les Gaulois étoient diftribués, & le culte qu'ils rendoient à Mercure; prouvent invinciblement que les "Gaulois n'étoient point les Hyperboréens.

Tous ceux qui ont employé ce « Pag. 24. Dom (d'Hyperboréens) dans quel- «

que lens qu'ils l'ayent pris, l'ont « emprunté des Jerophantes, ou «<

»Théologiens de Delos, qui en é »toient les auteurs, & qui s'en fer» voient pour défigner mystérieuse>ment une nation entiere de Prêtres » confacrés à Apollon. »

L'Auteur moderne s'apperçoit-il qu'en difant, que le nom d'Hyperboréens eft de l'invention des Hierophantes, ou des Théologiens de Delos, l'existence des Hyperboréens, fur laquelle Meffieurs les Abbés Ge doyn & Banier n'avoient ancun doute, devient auffi fabuleuse, que la région où les anciens difoient qu'ils faifoient leur féjour ? Rompre en vifiere à des Auteurs fi accrédités,c'eft de gaieté de coeur vouloir s'attirer fur les bras des Sçavans, dont les uns vivent encore, & les autres refpectent leurs cendres. Mais où l'Auteur moderne a-t'il lû quoi que ce foit, qui infinue, même de loin & foiblement, que par le terme d'Hyperboréens, on défignoit myftérieufement une nation entiere de Prêtres confacrés à Apollon? En fuppofant même que les Hy perboréens fûffent une nation entiere de Prêtres telle qu'on dit, quelle

trace trouve-t'on d'une pareille nation dans la Celtique ? Les habitans de la Celtique, ainfi que tout le monde fçait, étoient diftribués en trois claffes, en celle des Druides, en celle des Chevaliers, & en celle du Peuple: il eft vrai que cette derniere n'étoit comptée pour rien. Les Druides feuls étoient chargés de tout le détail de la religion. Apollon étoit bien du nombre des Dieux, que les habitans de la Celtique honoroient; mais le culte qu'ils lui rendoient étoit fubordonné à celui qu'ils rendoient à Mercure. Donc la Celtique n'étoit point le païs des Hyperboréens, ni les Celtes cette nation entiere de Prêtres confacrés à Apollon.

S. III.

De quelle maniere les Hyperboréens faifoient tenir leurs préfens à Delos. Route que ces prefens

tenoient. Tous les Auteurs mar

quent à peu près la même route. Cette route étoit d'abord du feptentrion au couchant, & enfui

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