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mains des Scythes, découvrant de tems en tems des routes ou plus courtes ou plus aisées, que celles qu'ils avoient tenues auparavant, ne manquoient pas de s'en fervir. Sans compter que les guerres, qui étoient fi fré quentes & mêmes continuelles parmi les barbares, par les mains defquels ces préfens devoient paffer, ne permettoient pas que l'occafion de tranfporter les préfens des Hyperboréens de Scythie à Delos, fût tous les ans la même. Ce qui eft certain, c'est que le terme d'où partoient les préfens des Hyperboréens, auffi bien que la plus grande partie du chemin qu'ils faifoient avant d'arriver à Delos, étoit dans le véritable Nord, & nullement dans la Celtique qui eft en Occident, d'où les préfens des Hyperboréens n'approchoient jamais plus près que du golfe Adriatique, qui eft à plufieurs centaines de lieuës des Gaules.

Au refte, Herodote eft le feul Ecrivain del'antiquité, qui dife, en termes formels, que les préfens desHyperbo réens étoient portés au golfe Adria

Pag. 27.

tique, avant que d'arriver à Delos. Non-feulement Callimaque garde un profond filence fur cette circonftance vraïe ou fabuleuse, mais encore il ne commence la defcription de la route que ces préfens fuivoient, qu'à la premiere ville de Grèce où ils arrivoient. Ainfi ce Poëte ne convient nullement avec Herodote fur la route que ces préfens tenoient, comme l'Auteur moderne le dit. Bien plus, Herodote place les Hyperboréens à l'extrémité du Nord, ainfi que nous l'avons vû; & Callimaque les met dans l'Orient: ce qui renverfe le fyf tême de l'Auteur moderne. Pinala ὄρη ἐν ταῖς ἀνατολᾶις, ὡς Καλλίμαχος Schol Apollon. I. iv. vers. 284. p. 413.

» Et que l'on ne dife pas, que le » chemin indiqué par les Déliens, eft une circonftance unique & démentie par toutes les expreffions des différens Auteurs, qui ont cher» ché à défigner plus précisément le "pays des Hyperboréens : il n'y a prefque aucune de ces expreffions qui ne nous ramene dans la Celti»que, auffi bien que ce chemin mê

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me. Je parcourrai ici en peu de mots « les principales."

L'Auteur moderne a raifon; le chemin indiqué par les Déliens n'eft pas une circonftance unique & démentie par toutes les expreffions des différens Auteurs, qui ont cherché à défigner plus précisément le païs des Hyperboréens: il n'y a aucune, je dis aucune de ces expreffions, qui ne nous ramene au point véritable du Nord, auffi bien que ce chemin. Il fuffit de parcourir en peu de mots les principales, que notre Antiquaire emploïe pour établir fon fentiment.

S. IV.

Les Monts Riphées, au-delà defquels habitoient les Hyperboréens, étoient au fond du Nord, & fort près de la mer glaciale.

L'on difoit que les Hyperboréens « Pag. 281 demeuroient au-delà des Monts Ri-" phées, & fur les bords de l'Océan. «

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Cela eft vrai: mais où plaçoit-on

les Monts Riphées, & de quel Océan parloit-on? Quoique ce que je viens

de dire ne laiffe aucune difficulté fur ces queftions; voici de quoi fatisfaire les efprits les plus difficiles. Damafte, contemporain d'Herodote, & cité par Etienne de Byzance, dit que les Scythes habitent endecà des Iffedons, les Arimafpes » au-delà des Iffedons; que ces der »niers font en-deçà des monts Riphées, d'où le vent de Borée fouf»fle continuellement, & qui font » toujours couverts de neiges; qu'en fin au-delà de ces montagnes font »les Hyperboréens, qui s'étendent jufqu'à la mer glaciale.

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Denys le Periégéte, qui vivoit du tems d'Augufte, & qui fut envoïé en Orient par ce Prince avant l'an 752 de Rome, pour dreffer un plan exact du païs à Caïus Cefar qui y Vers. devoit aller, écrit que la mer gla 315. ciale eft au voifinage des monts Riphées, auffi bien que la côte où l'on pêche l'ambre. La mer glaciale, Vers. 31. » dit-il en un autre endroit, que l'on appelle mer morte, eft au Nord, » & lave les côtes des féroces Ari ≫ mafpes.

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C. 13.

Les Sauromates & les Iffedons, « Lib. 4 dit Pline, s'étendent le long du Pa- " lus Méotide: derriere eux font les " Arimafpes: au-delà s'élevent les « monts Riphées, autour defquels eft « la région Pterophore, ainfi appellée des floccons de neiges qui y tom- « bent en tous tems, & qui reffem- « blent à des plumes dont l'air feroit « rempli. Contrée horrible, condam- « née par la nature à d'épaiffes téne- « bres, & à être le réceptacle des fri- « mats & des aquilons glacés. Der-« riere ces monts,& au-delà du Nord, eft la nation heureufe des Hyper-« boréens."

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Mais en voilà affez. Je n'aurois ja◄ mais fait, fi je voulois raffembler tout ce qu'il y a d'anciens & de bons Auteurs, qui placent les monts Riphées à l'extrémité Septentrionale de l'Europe, & jamais plus près. S. V.

Les anciens appelloient Alpes quelques montagnes qui font au Nord de l'Europe, & près des monts Riphées.

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