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Teréglant par le chemin indiqué par « les Déliens,la Celtique feule peut ê- « tre le pays des Hyperboréens ; & il « ne nous refte plus qu'à y chercher <<< des habitans, aufquels on puiffe ap- « pliquer toutes les particularités, « que l'on racontoit fur les moeurs &.« fur les ufages des Hyperboréens. «

Je me flatte d'avoir enfin gagné fur l'efprit de l'Auteur moderne, qu'en fe déterminant par les expreffions les plus fûres & les plus communes des Auteurs, comme en fe réglant par le chemin indiqué par les Déliens, ni la Celtique renfermée dans les véritables bornes, ni la Celtique portée auffi loin que quelques Modernes ont crû qu'elle s'étendoit, ne fçauroit être en aucune façon le païs des Hyperboréens. Il faut donc bien fe garder d'y chercher des habitans, aufquels on puiffe appliquer toutes les particularités, que l'on racontoit fur les mœurs & fur les usages des Hyperboréens. Une femblable curiofité ne procureroit à celui qui voudroit la fatisfaire, d'autre avantage,que celui de découvrir entre les

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moeurs, les ufages, les maniéres, le commerce de la vie, l'esprit, l'hu meur & la religion des Celtés & des Hyperboréens, la même différence qu'il y avoit entre la pofition des païs de deux peuples fi différens & fi éloignés l'un de l'autre.

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» On les repréfentoit (les Hyper» boréens ), ainfi que je l'ai dit, » comme une nation entiére de prê» tres d'Apollon; l'on ajoûtoit, que » la plupart joüoient de la lyre, & » chantoient continuellement des hymnes dans le Temple de ce Dieu, célébrant fes actions & fes » vertus ; qu'ils étoient les plus juftes des hommes ; qu'ils paffoient leurs jours heureux dans les bois facrés & dans les forêts; qu'exempts feuls des troublés de la » guerre, qui agitoient leurs voifins, ils atteignoient le plus long » terme de la vie humaine; enfin que » prévenus d'une inclination particuliére pour les Grecs, ils leur » avoient appris le dogme de l'immortalité de l'ame. «

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Diodore de Sicile, Méla & Pline

firoient bien, s'ils étoient encore en vie, & qu'ils jettâffent les yeux fur le portrait, que fait l'Auteur moderne des Hyperboréens & de la vie qu'ils menoient. Tous les traits font tirés des écrits de ces Auteurs: ces Auteurs ont eu foin de marquer qu'ils ne convenoient en feul, qu'à un peuple fitué dans un climat qui raffembloit les glaces, les neiges, les frimats & les vents les plus âpres & les plus impétueux. Diodore même de Sicile dit que la contrée qu'il habite, eft à l'oppofite de la Celtique; & néanmoins l'Auteur moderne entreprend de nous perfuader, que les Hyperboréens & les Celtes ne font qu'un feul & même peuple, & que le portrait des uns eft celui des aufres. Examinons- en donc les coufeurs; & voïons fi de part & d'autre les nuances font les mêmes.

On représentoit, dit-on, les Hyperboréens comme une nation entiére de prêtres d'Apollon. Ici, continue-t'on, » les Druïdes des Gaules se présentent naturellement à l'ef- a prit: ils y formoient la portion la☛

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plus diftinguée de la nation, ou même ils y étoient comme une na » tion particuliére de Philofophes & de Prêtres. «<<

J'ai déja dit, & peu de perfonnes ignorent, que la nation entiére des Gaulois étoit diftribuée en trois claffes, ou plûtôt en deux, ainfi que je l'ai expliqué. De ces deux claffes, celle des Druïdes étoit la premiére, parce que le Sacerdoce y étoit attaché mais on ignore, & l'on ignorera peut-être toûjours, fi tous les Druïdes étoient prêtres : mais quand on auroit là-deffus toutes les lumié res qu'on peut avoir, l'Auteur moderne n'en feroit pas plus avancé ; parce que bien loin que la claffe des Druïdes compofât toute la nation, elle ne faifoit pas même le deux-centiéme de ceux qui la formoient. Si donc nous donnions dans l'idée qu'on propofe, nous ferions obligés d'embraffer un fentiment qui, répugne à la raifon, & de la vérité duquel l'Auteur ne feroit pas luimême perfuadé.

S. X.

Les mœurs des Druïdes étoient entiérement oppofées à celles des Hyperboréens. Nature de la dignité d'Edituus & de Patere, établie chez les Druïdes.

"Il n'eft pas plus difficile de s'ap-« Page 344 percevoir, que tout ce que l'on « dit des Hyperboréens, eft précifément la même chofe que ce que « nous fçavons des Druïdes. Ainfi « les Druïdes honoroient finguliérement Apollon ; & une de leurs claffes appellée des Pateres, étoit « uniquement confacrée à ce Dieu. «

Il faut que la vûë de l'Auteur moderne foit bien fine, pour appercevoir ce que les yeux perçans du genre humain réüni, ne fçauroient découvrir. Les Druïdes honoroient Apollon, non pas finguliérement, comme notre Auteur juge à propos de le dire; mais en fecond, & à la fuite de quelques Dieux vulgaires, qui partageoient avec lui les honneurs de la

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