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Divinité. Ainfi c'eft fur le plus léger de tous les fondemens, qu'on métamorphofe les Druïdes en toute la nation des Hyperboréens. Il eft vrai que les Hyperboréens ne reconnoiffoient d'autre Dieu qu'Apollon, & qu'ils lui offroient des hécatombes d'ânes (4) en facrifice: au lieu que Pyth.. les Gaulois, en honorant Apollon vers 61. (b), Mars, Jupiter & Minerve, faifoient céder le culte qu'ils rendoient à ces Dieux, à celui qu'ils rendoient à Mercure; auffi lui offroient-ils des victimes humaines en facrifice, & multiplioient-ils fes ftatues à l'infi ni, afin qu'il leur tînt lieu de toute autre Divinité.

(b) Caf.

bel. Gal 1. iv.

17.

La claffe des Pateres, que l'Au teur moderne croit avoir été confacrée UNIQUEMENT à Apollon, n'établit guéres mieux la reffemblance qu'il trouve entre les Hyperboréens & les Druïdes. Cette claffe en der niére analyse n'étoit qu'un grade ;ou plûtôt, s'il eft permis de faire une comparaison entre des chofes entiérement difparates, la fonction de Patere dans l'efpéce dont il s'agit

étoit ce qu'eft dans la Religion Chrétienne un ordre mineur à l'égard de la dignité de Prêtre & d'Evêque. La fonction d'Ædituus, qui, comme celle de Patere, étoit dans les Gaules propre à une autre classe de miniftres d'Apollon, met cette vérité dans tout fon jour, & me fait venir une idée, que je foumets volontiers au jugement de l'Auteur moderne même: fçavoir, que l'une & l'autre claffe de Patere & d'Ediruus, qu'Aufonne (4) feul nous a fait (a)Proconnoître, avoient été peut-être in- fel. Bur troduites dans le Druidifme, à l'e- carm. xemple de femblables établissemens, & 10. que les Païens admiroient & trouvoient tout faits chez les Chrétiens. Saint Juftin, Tertullien, S. Auguftin, S. Gregoire de Nazianze, l'Auteur des Areopagitiques, & quelques autres Anciens, nous apprennent en plufieurs endroits de leurs écrits, jufqu'à quel point les Infidéles ont porté autrefois cet abus. Quoiqu'il en foit, on ne peut rien conclure de la claffe des Pateres.

On doit encore moins fonder l'i

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dentité des Hyperboréens & des Celtes fur le culte, que ces derniers rendoient à ce Dieu. J'ai déja infinué que ce culte étoit récent parmi eux; & il ne me feroit pas difficile de prouver, qu'il étoit parfaitement étranger à leur Religion; tandis qu'il eft de notoriété publique, que de toute antiquité, il faifoit tout le fond de la Religion des Hyperboréens, fans aucun mêlange, ni ac ceffoire.

S. XI.

Fonction des Bardes dans les
Gaules.

» Une autre claffe (c'étoit celle des » Bardes) ne s'occupoit qu'à jouer des inftrumens, à chanter des hym» nes, & à célébrer les louanges & » les actions des Dieux & des Hé

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»ros. "

Je n'ai trouvé nulle part, que les Bardes füffent une claffe de Druïdes, ni qu'ils s'occcupâffent à célébrer les loüanges des Dieux : c'étoient des Chantres, felon la force du mot Cel

tique, qui faifoient métier de chanter fur des inftrumens les belles actions des Héros de leur nation. J'ai dit dans un ouvrage particulier, qu'ils étoient en fi grande vénération dans les Gaules, que fi, fur le point de livrer une bataille, eûton déja commencé à lancer des traits, & tiré l'épée, les Bardes arrivoient au camp, on s'abftenoit de combattre de part & d'autre. Les Bardes fe mêloient encore de cenfurer, de fyndiquer la conduite des particuliers, & d'être toûjours à la table des grands.

S. XII.

Dans les Gaules, les femmes étoient de tems immémorial le confeil & les Juges de la nation. Les Druïdes fuccedent à ces femmes.Dans la fuite des tems ces nouveaux Juges fe laiffoient corrompre.

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Juges de tous les différens de Pag. 354 leur nation, leur équité leur avoit « attiré la vénération des peuples. » On voit ici jufqu'où va la force du

préjugé. L'Auteur moderne a cru voir lesHyperboréens dans les Druïdes. Ces derniers ne formoient point une nation comme les premiers ; ils étoient feulement la portion la plus diftinguée de leur nation : en conféquence, ils étoient Juges de tous les differens de leur nation. Mais cette qualité prouve-t'elle qu'ils füffent les Hy. perboréens, c'est-à-dire, les plus juftes de tous les hommes ; & qui n'aïant rien à démêler, ni entre eux, ni avec leurs voifins, n'ont jamais eu la pensée d'établir chez eux des Juges, au tribunal defquels leurs différens fûffent portés ?

L'équité des Druïdes, ajoûte-t'on leur avoit attiré la vénération des peu ples. C'eft tranfporter injuftement aux Druïdes une loüange qui n'eft dûë qu'aux Dames Gauloifes: car il n'eft pas permis d'ignorer que de tems immémorial, en récompenfe de la fage conduite que tinrent les femmes fortes dont il s'agit, pour étouffer une guerre inteftine qui duroit depuis long-tems, les Gaulois ont érigé un Tribunal Souverain, com

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