posé de Matrones respectables , qui jugeoient définitivenrent les procès des parin ticuliers , régloient despotiquement les interêts de la nation, décidoient de la guerre ou de la paix qu'il falloit faire. Ce Tribunal fubfiftoit encore lors du passage d'Annibal dans les Gaules. On ne sçait ni comment, ni en quelle occasion les Druïdes le renverserent, & lui substituerent le leur propre. Je ne veux pas répandre des doutes sur l'équité des premieres sentences de ces nouveaux Juges; je puis du moins celles des tems postérieurs, n'étoient pas toujours exemptes des défauts inséparables des paffions humaines, témoin la partie de la Scéne du Querolus , ou Aulularia, que j'ai emploiée ailleurs dans une semblable occasion, & que je vais rapporter ici pour la rareté du fait. Elle consiste dans un entretien intime, que Querolus a avec le Dieu Lare, auquel il se plaint de son sort, en le priant d'en corriger la malignité. Entr’autres expédiens qu'il lui propose, pour le fáirc avec succès; le premier est de le mettre à portée assurer que ou en place de prendre de toutes mains , sans courir aucun risque d'en être recherché. Voici en nature les paroles de l'un & de l'autre. Quer. Si quid igitur potes, Lar familiaris , fam cito ut fim privatus potens. Lar. Por tentiam cujufmodi requiris ? Quer. Ut mihi liceat spoliare non debentes, cadere alienos , vicinos autem & fpoliare & cae dere. Lar. Ha, ha, ha i latrocinium, non potentiam requiris : hoc modo nescio adepol quemadmodùm prastari hoc poffit tibi ; tamen inveni ; habes quod exoptas, ad Ligerem vivito. Quer. Quid iàm Lar. Illic jure gentium vivunt homines : ubi nullum eft praftigium : ibi fententiæ capitales de robore proferuntur in ossibus. Illic etiàm rustici peror ant , privati, judicant : ibi totum licet. Si dives fueris, Patus appellaberis : fic noftra loquitur Gracia. O filva, ô folitudines, quis nos dixerit liberas ? Multo majora sunt que tacemus : tamen hec intereà sufficit.Quer. Neque dives ego , neque robore uti ce pio. Nolo jura bec silvestria. Les couleurs avec lesquelles les Druïdes sont ici dépeints, sont bien différentes de celles, avec lesquelles les Hyperboréens sont par tout , & S. XIII. des n'étoient que l'ombre de ce » Les bois & les forêts étoient Pag. 358 » leurs demeures, & le siége de leurs » écoles & de leur culte. Ce sont encore des traits des Druides dans leur origine, qui commencerent à s'effacer du tems, ou même avant les tems de Cefar; & enfin n'e. xisteient plus sous l'empire de Clau-. de, qui les chassa de Rome; ni du : tems de Neron, puisque Dion Chryfostome, contemporain de ce Prince, nous apprend que tandis que les Rois étoient assis sur des trônes d'or, qu'ils habitoient des maisons superbes, les Druždes regnoient en leur place ; ni à la mort de Vitellius qu'ils firent soulever toutes les Gaules; ni du tems de Diocletien, qui étant dans les Gaules, & réglant ses comptes avec son hotesse, Druïdesse de profession , entendit de la bouche de cette femme une prédiction, qu'il parviendroit un jour à l'Empire. Moins encore du tems d’Ausone, que les Druïdes occupoient toutes les chaires des Gaules. A quoi il faut ajoûter , que les Druïdes, en choisissant les bois & les forêts pour leurs demeures, & pour y établir le siege de leurs écoles & de leur culte , avoient des vûës bien différentes de celles qui faisoient agir les Hyperboréens. En effet, les Druïdes ne cherchoient la retraite , que pour vaquer à la contemplation, pour faire des progrès dans l'Astronomie, dans l'Astrologie, dans la Médecine, dans la Jurisprudence, dans la Politique, dans la Théologie, & dans les autres Sciences, dont ils faisoient profession ; & pour y former des disciples qui leur filseng honneur; au lieu que les Hyperboa réens passoient leurs jours heureux dans Les bois Sacrés & dans les forêts , parce qu'ils n'avoient point de maisons : & ils n'en avoient que faire; ils vivoient sous un ciel , qui n'étoit troublé, ni par le vent, ni par la pluïe, ni par le froid, ni par le chaud; & ils n'avoient d'autre attention que celle de renouveller tous les jours les festins & les concerts , qui charmoient agréablement chaque instant de leur vie. J'ai lû même quelque part, qu'ils ne cultivoient aucune science; & que les anciens , en marquant qu'ils offroient des ânes en facrifice, faisoient allus Sion à leur stupidité. S. XIV. pas incompatible avec celle des Ils étoient dispensés d'aller à la « Pag: 351 guerre. » |