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w. nat.

quaft.c.

37.

Senec.1. grands vents. Augufte, témoin oculaire de ces accidens furprenans, le prit pour un Dieu, & lui fit bâtir un temple dans les Gaules, en action de graces de ce qu'il ne les avoit pas bouleverfées pendant le féjour qu'il

y

fit. J'ai dit dans un autre ouvrage, que ce vent s'appelloit Circius; que fon nom s'eft confervé dans la Narbonnoise, où il fait encore de grands ravages, fous le nom de vent de Cers, dérivé du Celtique Circh, qui fignifie impétuofité.

Dans le point de vûë où l'Auteur moderne a mis la queftion préfente, le vent Circius en fait néceffairement partie. C'eft, j'ofe dire, le caractériftique des Druïdes & des Celtes, comme le Borée l'eft des Hyperboréens ces deux vents font donc réciproquement paroli l'un à l'au tre. Ainfi prétendre que les Druïdes étoient les véritables Hyperboréens, c'eft foûtenir auffi que les Celtes, au milieu defquels les Druïdes vivoient, ne recevoient aucune incommodité du fouffle violent de Circius : ce qui eft démenti non-feulement par toute

l'antiquité, mais encore par les habitans, qui occupent aujourd'hui l'ancienne, Narbonnoise.

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De-là on peut juger avec quelle vivacité M. l'Abbé Banier s'éleveroit contre le fentiment de l'Auteur moderne, après s'être élevé contre celui de M. l'Abbé Gedoyn, fur le quel l'Auteur moderne a formé le fien, & l'a pouffé jusqu'au - delà de la vraisemblance. « Les Hyperbo- «< réens, dit M. l'Abbé Gedoyn, étoient voifins des Celtes: les Grecs & comprenoient parmi les Celtes la plus grande partie des peuples de « l'Europe. Il y a bien de l'apparen- « ce que ce voifinage les a induits en « erreur, & leur a fait prendre un « peuple pour l'autre. Ainfi quand ils « ont dit, que l'olivier leur venoit «< du païs des Hyperboréens, il ont « voulu dire du pais des Celtes; dont en effet une partie étoit fort fep-« tentrionale, comme une autre étoit « au midi, & une autre au couchant.

A la circonftance près de l'olivier apporté du pais des Celtes dans la Grèce, dont j'ai démontré la fauffe

Mem. Acade

mie des Infcript.

t. vij. p.

16.

141.

té, le fentiment de M. l'Abbé Ge doyn eft probable, & même un des plus probables: cependant M. l'Ab bé Banier l'a combattu, non pas directement, mais par des excurfions littéraires à perte de vue, où il s'enfonce à deffein pour arriver en boulinant dans la Colchide, qu'il a choi fie pour être le féjour des Hyperbo réens. Il combattroit donc bien volontiers, & fans détour, celui de l'Auteur moderne, puifqu'il donne infiniment plus de prife, & qu'il n'eft fondé que fur des hypothefes, qui ne font pas recevables.

Mais à dire vrai, il n'en tireroit aucun avantage en faveur de fon fentiment. Il confifte, ainfi que je viens de le dire, à placer les Hyperbo1bid.p. réens dans cette partie de la Colchide, qui eft voifine du Phafe. Il ne feroit fürement pas difficile de rétorquer contre lui toutes les preuves, qu'il emploïe pour arriver à fa fin: mais comme cela me meneroit trop loin, je me contenterai de lui faire voir, par le témoignage exprès d'un Ecri vain de la derniere antiquité, que la

Colchide & le païs des Hyperboréens, font des païs différens, & fort éloignés l'un de l'autre. Cet Ecrivain eft l'Auteur des Argonautiques qui portent le nom d'Orphée, & qui font plutôt d'Onomacrite Athénien, qui vivoit du tems, & fous la tyrannie des Pififtrates, qui s'emparerent du gouvernement d'Athenes au commencement de la cinquante-cinquiéme Olympiade. Or ce Poëte, après avoir conduit les Argonautes dans la Colchide, & raconté de quelle maniere ils s'étoient rendu maîtres

de la Toifon d'Or, dit que dès qu'ils en furent en poffeffion, ils fe rem-« barquerent; & qu'étant fortis de « l'embouchure du Phase, ils cotoïe- « rent les païs occupés par les Gym-« nes, les Buonomes, les Arcyes, « les Ceroetes & les Gintes; qu'à « quelques jours de-là ils aborderent. dans l'ifle de Poeanthe; qu'enfuite ils parcoururent le Bofphore Cimmerien dans toute la longueur, & « entrèrent dans le marais Moeotide, a à l'entour duquel habitent un nom- « bre innombrable de peuples, qui a

» nourriffent leurs cheveux, tels que "les Gelons, les Sarmates, les Ge»tes, les Gymnées, les Cecry »phes, les Arfopes, & les Arimaf » pes.

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Le marais Moeotide traversé » continue Onomacrite, nos voïa»geurs prirent leur vaiffeau fur les ❤épaules, & le porterent pendant » neuf jours & autant de nuits, à tra» vers une forêt, qui aboutiffoit à >> l'Océan Septentrional, laiffant à » droite & à gauche les Pactes, les » Arties, les Lélies, les Scythes, les » Taures, les Hyperboréens Noma» des, & les Cafpiens. Le dixiéme » jour, ils arriverent dans une val »lée qui étoit au pied des monts Ri »phées, au milieu de laquelle cou»loit une riviere, où ils jetterent leur canot; & par ce moien ils fu rent portés dans l'Océan, qu'on appelle tantôt la mer de Saturne, tantôt la mer des Hyperboréens, » & enfin tantôt la mer morte. Après » fix jours de navigation, ils abor»derent dans la région des Macrovies, qui vivent douze mille mojs

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