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païs Lycéen. Ce Poëte n'a pu la dét figner, que fous le nom même qu'elle a eu de tout tems chez les Grecs. Or il eft certain que de tout tems elle n'a été connue des Grecs,que fous le nom de Celtique, qui étoit son véritable nom. C'est un fait attefté nonfeulement par tous les Géographes anciens & modernes, & par les Hiftoriens qui parlent de l'établiffement des Phocéens à Marseille; mais encore par la fondation de Rhode à l'embouchure du Rhône, & de Rozes dans la Tarraconnoise: événemens arrivés plufieurs années avant l'inftitution des Jeux Olympiques, & par conféquent avant le fiécle où Onomacrite écrivoit.

Mais quand nous n'aurions pas des autorités auffi éclatantes,auffi formelles, la circonftance marquée par Onomacrite, que le païs Lycéen étoit la demeure de Circé fille du foleil, fuffiroit feule pour convaincre les efprits les plus opiniâtres, que ce pais n'a rien de commun avec la Gaule; puifque l'ifle de Circé, ou pûtôt de Circée, étoit dans la mediterranée,

& que le pays Lycéen, dont parle Onomacrite, étoit fur les côtes de l'Océan. Une autre raison également forte, qui empêchera tout Auteur, quelque prévenu qu'il foit, de dire, de foupçonner même, que le païs Licéen d'Onomacrite foit la Gaule, c'eft que le Poëte la met à trois journées de cette ifle, que l'Auteur moderne donne pour être certainement la Grande Bretagne. Mais le trajet de la Grande Bretagne à la Gaule eft-il de trois journées ?

Je paffe à l'Auteur moderne l'affurance avec laquelle il dit qu'on ne peut pas douter,que cette ifle couverte de pins, où étoient les vaftes & fuperbes demeures de Ceres; ifle environnée de rochers, toûjours ceinte d'un nuage, & inacceffible aux mortels, ne soit la GrandeBretagne. Ces vaftes & fuperbes demeures de Cerès, avec ce qu'ajoû-« te Onomacrite, que ce fut dans un « bois de cette ifle, que Pluton ravit « Proferpine, tandis qu'elle étoit occupée à eueillir des fleurs,» forment avec la grande Bretagne un contrafte, qui faute aux yeux, & empêche

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qu'on ne prenne des païs fi différens l'un pour l'autre.

CHAPITRE IV. DE L'ORIGINE DES GAULOIS.

§. I.

Vraie idée qu'on doit fe former des
découvertes que Timagéne a fai
tes fur l'origine des Gaulois.
"UN des plus anciens Auteurs

qui ait écrit fur l'origine des » Gaulois, eft Timagéne : il avoit ra» massé avec soin tout ce qu'il avoit trouvé à ce sujet dans les Ecrivains qui l'avoient précédé; & il avoit découvert, dit-on, des choses jus» qu'alors ignorées : fon ouvrage eft » malheureusement perdu; mais Am» mien Marcellin en a extrait fidéle»ment, à ce qu'il affûre, ce que je "vais rapporter: j'y fonderai tout ce » que j'ai à dire fur les Gaulois.

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Quelques-uns ont aflûré que les premiers habitans des Gaules étoient des Aborigénes; qu'ils furent appellés Celtes du nom d'un

Roi qui leur fut cher, & Galates de « celui de fa mere.»

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C'eft ainfi que l'Auteur moder ne commence le cinquiéme chapitre de fes Mémoires. Il fe propofe de démontrer que des fix différens fentimens, qu'Ammien Marcellin rapporte d'après Timagéne fur l'origine des Gaulois, il n'y en a aucun qui ne foit vrai à certains égards; parce, dit-il, que "l'opinion qui y place « les Aborigénes, ne parle que des « premiers habitans qui y parurent. « Celle qui y conduit l'ancien Her- « cule, ne parle que des lieux voifins « de l'Océan, & n'exclut pas entié-«< rement la premiere. Les Druïdes « dans la leur accordoient au moins « en partie cette premiere, & ne « nioient point la feconde. L'arrivée « de l'Hercule Grec gravée fur des « monumens, qui semblent annoncer " quelque antiquité, fuppofe d'an- « ciens habitans, & ne détruit, ni le « fentiment des Druïdes, ni les au- " tres. L'origine Troïenne n'étoit “ certainement revendiquée, que par " quelques peuples particuliers; & la "

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fuite même de l'hiftoire nous ap prend qu'il n'y avoit que les Eduens » dans les Gaules qui y prétendîffent, » comme étant les feuls, que les Ro,,mains honorâffent du nom de freres. Enfin fi lesPhocéens s'étoient fixés dans la Viennoife, & y avoient é→ » tendu leur nom & leur puiffance, » auffi bien que leurs colonies, il eft » fans difficulté,qu'ils y avoient trouvé des peuples établis avant eux, auxquels on peut appliquer toutes » les opinions précédentes.

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Voilà donc M. Gibert décidé en faveur de ce que Timagéne a recueilli fur l'origine des Gaulois. Cet Ayteur, dit-il, eft un des plus anciens qui ait écrit fur cette matiere. Si cela eft vrai que deviendra l'autorité de Cefar, qui a écrit plus de quatre cens ans avant Ammien, qui a fait la guerre dans les Gaules pendant dix ans, & qui nous a tranfmis fidélement l'origine même que les Gaulois se donnoient, dont néanmoins Ammien ne fait aucune mention?

Il avoit, continuë-t'on, ramassé avec foin tout ce qu'il avoit trouvé à ce

Juje

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