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moins fuivie, m'a empêché de me rencontrer avec la plûpart de nos meilleurs Ecrivains. Ils ne doivent donc pas m'en fçavoir plus mauvais gré, qu'on n'en fçauroit au Pilote, qui trouveroit le chemin de la Chine, affranchi des inconvéniens inféparables de celui de paffer & de repaffer l'Equateur.

J'attens cette juftice en particulier de l'Auteur des Mémoires, pour fervir à l'Hiftoire des Gaules & de la France. Il ne peut me la refuser, fans reclamer contre la déclaration qu'il fait dans la Préface, d'être fincérement reconnoiffant envers ceux qui tenteront de le rapprocher de la vérité, & fans violer les affûrances qu'il donne de rétracter à la tête de fon fecond volume, toutes les fautes qu'on lui aura fait appercevoir dans le premier.

il ne

Je n'en demande pas tant. Je fouhaite feulement, & je crois pouvoir l'exiger, que s'il ne goûte pas plus mes Origines Celtiques & Gauloifes, qu'il a goûté celles des autres, jette pas plus d'humeur & de perfonnel dans ce qu'il pourroit écrire pour fe juftifier, qu'il en entre dans mes Eclairciffemens. A la vérité, plusieurs endroits de fon livre fervent de canevas, ou comme on voudra l'appeller, aux fyftêmes que je propofe. Mais s'il y trouve à redire, je le prie de ne s'en prendre qu'à la nécessité où il m'a mis, de tenir à son égard la même conduite qu'il a tenuë à l'égard de ceux, qui, avant lui, avoient agité les mêmes queftions. Si nonobftant ma priere, il veut entrer en lice, je commence par reconnoître de bon

ne foi, que j'ai à faire à forte partie: Mais je me confole par avance du fuccès du combat par la gloire qui me reviendra toûjours de l'avoir engagé & foûtenu.

Bien plus, je fuis en état de lui prouver que, pofé les circonftances des tems, il n'y avoit pour moi d'autre parti à prendre, que celui que j'ai pris. Son Ouvrage a paru dans le tems même que je travaillois aux préliminaires du premier volume de l'Hiftoire des Gaules, que je me prépare à donner inceffamment. Je traitois donc alors les mêmes matiéres. Or d'un côté, toutes les idées croifent, je ne dis pas les miennes mais celles que préfentent les plus précieux reftes de l'antiquité. D'autre part, je ne voulois, ni ne devois faire rien

perdre de leur prix à ses idées. Que pouvois-je alors faire de mieux, que de les exposer telles qu'il les a lui-même publiées, & de les mettre vis-à-vis des miennes ? J'avouë que ces dernieres contraftent avec les fiennes; mais le contrafte fera toûjours à fon avantage:

C'est une ombre au tableau, qui lui donne du luftre.

Sur ce pied, un procédé de cette nature, mérite quelque fentiment de gratitude de fa part.

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Ce détail, tout fimple qu'il eft, met fous les yeux du Lecteur ce qu'il doit s'attendre à trouver dans l'Ouvrage que j'ai l'honneur de lui offrir; fçavoir, ce qu'il y a de vrai, ou du moins de plus certain fur nos Origines. Ce vrai & ce certain font renfermés partie dans le pre

mier volume du RECUEIL DES HISTORIENS DES GAULES ET DE LA FRANCE, qui paroît depuis quelques années, & partie dans l'affemblage des Auteurs, ou des paffages des Auteurs qui ont été ômis, & que j'ai recueillis avec tout le foin qu'il m'a été poffible: Affemblage au refte affez grand pour former feul un jufte volume, lequel avec celui qui a été imprimé, ne peut, & ne doit faire qu'un tout indivisible. Il a même cela de particulier, qu'étant compofé d'Auteurs ou de paffages d'Auteurs, qui n'étoient point connus, il préfente de notre Hiftoire les traits les plus curieux, les plus étendus, les plus certains, &, j'ofe dire, les plus

corrects.

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Sur ce pied, on peut aujourd'hui fe flatter d'avoir en abon

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