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donna mille louanges au brave Cavalier qui avoit fait un fi beau coup. Quand la témérité eft heureufe, elle ne trouve plus de cenfeurs; & ce prodige parut à la Nation, un effet très-naturel du courage Espagnol.

Comme la Dame étoit encore évanouie, fon pere n'ofa fe livrer à la joye. I craignoit, qu'après avoir été fi heureufement délivrée du feu, elle ne mourût à fes yeux, de l'impreffion terrible qu'avoit dû faire en fon cerveau le péril qu'elle avoit couru. Mais il fut bientôt raffuré. Elle revint de fon évanouiffement, par les foins qu'on prit de le diffiper; elle envifagea le Vieillard, & lui dit d'un air tendre: Seigneur, je fe→ rois plus affligée, que réjouie, de voir mes jours confervez, fi les vôtres ne l'étoient pas. Ah! ma fille, lui répondit-il en l'embraffant, puifque je ne vous ai pas perduë, je fuis confolé de tout le refte. Remercions, pourfuivit-il en lui prefentant le faux Don Cléofas, remercions tous deux ce jeune Cavalier. C'eft votre libérateur. C'est à lui que vous devez la vie. Nous ne pouvons lui témoigner affez de reconnoiffance, & la fomme que j'ai promife, ne fçauroit nous acquiter envers lui,

Le

Le Diable prit alors la parole, & dit à Don Pedre d'un air poli: Seigneur, la récompenfe que vous avez propofée, n'a eu aucune part au fervice que j'ai eu le bonheur de vous rendre. Je fuis noble & Caftillan : le plaifir d'avoir effuyé vos larmes, & arraché aux flâmes l'objet charmant qu'elles alloient confumer " eft un falaire qui me suf

fit.

Le defintéreffement & la générosité du Libérateur firent concevoir pour lui une estime infinie au Seigneur de Efcolano, qui le pria de le venir voir, & lui demanda fon amitié, en lui offrant la fienne. Après bien des complimens de part & d'autre, le pere & la fille fe retirerent dans un corps de logis qui étoit au bout du Jardin. Enfuite le Démon rejoignit l'Ecolier, qui le voyant revenir fous fa premiere forme, lui dit: Seigneur Diable, mes yeux m'auroientils trompé N'étiez-vous pas tout à l'heure fous ma figure? Pardonnez-moi, répondit le Boiteux; & je vais vous aprendre le motif de cette métamorphofe. J'ai formé un grand deffein : Je prétens vous faire époufer Séraphine.Je lui ai déja infpiré; fous vos traits, une paffion violente pour votre Seigneurie. Don

Don Pedre eft auffi très-fatisfait de vous parce que je lui ai dit fort poliment, qu'en délivrant fa fille, je n'avois eu en vûë que de leur faire plaifir à l'un & à l'autre ; & que l'honneur d'avoir heureufement mis à fin une fi périlleuse avanture,étoit une affez belle récompenfe pour un Gentilhomme Efpagnol. Le bonhomme a l'ame noble ; il ne voudra pas demeurer en reste de générofité, & je vous dirai, qu'en ce moment il délibere en lui-même, s'il vous fera fon gendre, pour mefurer fa reconnoiffance au fervice qu'il s'imagine que vous lui avez rendu.

En attendant qu'il s'y détermine, ajoûta le Boiteux, gagnons un endroit plus favorable que celui-ci, pour continuer nos obfervations. A ces mots il emporta l'Ecolier fur une haute Eglife remplie de Maufolées.

Fin du premier Tome,

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TA.

TABLE

DES CHAPITRES

DU PREMIER TOME.

CHAP. I.

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Vel Diable c'eft que le Diable Boiteux. Où & par quel hazard Don Cléofas Léandro Perez Zambullo fit connoiffance avec

lui.

Page 1

CHAP. II, Suite de la délivrance d'Af

13

modée. CHAP. III. Dans quel endroit le Diable Boiteux transporta l'Ecolier, & des premieres chofes qu'il lui fit voir. 18 CHAP.IV.Hiftoire des Amours du Comte de Belflor,& de Léonor de Cefpe

38

des. CHAP. V. Suite & conclufion des Amours du Comte de Belflor. 77 CHAP. VI. Des nouvelles chofes que vit Don Cléofas ; & de quelle maniere il fut vengé de Dona Thomafa. 108

CHAP.

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