Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Soit que dans un deffein on ait de juftes causes,

Soit qu'à tort on l'ait embraffé,

Le Temps, pere de toutes chofes,

Ne revoque point le paffé:

Mais quand par le fuccés nôtre attente est remplie, Sans peine avec le fort on fe reconcilie,

Et les plaifirs enfin, qui fuivent les travaux,

Sont, pour nos cœurs comblez de joie,
L'heureux fleuve, où bientôt se noic
Le fouvenir de tous les maux.

Ainfi du grand Cadmus les Filles renommées; Source du noble fang dont Theron tient le jour,

Par le fort long-temps opprimées,

De fes faveurs enfin virent l'heureux retour.:

*L'une par la foudre brulée,

Fut portée auffi-tôt fur la voute étoilée,

* Semelé

Où rejointe à fon fils, compagne de Pallas,
Toujours prefente, toujours belle

Aux yeux de fon Amant fidele,

Elle adore la main qui causa son trépas.

[ocr errors]

L'autre au fond de la mer Egée

Voulut finir fon triste sort,

Et par le Dieu des Flots en Déeffe changée,
Sur fon propre tombeau triompha de la mort.
Mais ô flus & reflus dés fortunes du monde !

C'est peu qu'en une nuit profonde,

Le Ciel nous ait caché le terme de nos jours:
Nous fommes fi peu feurs de notre destinée,
Que tel dans les plaisirs commence une journée,
Qui fouvent dans les pleurs en acheve le cours.

[ocr errors]
[ocr errors]

Telle fut, o Theron, la fortune flateufe, Qui comblant tes Ayeux de fes dons les plus chers Fit voir en d'autres temps, dans leur difgrace affreufe, Un exemple éclatant de fes fameux revers, Depuis que par un parricide.

Oedipe cut fouillé la Phocide,

Et qu'aveugle aux perils par le Ciel revelez,
Il commit un horrible incefte,

Que la fiere Erynnis, dans un combat funefte,

Punit en fes deux fils l'un par l'autre immolez.

Mais Polynice mort laissa fon fils Therfandre, Qui regnant aprés luy fur le Thrône d'Argos,

Fit aux Jeux, aux Combats tout ce qu'on peut attendre
De l'addreffe, & du cœur du plus fameux Heros.
Et quand toute fa renommée

Vit encore aujourd'huy dans nôtre ame charmée,
De celle de Theron ferons-nous moins épris,
Lui, qui par les honneurs, ou conduit la Victoire,
Du fang, qui l'a formé, perpetuant la gloire,
Du Combat Olympique a remporté le prix ?

Avec fon Frere, aux Jeux Pythiques,

A ceux qu'au Dieu des Eaux Corinthe a çonfacrez, N'a-t-il pas partagé les honneurs magnifiques

Auk Victorieux preparez?

De tous côtez comblé de gloire,

Quel cœur de fes chagrins ne bannit la memoire?
Par quel revers fi grand peut-il être abbatu ?

Que craint-il dans ce qu'il projette,

Armé des fecours que luy prête

Une immenfe richelle unic à la vertu 2.

1

L'une jointe avec l'autre eft l'étoile polaire
Qui conduit nos desseins au port,

[blocks in formation]

Savent quel avenir nous attend à la mort.

Ils favent qu'aux Enfers eft un Juge terrible,
Sourd aux cris, aux pleurs inflexible,

Qui des avares cœurs punit la dureté,
Un Juge, qui d'un ton à glacer le coupable,
Lui prononce un Arrest severe, irrevocable,
Qui d'abord eft executé.

Les Juftes cependant fous d'aimables afiles;
Où les foucis font ignorez,

Dans des plaifirs fans fin paffent des jours tranquiles,
D'un Soleil doux & pur à toute heure éclairez.
Ils n'ont plus à chercher fur la terre & fur l'onde
Les befoins d'une vie en miferes feconde,

Et les Dieux comblent leurs fouhaits

De biens, dont l'image charmante

Pour fupplice cruel, fans ceffe fe presente

A ceux qu'en ont privez leurs indignes forfaits

Ces Juftes, dont les ames pures

Trois fois dans d'autres corps onr revû nos climats,
Toujours exemptes de fouillures,

D'un fejour plus heureux vont gouter les appas.
Saturne les reçoit dans l'Ifle fortunée

Que le Maître du Ciel a pour eux destinée,

Ou regnent les plus doux Zephirs;

Où fans ceffe à leurs yeux les fleurs les plus cheries Couvrent le bord des eaux, les buiffons, les prairies, Et pour parer leurs fronts s'offrent à leurs defirs.

Prés de Saturne affis le fage Rhadamante, Sous le Trône facré de la Mere des Dieux, Fair part de fes decrets à la troupe brillante Des Heros les plus glorieux.

?

Là Cadmus & Pelée occupent une place;

Là jouït de la même grace,

A la priere de Thetis,

Celuy qui vit tomber fous fa main vangereffe Hector, l'appui de Troie, & l'effroi de la Grece, Et tant de bataillons dans le Xanthe engloutis,

« AnteriorContinuar »