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A ceux qu'an Dieu des Eaux Corinthe a confacrez.]

Les Jeux Ifthmiens ainfi nommez de l'Ifthme de Corinthe où ils étoient celebrez d'abord en memoire de Melicerte, & puis en l'honneur de Neptune. Les Vainqueurs étoient couronnez de branches de Pin.

Quel coeur de fes chagrins ne bannit la me

moire. ] Pindare entend par là les inquietudes de Theron avant la victoire, & la crainte qu'il avoit cuë de ne la pas remporter; ou peutêtre parle t-il des chagrins que ce Prince a foufferts de fes démêlez avec Hieron. De la reflexion qu'il fait fur le bonheur de Theron, il paffe à remarquer les moyens qu'il a cus pour y parvenir, qui font une grande Richeffe & une grande Vertu jointes enfemble.

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Ils favent qu'aux Enfers, &c. Ce qu'il a dit que la vertu jointe à la richeffe peut tout, lui fert de digreffion dans cette Strophe & dans les trois autres fuivantes, où il étale le bonheur des Riches vertueux aprés leur mort & le malheur de ceux qui ont fait un mauvais ufage de leurs biens. Il y aura des gens qui ne regarderont d'abord cette digreffion que comme une matiere à de belles

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defcriptions, où s'eft complu l'efprit du Poëte; mais à qui y reflechira bien, il ne sera pas difficile de s'apercevoir que ce n'eft pas là fon premier motif, & qu'aprés avoir parlé à Theron du bonheur qui a couronne fes vertus pendant la vie, il a voulu lui faire d'une maniere adroite & détournée, la peinture de la felicité dont il doit joüir aprés fa mort, dans les champs Elifées, il lui 'montre Cadmus', l'illuftre Auteur de fa race, dans un rang tres honorable. Je dis d'une maniere détournée, parce qu'à l'égard d'un Prince, on ne va point directement lui parler de fa mort. C'eft apparemment pour ce fecret, lequel il laiffe à penetrer, qu'aprés fa digreffion il dit enigmatiquement, qu'il a dans fon carquois des fleches, dont le bruit eft entendu des Savans ; mais qui a befoin d'Interpretes auprés des Efprits vulgaires.

STROPHE X I.

D'un Soleil doux & pur à toute heure éclairez;} Ainfi Virgile dit des mêmes champs Elifées, dont il eft icy question, qu'ils ont auffi leur Soleil & leurs Etoiles,

Solemque fuum, fua fidera norunt.

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Ces Fuftes dont les ames pures, &c.]. Selon Pindare, les ames des Juftes avoient deux

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demeures aprés la mort, l'une dans l'Elyfée, & l'autre dans l'Ile fortunée, où Saturne refidoit, & qui eft icy décrite. De la premiere, elles étoient renvoyées trois fois fur la terre, fous d'autres corps, & retournoient trois fois dans l'Elyfée, d'où aprés s'être purgées des foüillures du corps elles paffoient enfin dans cette Ifle fortunée, qui étoit leur derniere demeure.

STROPHE XIII.

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Près de Saturne affis le fage Rhadamante.] Rhadamante étoit un des trois Juges établis aux Enfers; les deux autres étoient Eacus, & Minos.

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La Cadmus & Pelée occupent une place.] Pindare a foin de marquer dans cette affemblée Cadmus Roi de Thebes, du fang duquel Theron defcendoit,

Pelée étoit fils d'Eacus, mari de Thetis, & pere d'Achille. Il eft placé entre les Habitans des Ifles fortunées, fans doute à caufe de fa vertu finguliere, dont voici un exemple. Chrereis fille d'Hyppolite & femme d'Adrafte, l'aima éperdument, & irritée de ne pouvoir lui plaire, elle l'accufa à son mari d'avoir voulu la violer. Acafte pour fe vanger, le fit mener & attacher fur une montagne, & l'abandonna en proye aux bêtes farouches: mais Jupiter prenant pitié

de fon fort, lui envoia par Vulcain une épée, avec laquelle (il faloit qu'en l'attachant, on lui eût laiffè les bras libres) il fe défendit contre les bêtes, & ayant rompu fes liens, entra dans la ville avec peu de fuite,vainquit Acafte, & y regna à fa place.

Quant à Achille, à qui n'eft il pas connu ? mais ce que Pindare dit que ce Heros fut reçu dans l'Ile des Bienheureux, à la priere de Thetis fa mere, fait faire reflexion qu'il n'étoit pas facile d'y entrer.

Je n'ai point traduit Κύκνοτε θανάτῳ πόρεν, Αἔςτε παῖδ' Αίθιοπα, qui donna la mort à Cycnus, & au fils de l'Aurore. J'ai cru que cela étoit fuffifamment remplacé, quant au lens, par le dernier Vers, par lequel je finis cette Strophe.

STROPHE XIV.

Mais, ô divins tranfports, &c.] Les quatre premiers Vers de cette Strophe, font une imitation plûtôt qu'une traduction de ceux de Pindare. Je n'ai pas cru pouvoir rendre avec grace en notre Langue la figure qui eft dans le Grec. Fai dans mon carquois plufieurs flêches, dont le bruit fe fait entendre aux Savans, mais qui a befoin d'Interprete auprès des vulgai res efprits. Pindare répond par là à ceux

qui de fon temps, foit par froideur de ge

nie,

foit par jaloufie pour fa gloire,

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accufoient fon ftile d'obscurité & qui prenoient fes digreffions pour des égaremens d'un homme,qui a perdu imprudemment fon chemin, ne comprenant rien à cet enthoufiafme, qui lui faifoit quitter fon fujet de deffein forme, pour y revenir, quand il vouloit, comme en cet endroit, où après avoir parcouru les Enfers, & les champs Elifées, il revient aux louanges de Theron.

STROPHE XV.

Reprenons de nos chants, &c.] Cecy eft encore une imitation, parce que dans le texte, c'eft la continuation de la même figure, dont j'ai parlé fur la Strophe precedente.

STROPHE XVI. & derniere.

Il eft vrai que la noire envie. ] Le Scholiafte Grec dit que deux Coufins de Theron, après avoir reçu de lui plufieurs bienfaits devinrent jaloux de fa gloire, & de fa puiffance, & lui firent la guerre, qu'il acheva par leur défaite.

Se content par les grains de fable. ] Pindare,' emporté par fon enthoufiafme, fe fert ici d'une hyperbole demefurée, pour donner une plus vive idée des liberalitez immenfes de Theron.

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